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De fortes explosions ont été entendues à Beyrouth vendredi, l'agence de presse officielle libanaise indiquant qu'une série de frappes israéliennes avaient visé la banlieue sud de la capitale, fief du Hezbollah. Ce samedi matin, le Hezbollah annonce avoir bombardé le nord d'Israël après les frappes sur son fief près de Beyrouth.
De violentes frappes aériennes ont visé vendredi le bastion du Hezbollah dans la banlieue sud du Beyrouth, ciblant selon des télévisions israéliennes le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui est indemne selon une source proche de la formation pro-iranienne.
Six immeubles ont été totalement détruits par ces frappes, les plus violentes depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, selon une source proche du mouvement. Une montre une énorme explosion et d'épaisses colonnes de fumée s'élevant au-dessus des immeubles situés dans la banlieue sud.
Deux personnes ont été tuées et 76 ont été blessées a annoncé le ministère de la Santé libanais. Le ministère a précisé qu'il s'agissait d'un premier bilan et que les secouristes étaient à la recherche d'éventuels survivants sous les décombres. Six immeubles ont été totalement détruits par ces frappes, selon une source proche du Hezbollah.
Israël a déclaré avoir mené une "frappe précise" sur le "quartier général" du Hezbollah et selon plusieurs télévisions israéliennes, le chef du Hezbollah était la cible de la frappe.
Hassan Nasrallah "va bien" a assuré une source proche du mouvement sous couvert de l'anonymat.
Un photographe a rapporté des scènes de panique, des habitants fuyant le secteur dans la précipitation. Les explosions ont provoqué d'énormes cratères dans plusieurs endroits, selon la chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar. Les sirènes des ambulances étaient audibles dans le centre de Beyrouth.
Ces violentes frappes se sont déroulées après le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York, dans lequel il a promis de continuer à frapper le Hezbollah au Liban.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a pour sa part accusé Israël de "faire fi des appels internationaux au cessez-le-feu" et de mener une "guerre génocidaire" au Liban.
Washington, allié inconditionnel d'Israël, a affirmé ne pas avoir été mis au courant. "Non, les Etats-Unis n'ont pas reçu d'avertissement avant qu'Israël lance son opération", a déclaré un responsable américain sous couvert de l'anonymat.
Depuis une semaine, l'armée israélienne multiplie les frappes sur le Liban, particulièrement sur la banlieue sud de Beyrouth, et a éliminé de hauts commandants du mouvement armé pro-iranien, dont Ibrahim Aqil, commandant de l'unité d'élite Al-Radwan, tué dans une frappe vendredi dernier.
Jeudi, Mohammed Srour, chef de l'unité des drones du Hezbollah, a été tué dans une frappe, toujours dans la banlieue sud de Beyrouth.
Quelques instants après la fin du discours de Benjamin Netanyahu, l'armée israélienne a annoncé de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, puis une "frappe précise" sur le "quartier général" du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.
"Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n'a pas d'autre choix", a affirmé M. Netanyahu, au cinquième jour de meurtrières frappes aériennes menées par son armée contre le mouvement armé libanais, qui a lui tiré à nouveau des roquettes vers le territoire israélien.
Ces opérations se poursuivront "jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints", a-t-il ajouté devant l'Assemblée générale de l'ONU, dans un discours boycotté par plusieurs délégations, douchant les espoirs d'une trêve temporaire de 21 jours proposée mercredi par la France et les Etats-Unis rejoints par de nombreux pays occidentaux et arabes.
Depuis lundi, les massifs bombardements israéliens visant à affaiblir le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du mouvement islamiste palestinien Hamas, ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils selon le ministère libanais de la Santé.
Le Liban connaît sa période la plus meurtrière en "une génération", a averti vendredi l'ONU.
Une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah sera "aussi courte" que possible, a assuré vendredi un responsable israélien de la sécurité, alors que le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre.
"Cela n'a pas de sens que des soldats aillent mourir là-dedans. C'est insensé", a réagi Ohad Weber, 36 ans, un habitant de Tel-Aviv, à l'issue du discours du Premier ministre.
Rythme effrayant
A la mi-journée, l'armée israélienne avait fait état de "dizaines de frappes" contre le Hezbollah, dont les roquettes visent presque quotidiennement le nord d'Israël depuis l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Le mouvement libanais a juré de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".
Plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban en près d'un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et la formation islamiste libanaise en 2006.
L'Unicef s'est alarmée du "rythme effrayant" auquel les enfants sont tués, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage, qui privent "30.000 personnes d'accès à l'eau potable" dans l'est et le sud du Liban.
Tous des déplacés
Le Hezbollah a lui revendiqué vendredi des tirs contre Israël sur le secteur de Kyriat Ata, dans la baie d'Haïfa, qui abrite de nombreuses industries, notamment de défense, et sur la ville de Tibériade, à une trentaine de kilomètres au sud de la frontière.
L'armée israélienne a également indiqué avoir intercepté quatre drones tirés depuis le Liban vers la zone frontalière de Rosh Hanikra et riposté à un tir de roquettes vers Haïfa, le grand port du nord d'Israël.
Cinq militaires syriens ont par ailleurs été tués dans une frappe israélienne près de la frontière avec le Liban, selon l'agence officielle Sana.
Les bombardements israéliens ont jeté 118.000 personnes cette semaine sur les routes au Liban, selon l'ONU.
A Baakline, au sud-est de Beyrouth, Hala Zeidan accueille depuis lundi des déplacés du sud du Liban, deux soeurs et le petit garçon de l'une d'elles, âgé de 10 ans. "C'est notre pays et (...) nous pourrions tous devenir des déplacés. Nous devons faire preuve de compassion", explique cette enseignante de 61 ans.
Guerre dévastatrice
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a mis en garde jeudi contre une "guerre totale" qui "serait dévastatrice pour Israël et le Liban", estimant qu'un cessez-le-feu pourrait aussi permettre de conclure un accord de trêve à Gaza.
Israël, qui a déplacé le centre de gravité de la guerre de la bande de Gaza, au sud, vers la frontière avec le Liban, au nord, affirme opérer contre le Hezbollah pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants qui ont fui les tirs de roquettes du Hezbollah.
Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an.
L'armée israélienne a par ailleurs annoncé avoir intercepté un missile tiré dans la nuit depuis le Yémen. Les rebelles houthis, eux aussi soutenus par l'Iran, ont revendiqué une attaque de missile et de drone en Israël.
A Gaza, "nous nous battrons jusqu'à obtenir une victoire, une victoire totale" si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas tous les otages, a aussi martelé M. Netanyahu à la tribune de l'ONU.
Israël y poursuit son offensive, lancée le 7 octobre 2023 en riposte à l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son offensive à Gaza a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.