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Pour la première fois, un joueur de l'équipe de France prend position contre le RN: la fédération demande d'"éviter toute pression politique"

Marcus Thuram n'a pas mâché ses mots en conférence de presse. Il a été le premier joueur de l'équipe de France de football à afficher sa position quant à la situation politique du pays à quelques jours des élections législatives. Voici ce qu'il a déclaré.

"Il faut se battre pour que le RN ne passe pas." Marcus Thuram a été le premier joueur de l'équipe de France à prendre clairement position ce samedi contre le Rassemblement National dans la perspective des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.

Jusqu'ici, tous les Bleus interrogés sur la situation politique en France et la forte poussée du parti d'extrême droite, vainqueur des Européennes le 9 juin avec 31,4% des suffrages exprimés, s'étaient contentés d'appeler au vote, sans se mouiller davantage. D'Olivier Giroud à Ousmane Dembélé en passant par Benjamin Pavard, les troupes de Didier Deschamps avaient demandé aux Français d'accomplir leur devoir citoyen, sans plus.

Mais le fils de Lilian Thuram, champion du monde 1998 connu pour son engagement antiraciste, est allé beaucoup plus loin, n'hésitant pas à briser la neutralité affichée par ses coéquipiers. L'attaquant de l'Inter Milan (26 ans), présent en conférence de presse à Paderborn (Rhénanie du Nord-Westphalie) à deux jours de l'entrée en lice des vice-champions du monde à l'Euro-2024 contre l'Autriche, ne s'est pas dérobé et a répondu de manière limpide et sans circonvolutions aux questions sur l'échéance électorale à venir.

"Je pense que la situation est triste, très grave, a-t-il déclaré devant les médias. J'ai appris ça (la victoire du RN aux Européennes, ndlr) après le match contre le Canada (dimanche, ndlr). On était un peu tous choqués dans le vestiaire. Il faut dire à tout le monde d'aller voter, se battre au quotidien pour que le RN ne passe pas."

Thuram n'a ensuite pas hésité à tacler gentiment ses coéquipiers. "Ce n'est pas assez de dire qu'il faut aller voter, il faut expliquer comment on en est arrivés là", a-t-il lâché, pointant le rôle des médias: "Je ne vais pas citer d'émission en particulier, mais quand j'allume ma télé, je me dis que c'est fait pour que la montée du RN arrive."

"Éviter toute forme d'utilisation politique"

L'attaquant a ensuite quelque peu nuancé son propos, indiquant n'avoir "aucun doute sur le fait que tout le monde pense comme (lui) en équipe de France".

"Je ne suis pas là pour forcer quelqu'un à dire quelque chose même s'il le pense. Grâce à mon père, je maîtrise assez cette situation pour pouvoir en parler. Je ne pense pas que ce soit très compliqué de s'exprimer là-dessus, ça vient de mon éducation, je sais que plein de gens me suivent sur les réseaux, je suis obligé de faire passer certains messages. En grandissant avec mon père, je me sens responsable de tenir ce genre de message", a-t-il noté.

Quelques heures après la sortie de Thuram, la Fédération française de football a demandé à "éviter toute forme de pression et utilisation politique de l'équipe de France". Se disant "très attachée à la liberté d'expression", la FFF a expliqué dans un communiqué qu'elle "s'associe au nécessaire appel à aller voter" mais "souhaite que soit comprise et respectée par tous sa neutralité (...) ainsi que celle de la sélection."

L'instance avait auparavant précisé qu'elle avait facilité l'obtention de procurations pour les Bleus souhaitant voter. Dimanche, des responsables du consulat de France à Düsseldorf doivent se rendre auprès des joueurs pour valider les documents. Selon une source à la FFF, près de 80% du groupe serait concerné.

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