Accueil Actu Monde International

Trois ans de guerre en Ukraine: "Nous avons besoin de la paix par la force", déclare De Wever aux dirigeants rassemblés à Kiev

C'était il y a trois ans, jour pour jour, le 24 février 2022, la Russie envahissait l'Ukraine et déclenchait une guerre qui est toujours en cours. Aujourd'hui, malgré le changement d'attitude des Etats-Unis, plusieurs pays, dont la Belgique, ont tenu à réaffirmer leur soutien à Kiev et surtout aux Ukrainiens. 

Une alerte aérienne a été déclenchée sur l'ensemble de l'Ukraine alors que 13 dirigeants occidentaux sont présents à Kiev lundi, jour du troisième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. 

"Danger de missiles sur tout le territoire de l'Ukraine!", a écrit sur Telegram l'armée de l'air ukrainienne, évoquant le décollage d'un avion russe Mig-31, transporteurs de missiles.

Cette alerte intervient alors que 13 dirigeants occidentaux sont arrivés à Kiev, ce lundi, pour un sommet destiné à réaffirmer leur engagement en faveur de l'Ukraine, trois ans après le début de l'invasion russe et alors que le revirement des États-Unis a changé la donne du conflit. 

Parmi les dirigeants, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants de pays baltes, scandinaves ou de l'Espagne.

Confrontés à la menace russe et au revirement américain, les Européens, affaiblis, tentent de se mobiliser. Reçu lundi par Donald Trump à Washington, le président français Emmanuel Macron doit lui présenter des "propositions d'action" pour conjurer la "menace russe" en Europe et garantir une "paix durable" qui ne vire pas au diktat pour Kiev.

Un sommet européen spécial aura lieu par ailleurs le 6 mars tandis qu'un seizième train de sanctions contre la Russie a été annoncé lundi par Bruxelles. "Dans cette lutte pour la survie, ce n'est pas seulement le destin de l'Ukraine qui est en jeu. C'est le destin de l'Europe", a dit Mme von der Leyen.

L'appel de Zelensky

Ce lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à une "paix réelle et durable" en 2025, lors du sommet organisé à Kiev. "Cette année devrait être l'année du début d'une paix réelle et durable", a déclaré Volodymyr Zelensky. 

Il a aussi appelé à l'échange de tous les prisonniers de guerre avec la Russie avant de commencer un dialogue visant à mettre fin à la guerre. "La fin de la guerre doit commencer par des mesures qui rétablissent la confiance (...) Une telle mesure pourrait être la libération des prisonniers, des milliers de personnes détenues en Russie", a-t-il déclaré. "La Russie doit relâcher les Ukrainiens. L'Ukraine est prête à échanger tous pour tous, et c'est une façon juste de commencer", a estimé M. Zelensky.

Les réclamations russes

Dans le même temps, le chef de la diplomatie russe a déclaré que la Russie ne cessera les combats en Ukraine que lorsqu'elle aura obtenu ce qu'elle veut des négociations sur la fin du conflit que les présidents russe et américain veulent lancer.

"Nous ne cesserons les hostilités que lorsque ces négociations aboutiront à un résultat ferme et durable qui conviendra à la Fédération de Russie", a déclaré Sergueï Lavrov devant la presse, lors d'un déplacement à Ankara en Turquie.    

Moscou réclame de facto une reddition de l'armée ukrainienne, que Kiev lui cède cinq régions entièrement ou partiellement occupées, son renoncement à rejoindre l'Otan et la mise en place de nouvelles autorités.

De son côté, l'Union européenne a imposé, ce lundi, un 16e train de sanctions contre la Russie. Elles ciblent notamment 73 nouveaux pétroliers "fantômes", utilisés par la Russie pour contourner les sanctions déjà existantes destinées à limiter les exportations de pétrole russe. Elles comprennent également une interdiction d'importer de l'aluminium russe dans l'UE. L'Union versera également un prêt de 3,5 milliards d'euros à l'Ukraine dès ce mois de mars, et non plus tard dans l'année.

De Wever en appelle à Reagan

Le Premier ministre Bart De Wever en a appelé lundi au président américain Ronald Reagan dans un message de soutien à l'Ukraine, trois ans après le début de l'invasion russe à grande échelle : "Nous devons avoir le courage de dire à nos ennemis : il y a un prix que nous ne paierons pas. Nous avons besoin de la paix par la force", a dit M. De Wever dans une brève allocution diffusée alors que les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, et quelques chefs de gouvernement de l'UE, se réunissaient à Kiev en compagnie des dirigeants ukrainiens.

Face au retour à la Maison-Blanche du républicain Donald Trump, qui fait vaciller le soutien occidental à l'Ukraine, le nouveau Premier ministre belge a invoqué une figure historique du camp conservateur aux États-Unis et le discours "Time for Choosing" qui lança sa carrière politique nationale en 1964.

"Un monde dans lequel les frontières peuvent être redessinées de force sera moins sûr, moins prospère et moins juste. Nous avons eu amplement l'occasion de méditer cette leçon dans le passé", a-t-il ajouté.

"La Belgique ne peut accepter les décisions sur l'avenir de l'Ukraine si la sécurité et la stabilité du continent européen sont déterminées sans impliquer l'Ukraine et ses alliés européens", a-t-il encore averti.

Le Premier ministre a assuré l'Ukraine qu'elle pourrait continuer à compter sur l'assistance belge, sans toutefois annoncer de nouveautés par rapport aux engagements pris sous la législature passée. Il a évoqué le soutien à l'intégration euro-atlantique du pays, le programme de reconstruction civile de quatre ans lancé l'an dernier et l'accord de Défense conclu en mai, durant une visite du président Volodymyr Zelensky à Bruxelles.

Cet accord prévoit la fourniture de trente F-16 destinés à être retirés du service d'ici 2028. La livraison des premiers appareils n'aura lieu qu'à la fin de l'année, alors que le gouvernement précédent avait évoqué la fin de l'année passée "si possible". Un délai qui s'explique notamment par l'échéance de livraison des premiers F-35 à la Belgique.

Les remplaçants du F-16 ne feront leur apparition en Belgique qu'après l'été. Un média ukrainien a évoqué dimanche une décision du président Trump de geler la livraison des appareils acquis par la Belgique pour faire pression sur le président ukrainien. "Fake news", a-t-on répondu au cabinet du ministre belge de la Défense.

L'ambassadrice belge auprès de l'OTAN s'exprime

"Trois jours sont devenus trois ans", souligne l'ambassadrice belge auprès de l'Otan, Ariadne Petridis, dans un message vidéo enregistré en ukrainien, sur X, à l'occasion des trois ans de guerre. Elle y fait référence au fait que Vladimir Poutine pensait pouvoir prendre le contrôle de l'Ukraine en trois jours seulement.

"Pour les Ukrainiens, chaque jour est un nouveau 24 février. Et tout ça pour quoi? Parce que Poutine ne comprend pas que les Ukrainiens ne sont pas des Russes? Parce que Poutine ne comprend pas que les Ukrainiens ne veulent pas s'agenouiller devant le tsar?", souligne l'ambassadrice.

Ariadne Petridis insiste sur le fait que l'Ukraine tient toujours, "tout comme sa gloire et sa liberté".

La vidéo se termine par le message "Belgium Stands with Ukraine" ("La Belgique se tient aux côtés de l'Ukraine").

En trois ans de conflit, le montant de l'aide belge à l'Ukraine, tant sur le plan militaire que civil, s'élèvre à 2,2 milliards d'euros.

 

À la une

Les plus lus