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Propos polémiques de François Bayrou sur l'immigration: le Premier ministre risque-t-il d'être renversé?

Revenons ce vendredi sur les propos de François Bayrou sur l'immigration qui ont fait l'actualité politique cette semaine en France. Selon un sondage publié par le Figaro, 69% des Français sont d'accord avec l'expression "sentiment de submersion". Malgré les menaces socialistes, on imagine mal désormais que le Premier ministre soit renversé sur cette polémique. 

Les propos de François Bayrou diffusés sur LCI lundi et répétés à l'Assemblée nationale mardi ont déclenché un tollé dans les partis de gauche. Près de 7 sondés sur 10, soit 69%, se disent d'accord avec la formule du Premier ministre. De même, 68% des interrogés considèrent que le parti socialiste a eu tort de polémiquer sur le sujet, au point de mettre sur la sellette le vote du budget et donc la survie du gouvernement. 

Revenons sur la phrase initiale: "Un certain nombre de villes ou de régions ont le sentiment d'une submersion. Je pense que les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu'ils ne dépassent pas une proportion". Le mot-clé, ce n'est pas "submersion" mais "sentiment", c'est-à-dire un ressenti, une impression. 

Si l'on s'en tient aux chiffres officiels, la France n'est pas submergée par l'immigration. D'après l'Institut national de la statistique, il y avait en 2023 10,7% d'immigrés en France. Si l'on rajoute les natifs de la seconde génération, on arrive, selon les calculs, à un chiffre de l'ordre de 18-19%. En trois générations, les immigrés sont généralement assimilés, notamment grâce au droit du sol, qui fait que tout enfant né en France peut devenir français à 18 ans. C'est ce droit du sol que la droite souhaiterait abolir, du moins dans certaines régions comme l'île de Mayotte ou la Guyane. Et il est vrai que dans ces départements d'outre-mer, l'immigration venue d'Afrique ou d'Amérique latine pose des problèmes spécifiques. Les bidonvilles de Mayotte, dévastés par le cyclone Chido, en sont les témoins. Le Premier ministre envisage effectivement de faire voter une loi pour modifier la constitution dans les départements outre-mer, mais pas d'organiser un référendum national, comme le souhaiteraient les partisans de Marine Le Pen. 

Le sujet est trop polémique, et surtout aujourd'hui, la vraie priorité, c'est le budget. Et là, les socialistes ont une grosse responsabilité. Ils ont repris les négociations, mais la commission paritaire Sénat-Assemblée qui négocie n'est pas parvenue jeudi à un accord. Elle reprendra ses travaux ce vendredi.  

Au vu des sondages, les Français ne pardonneraient pas un nouvel échec. Et, en France, quand les politiques échouent, ça se termine le plus souvent dans la rue. Le pire des scénarios, sur un thème qui ne devrait pas faire polémique, l'immigration, dont sont issus dans l'histoire de France de modestes talents comme Émile Zola, Marie Curie, Rudolf Noureev, Michel Platini, Jamel Debbouze, Christine Ockrent et tant d'autres. 

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