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La "victoire" d'Israël sera aussi celle des Etats-Unis, a déclaré mercredi Benjamin Netanyahu devant un Congrès américain divisé, le Premier ministre israélien appelant les deux pays à "rester unis" après plus de neuf mois de guerre dans la bande de Gaza.
"Pour que les forces de la civilisation triomphent, l'Amérique et Israël doivent rester unis", a-t-il lancé depuis l'hémicycle de la Chambre des représentants, sous les applaudissements nourris d'élus républicains.
"Au Moyen-Orient, l'axe de la terreur de l'Iran défie les Etats-Unis, Israël et nos amis arabes. Il ne s'agit pas d'un choc de civilisations, mais d'un choc entre la barbarie et la civilisation", a ajouté M. Netanyahu qui s'est livré à une vibrante défense de l'armée israélienne.
Il a exhorté les Etats-Unis à débloquer une nouvelle aide militaire pour Israël, a évoqué un Gaza démilitarisé et "déradicalisé" après la guerre et s'est dit "confiant" quant à l'issue des négociations pour faire libérer les otages détenus par le Hamas.
"Je suis convaincu que ces efforts peuvent être couronnés de succès", a déclaré le dirigeant remerciant le président Joe Biden "pour ses efforts inlassables" en faveur des otages. Dans l'assemblée pour écouter le leader israélien se trouvait notamment Noa Argamani, ex-otage de 26 ans.
La "victoire" d'Israël sera aussi une victoire pour les Etats-Unis, a assuré le Premier ministre israélien. "Nous ne nous protégeons pas seulement nous-mêmes. Nous vous protégeons... Nos ennemis sont vos ennemis, notre combat est votre combat, et notre victoire sera votre victoire". C'est la quatrième fois - un record pour un dirigeant étranger - que M. Netanyahu s'adresse ainsi au Congrès, un honneur généralement réservé aux dirigeants en visite d'Etat.
Jeudi, il rencontrera le président Biden, avec lequel il entretient des relations compliquées, pour discuter de "la situation à Gaza", "des progrès réalisés en vue d'un cessez-le-feu" et "d'un accord sur la libération des otages", selon la Maison Blanche.
Kamala Harris, qui n'a pas assisté à son discours en raison d'un voyage déjà programmé, s'entretiendra séparément avec le dirigeant israélien jeudi. En réponse à cette absence, un porte-parole du gouvernement israélien a estimé que le discours était "plus important que n'importe quel individu". M. Netanyahu se rendra ensuite vendredi à la résidence Mar-a-Lago en Floride, à l'invitation de Donald Trump, les deux hommes disant s'entendre à merveille.
Des milliers de manifestants
La visite du Premier ministre israélien, arrivé lundi à Washington, provoque cependant des remous en pleine effervescence politique aux Etats-Unis avec le retrait de Joe Biden de la course à la Maison Blanche.
De nombreux élus démocrates sont vent debout contre le dirigeant de droite israélien, condamnant sa conduite de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza qui s'est traduite par des milliers de morts palestiniens et une catastrophe humanitaire. Plusieurs d'entre eux ont boycotté le discours au Congrès dont la très influente Nancy Pelosi.
Sur X, le sénateur de gauche Bernie Sanders a estimé que "Netanyahu n'est pas le bienvenu".
Des milliers de manifestants se sont rassemblés autour du Congrès pour protester contre le discours de Benjamin Netanyahu et pour demander un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Dans la foule, des pancartes exhortant les Etats-Unis à "cesser l'aide américaine à Israël" et qualifiant Netanyahu de "criminel de guerre". Les Etats-Unis sont le premier allié et principal soutien militaire d'Israël.
Mais l'administration Biden s'est agacée ces derniers mois des conséquences de la riposte israélienne à l'attaque menée le 7 octobre sur son sol par le Hamas, insistant sur la protection des civils et l'entrée de l'aide humanitaire. Washington est allé jusqu'à suspendre la livraison de certains types de bombes - sans pour autant cesser son soutien -, provoquant la colère du gouvernement israélien.
Fossé sur l'après-guerre
M. Netanyahu a profité de la tribune du Congrès pour défendre son objectif d'éliminer le Hamas et insister sur la menace que représente l'Iran. Pour l'heure, la priorité du président américain est plutôt de presser M. Netanyahu à conclure un accord de cessez-le-feu avec le Hamas, au moment où certains le soupçonnent de traîner des pieds sous la pression des membres d'extrême droite de son gouvernement.
Il s'agit aussi pour Washington de préparer l'après-guerre. Et là, le fossé entre les deux gouvernements est béant, notamment sur la perspective de créer un Etat palestinien.