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"Ce n’est pas tenable": la nièce de Christian doit parcourir de nombreux kilomètres pour déposer son enfant à la crèche, il propose une solution

En Wallonie, trouver une place en crèche reste un défi pour certaines familles. Des parents doivent parfois parcourir de nombreux kilomètres pour aller déposer leur enfant dans un milieu d’accueil. Christian, un habitant de Lessines qui a contacté notre rédaction, se demande si les entreprises pourraient à l’avenir apporter une solution à leurs employés en leur proposant des places en crèche. Un projet-pilote est actuellement à l’étude en Wallonie. 

Christian, ancien délégué commercial, a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous, pour aborder une situation compliquée vécue par certains parents. Ceux qui ne trouvent pas de crèches proches de leur domicile ou de leur lieu de travail.  

"Ma nièce, jeune maman, doit parcourir chaque jour près de 25 kilomètres pour déposer son fils dans une crèche. Son compagnon prend ensuite le relais pour le récupérer après le travail. Ce n’est pas tenable. Pourquoi ne pas imaginer des crèches dans les entreprises ?", s’interroge l'habitant de Lessines (en province de Hainaut).

Face à cette difficulté, Christian propose une idée: créer directement des crèches au sein des entreprises.

Des entreprises sponsorisent une partie des places disponibles dans des crèches

Si actuellement, les entreprises ne compte pas de crèches entièrement intégrées en Belgique, Valérie Lescrenier, la ministre wallonne de l’Enfance, explique que des projets ont fait leur apparition.

"Aujourd’hui, nous n’avons pas de crèches d’entreprise exclusives en Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais le modèle qui se développe est celui où les entreprises sponsorisent des places, qui restent accessibles à un public plus large", explique la ministre.

Le principe: une partie des places sont sponsorisées par des entreprises pour leur personnel, mais la majorité des places restent ouvertes pour tous les parents. 

Et de préciser: "Une crèche, qu’elle soit liée à une entreprise ou non, doit donc être autorisée par l’ONE et respecter un ensemble de normes. Aujourd’hui, nous voyons des entreprises qui sponsorisent une partie des places disponibles dans des milieux d’accueil. C’est le cas à Tournai, où j’ai visité une crèche portée par l’entreprise Technord, en collaboration avec d’autres acteurs locaux."

 

Face au manque de places de crèche, le gouvernement avait donc décidé de lancer en début d'année un projet-pilote avec l'ONE. Avec comme objectif d'inciter les entreprises à financer des places d'accueil pour les enfants de leurs employés.

En quoi consiste ce projet-pilote? Les micros, petites et moyennes entreprises qui financent une place en milieu d'accueil à hauteur de minimum 8.000 euros, déductibles, recevront une prime de 4.000 euros. En échange, la crèche donne la priorité à l'inscription à un enfant d'un employé, "pour une durée de 2 ans et 9 mois".

 

Le mécanisme vise les milieux d'accueil, volontaires, qui ne sont pas subventionnés ou n'ont que le subside de base, mais sont reconnus par l'ONE. Soit les plus touchés par "les fermetures ou pertes de place". (25% du total des crèches en Fédération Wallonie-Bruxelles sont des crèches non-subventionnées (ce que certains appellent privées)). "1700 places ont été perdues entre 2019 et mi-2024 pour la totalité des crèches subventionnées et non-subventionnées", précise Séverine Cirlande, la porte-parole du cabinet de la ministre Valérie Lescrenier.

C’est aussi un atout pour l’entreprise

La ministre wallonne de l'Enfance indique que, si ces idées voient le jour, c'est parce que "la demande vient des entreprises pour pouvoir amener une réponse positive à leur personnel, qui est parfois stressé de ne pas pouvoir trouver une place en crèche pour l’enfant à venir. C’est aussi un atout pour l’entreprise, car cela veut dire que ça permet de récupérer son collaborateur plus rapidement dans la structure."

Valérie Lescrenier tempère quelque peu en soulignant que le projet-pilote est un modèle qui doit être étudié avec le secteur privé. "Nous voulons renforcer le nombre de places mises sur le marché. On doit étudier le projet, le cadrer et le tester. Une fois que toutes les balises seront sur la table, l’idée est de le faire connaître auprès d’entreprises désireuses d’entrer dans la dynamique. On a des réunions de travail fixées début 2025. On va essayer d’avancer au plus vite pour apporter des réponses et solutions aux familles qui sont en attente de places pour garder leurs enfants."

Laurence Philippe, Legal Expert chez Partena Professional, indique de son côté qu'en Flandre, des initiatives similaires ont vu le jour, mais sans l’appui financier proposé par le projet-pilote en Wallonie.

Créer des crèches, par exemple dans des zonings industriels pourrait être une solution. Mais comme le souligne Laurence Philippe, cela nécessite un travail collectif: "Créer des places de crèches au sein d’une entreprise, c’est compliqué. Il faut souvent des entreprises d’une taille suffisamment grande. On peut imaginer un zoning industriel avec plusieurs entreprises, qui ensembles décident de mettre en place une crèche. Mais par rapport au transport, les gens ne choisissent pas toujours de mettre leur enfant proche de leur travail. Cela voudrait dire qu’un seul parent potentiellement pourrait conduire l’enfant et pas l’autre. Cela demande pas mal de réflexion. Il faut voir aussi par rapport à la population de travailleurs, le nombre de travailleurs qui ont des enfants qui ont l’âge d’aller en crèche", indique-t-elle. 

En Flandre, des projets ponctuels, situés à certains endroits, sont testés. "Ils essayent aussi de voir comment pouvoir créer des places en crèche avec l’aide des entreprises. Du côté flamand, notamment avec le Voka (réseau d’entreprises flamand), il y a aussi un projet-pilote, mais il n’y a pas de subside à la clé comme en Wallonie."

L’objectif en Wallonie reste donc de créer 5.000 nouvelles places en crèche d’ici la fin de cette législature. 

"On doit examiner toutes les possibilités possibles d’offrir ces nouvelles places. Des crèches, soit en partenariat avec le secteur public, le secteur privé, l’économie sociale, les ASBL… On peut aller activer tous les leviers", conclut la ministre Valérie Lescrenier.

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