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Elio Di Rupo dénonce les propos "ahurissants" de François Bayrou sur l'euthanasie. Le Premier ministre français a, en effet, déclaré que "la Belgique aide à mourir des adolescents simplement parce qu'ils étaient mal dans leur peau."
Le député européen Elio Di Rupo (PS) a dénoncé mardi les propos "ahurissants et déconnectés de la réalité" du Premier ministre français François Bayrou sur l'euthanasie.
Lors d'une longue interview accordée à la chaîne LCI lundi soir, François Bayrou a abordé le sujet de la fin de vie. Une loi est en préparation en France pour permettre d'introduire une "aide à mourir" dans l'Hexagone, mais la décision de scinder la loi en deux - d'un côté les soins palliatifs, de l'autre l'euthanasie - fait craindre un affaiblissement du texte.
On a apporté cette aide à mourir à des adolescents simplement parce qu'ils étaient mal dans leur peau
Sur le plateau de LCI, le journaliste a cité l'exemple de la Belgique, qui a dépénalisé l'euthanasie en 2002. Le droit belge autorise et encadre depuis 2014 l'euthanasie des mineurs dans une situation médicale sans issue. L'exemple suisse a également été évoqué, puisque le pays admet le suicide assisté. François Bayrou a affirmé en direct : "Vous parliez de la Belgique. On a apporté cette aide à mourir à des adolescents simplement parce qu'ils étaient mal dans leur peau."
"Ceux qui disent 'c'est mon droit de choisir de mourir', ils ont le droit de le dire. Ceux qui disent 'attention, je vois là des risques', ils ont le droit de le penser", a-t-il poursuivi.
Elio Di Rupo dénonce des propos "ahurissants"
"Les propos tenus hier soir par François Bayrou sur l'euthanasie en Belgique sont ahurissants et déconnectés de la réalité", a rétorqué Elio Di Rupo, qui est membre de la commission des libertés civiles (LIBE) du Parlement européen. Selon lui, les affirmations de M. Bayrou sont "une contre-vérité choquante et méprisante pour les soignants qui appliquent cette loi avec rigueur et humanité."
L'ancien Premier ministre belge rappelle que l'euthanasie des mineurs en Belgique est encadrée de manière stricte. "Elle ne concerne que les cas de souffrances physiques constantes et insupportables, liées à une maladie grave et incurable, avec un décès attendu à brève échéance", explique-t-il. De plus, le mineur doit être capable de discernement. Cette capacité doit être évaluée par un pédopsychiatre ou un psychologue, et le consentement des parents est nécessaire.
"La Belgique a fait le choix du progrès avec une loi juste et responsable. Mais face à la montée des conservatismes et aux discours déformants, le combat pour garantir à chacun le droit de mettre fin à ses souffrances sans issue dans la dignité reste plus que jamais essentiel", souligne le socialiste.