Accueil Actu Monde International

Le Hamas reconnait que le corps de l'otage israélienne Shiri Bibas a pu être "mélangé par erreur"

Israël accuse le Hamas d'avoir tué les enfants Bibas retenus en captivité et d'avoir substitué le corps de leur mère. Cela intervient alors que le Hamas a remis quatre dépouilles d'otages, dont celles présumées des enfants Bibas, dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu. 

Israël a accusé vendredi le mouvement islamiste palestinien Hamas d'avoir tué les enfants Ariel et Kfir Bibas pendant leur captivité à Gaza, et de lui avoir remis le corps d'une personne inconnue à la place de celui de leur mère Shiri Bibas.

"Selon l'évaluation des autorités compétentes et sur la base des renseignements disponibles et des indicateurs de diagnostic, Ariel et Kfir Bibas ont été brutalement tués en captivité en novembre 2023 par des terroristes palestiniens", a affirmé sur Telegram le porte-parole de l'armée israélienne Avichay Adraee.

Le Hamas a toujours affirmé qu'Ariel et Kfir Bibas, âgés respectivement de quatre ans et huit mois et demi lors de leur enlèvement en Israël, avaient été tués dans des bombardements israéliens sur Gaza.

De plus, l'un des quatre corps remis par le Hamas n'est pas celui de Shiri Bibas "ni celui d'aucun otage israélien. Il s'agit d'un corps non identifié", a ajouté le porte-parole militaire, dénonçant "une violation flagrante" de l'accord de cessez-le-feu par le Hamas.

"Nous demandons au Hamas de rendre Shiri Bibas ainsi que toutes les personnes enlevées", a-t-il exigé.

Probable que le corps ait été mélangé

Un responsable du Hamas a indiqué vendredi que le corps de l'otage censé être celui de Shiri Bibas rendu la veille à Israël pourrait avoir été "mélangé par erreur avec d'autres sous les décombres" dans la bande de Gaza.

"Il est probable que le corps de Mme Bibas ait été mélangé par erreur avec d'autres sous les décombres", a déclaré ce responsable qui n'a pas souhaité être nommé, ajoutant que le mouvement islamiste palestinien enquêtait sur ces faits. 

Le Hamas a restitué jeudi quatre corps d'otages enlevés lors de son attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre contre le mouvement islamiste palestinien. Un cessez-le-feu conclu via la médiation du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis est entrée en vigueur le 19 janvier dans la bande de Gaza.

Symbole de l'effroi

L'enlèvement de Shiri Bibas, 34 ans, et de ses deux garçonnets Ariel et Kfir alors âgés respectivement de quatre ans et huit mois et demi devant leur maison à la lisière de la bande de Gaza, avaient fait le tour du monde. Ils sont devenus le symbole de l'effroi qui a saisi Israël ce jour-là.

Le responsable du Hamas a déclaré que le mouvement avait informé les médiateurs en novembre 2023 qu'il était prêt à remettre les corps des trois membres de la famille Bibas.

"Les médiateurs ont été informés à l'époque et cela a également été annoncé dans une déclaration quand la famille Bibas a été tuée avec ses ravisseurs lors d'une frappe aérienne israélienne", a affirmé le responsable. 

"Le Hamas avait proposé de remettre les corps en novembre 2023, mais (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu avait refusé à l'époque".

La dépouille du quatrième otage restitué jeudi est celle d'un octogénaire israélien.

Ces dépouilles ont été restituées dans le cadre de la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, et qui a déjà permis la libération de 19 otages israéliens contre plus de 1.100 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

Mise en scène

A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des combattants armés ont exposé jeudi matin sur un podium quatre cercueils noirs portant chacun la photo d'un des otages. Au-dessus, un poster où Benjamin Netanyahu apparaissait le visage maculé de sang, flanqué de dents de vampire.

Cette mise en scène a été critiquée aussi bien en Israël qu'à l'étranger. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que le pays était "fou de rage", l'ONU l'a qualifiée d'"abjecte et cruelle" et Berlin a dénoncé des "images à peine supportables".

Contrairement aux libérations d'otages précédentes marquées par la joie, cette fois-ci l'effroi a dominé en Israël.

Avant qu'Israël n'accuse le Hamas de lui avoir remis un corps non-identifié à la place de celui de Mme Bibas, des milliers de personnes se sont figées sur la place des otages à Tel-Aviv, tête baissée, regard grave, mains enlacées ou serrant des affiches, observant une minute de silence lors d'une veillée aux chandelles en hommage aux otages morts.

"C'est l'un des jours les plus difficiles depuis le 7-Octobre", confie à l'AFP Tania Coen Uzzielli, 59 ans. "Nous espérions qu'ils reviendraient tous vivants", admet un peu plus loin Alon David.

C'est la première fois que le Hamas remet des corps d'otages depuis son attaque du 7-Octobre. L'armée israélienne a par ailleurs retrouvé plusieurs corps d'otages au cours de ses opérations dans Gaza.

Nouvel échange samedi

Samedi, le Hamas doit libérer six otages vivants contre des prisonniers palestiniens.

L'accord prévoit, d'ici la fin de sa première phase le 1er mars, la remise à Israël d'un total de 33 otages, dont huit morts, en échange de celle de 1.900 Palestiniens détenus par Israël.

Mercredi, le Hamas s'est dit prêt à libérer "en une seule fois", et non plus en étapes successives, tous les otages encore retenus à Gaza lors de la deuxième phase.

Les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées, le Hamas et Israël s'accusant mutuellement de violations de l'accord.

La troisième et dernière phase doit en principe porter sur la reconstruction de la bande de Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.211 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.

L'offensive israélienne lancée en représailles a fait au moins 48.319 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire assiégé

À la une

Les plus lus