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Depuis plusieurs semaines, Sabrine (prénom d’emprunt) et ses trois enfants handicapés sont confrontés à une situation critique. Des travaux dans leur rue les empêchent de sortir de chez eux. Jérémy, l’un des fils, ne peut plus se rendre à l'école…
Jérémy, 20 ans, est élève dans une école secondaire spécialisée. "C’est un jeune infirme moteur cérébral", explique Christian Watterman, directeur de l’établissement La Cime, via le bouton orange Alertez-nous. "Il a de grosses difficultés à tenir debout et se déplace en voiturette manuelle".
Ce jeune homme bénéficie normalement d’un service de ramassage scolaire. Mais depuis le début des travaux dans sa rue, début novembre, le bus ne peut plus venir jusqu’à sa porte.
Désormais, Jérémy doit rejoindre le bus en parcourant 200 mètres à travers un chemin boueux. Un défi impossible pour sa mère, Sabrine, veuve de 53 ans, qui élève seule ses trois enfants handicapés.
"Pousser la voiturette dans la boue, c’est trop lourd pour elle", témoigne M. Watterman. "Elle n’a pas la force nécessaire". Résultat: le jeune homme ne peut plus se rendre à l’école depuis trois semaines.
"Cette année devait permettre à Jérémy de terminer sa formation et de se préparer à trouver un emploi", déplore le directeur de l’école. "S’il ne vient pas en cours, il ne pourra pas valider son année".
S’il ne vient pas en cours, il ne pourra pas valider son année
Par ailleurs, Jérémy ne peut plus suivre correctement ses séances de kinésithérapie. "D’habitude, il y va trois fois par semaine, mais maintenant, il ne peut plus sortir. Le kiné passe à domicile, mais ce n’est pas suffisant".
Toute la famille impactée
Jérémy n’est pas le seul de la famille à rencontrer des difficultés. Si son frère jumeau, atteint d’un handicap plus léger, peut encore se rendre en classe, sa sœur, elle, ne peut plus non plus accéder à son bus, celui-ci étant stationné de l’autre côté des travaux.
Atteinte d’un handicap mental, la jeune fille marche, mais a besoin de l’aide de sa mère. "Lorsque le conducteur de bus m’appelle, je dois l’accompagner et laisser son frère seul à la maison", confie Sabrine.
Je n’en peux plus
Pour Sabrine, le quotidien est devenu un véritable calvaire. "Depuis le 4 novembre, mon fils est bloqué à la maison. Ils ont creusé sur la chaussée et on ne peut plus sortir avec la chaise roulante", confie-t-elle.
Si la commune a installé des barres de fer et une planche pour faciliter leur sortie immédiate, cela ne résout rien. "Ça me permet de sortir devant chez moi, mais je ne peux pas aller plus loin. La voiture est garée trop loin, je n’y ai plus accès".
Malgré l’aide occasionnelle des ouvriers travaillant sur le chantier, Sabrine reste dans une impasse. "Ils m’ont proposé de porter Jérémy le matin, mais ils ne sont plus là quand il revient l’après-midi. Je ne peux pas appeler quelqu’un pour m’aider tous les jours".
Ça me ronge
Elle dénonce également la saleté causée par la boue: "Ses roues sont pleines de terre, il ne peut plus avancer. Ça me stresse, ça me ronge. Je ne peux pas continuer comme ça".
Un appel à l’aide urgent
Selon Christian Watterman, directeur de l’école dans laquelle Jérémy suit les cours, la commune n’a pas pris les mesures nécessaires pour répondre aux besoins des personnes à mobilité réduite.
"Ce sont des travaux majeurs, annoncés pour durer plus de six mois. Ils auraient dû prévoir un passage adapté", dit-il. En attendant une réponse des autorités, l’école pense à organiser des cours à distance pour Jérémy.
Sabrine, quant à elle, appelle à une action rapide: "Il faut trouver une solution. On ne peut pas rester bloqués comme ça".