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Le procès des viols de Mazan devra se passer de Dominique Pelicot jusqu'à lundi au moins

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Benoit PEYRUCQ

L'état de santé de Dominique Pelicot, principal accusé au procès des viols de Mazan, s'est "aggravé" et il ne pourra comparaître "au mieux" que lundi, a annoncé mercredi le président de la cour criminelle du Vaucluse.

"Il est dans l’incapacité de comparaître jeudi et vendredi. Je pense qu’il sera hospitalisé, ou pris en charge sur place (à la maison d'arrêt, NDLR). On ne pourra pas avoir monsieur Pelicot au mieux avant lundi", a affirmé le président de la cour, Roger Arata, qui avait ordonné plus tôt dans la journée une expertise médicale de Dominique Pelicot, malade et finalement dispensé d'audience pour le troisième jour consécutif.

Le septuagénaire, accusé d'avoir drogué celle qui est désormais son ex-épouse, pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d'inconnus recrutés sur internet, est apparu visiblement affaibli mercredi matin, les traits tirés, se tenant la tête entre les mains.

"Physiquement il est là, mais je ne suis pas certaine qu'il puisse suivre les débats de manière sereine", avait commenté son avocate Me Béatrice Zavarro en début d'audience, avant que son client soit autorisé à quitter le box des détenus.

"C'est indispensable que monsieur Pelicot soit en état de comparaître", avait confirmé l'un des avocats des parties civiles, Me Stéphane Babonneau, devant la famille de la principale victime, Gisèle Pelicot, 71 ans.

C'est sur l'évolution de l'état de santé de Dominique Pelicot que repose donc désormais le sort de ce procès ouvert le 2 septembre à Avignon. Un dossier pour lequel les 51 accusés, poursuivis pour la plupart pour viol aggravé, encourent 20 ans de réclusion criminelle.

- "Rasmus", disciple de "dompteur" ? -

Si Roger Arata a affirmé qu'il n'y avait "aucun problème" pour que le procès se poursuive jeudi matin sans le principal accusé, les débats pourraient ensuite être rapidement bloqués, la cour ayant prévu de se pencher sur les faits concernant le premier des 50 coaccusés, Jean-Pierre M., 63 ans.

"La difficulté pour monsieur M., c'est que j'envisage difficilement de l'entendre sans monsieur Pelicot", a concédé le président de la cour, sous-entendant qu'une suspension du procès pourrait donc intervenir dès jeudi, ce qui bouleverserait encore un peu plus un programme très chargé.

Disciple de Dominique Pelicot, qu'il avait rencontré sur le site de rencontres Coco.fr, où celui-ci se présentait notamment sous le pseudonyme de "dompteur", cet homme identifié lui comme "Rasmus" sur les vidéos des faits est le seul des 50 coaccusés de 26 à 74 ans jugés à Avignon à ne pas être poursuivi pour viol sur Gisèle Pelicot.

Il doit en revanche répondre de viols sur sa propre épouse, en compagnie de M. Pelicot, sur une période de cinq ans. Tous deux reproduisaient le même procédé en assommant leur compagne respective avec des anxiolytiques.

Procès dans le procès, son cas a été le premier débattu mercredi, avec la lecture du rapport de l'enquêteur de personnalité, puis les témoignages de ses deux enfants et, en fin d'après-midi, de son épouse, qui n'a pas porté plainte et n'est pas portée partie civile.

"Tout allait bien, c'était un mari formidable. Je me suis effondrée, il n'y avait rien qui pouvait me dire qu'il allait faire ça", a déclaré cette dernière, en larmes. Si il lui sera "impossible" de pardonner, elle aimerait surtout "comprendre".

Avant son intervention, c'est l'enfance très dure de son mari qui avait été exposée. "J'ai été élevé par les cochons, dans les bois", avait-il seulement expliqué à ses enfants, restant très discret sur les détails de sa vie au sein d'une fratrie de dix, dans une ferme.

Dans sa jeunesse, les enfants étaient battus, "attachés nus à des arbres pendant toute la nuit", et le père "organisait des partouzes devant ses enfants", a souligné son avocat, Me Patrick Gontard.

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Benoit PEYRUCQ

"Les faits, ils sont très graves, je pense qu'il en a conscience", a déclaré à la barre son fils de 32 ans, né d'un premier mariage. "Mais ce procès, ça va être un soulagement, je l'encourage à se livrer".

Et "j'ai l'intime conviction que s'il n'avait pas rencontré cette personne (Dominique Pelicot, NDLR), il n'y aurait jamais eu ça, (...) cela a peut-être réveillé des souvenirs que nous, on ne connaissait pas", a-t-il ajouté.

Après Jean-Pierre M., la cour a évoqué mercredi les personnalités de trois autres accusés, Cyrille D., 54 ans, Jacques C., 72 ans, et Lionel R., 44 ans, qui doivent tous répondre de viol sur Mme Pelicot, à une reprise chacun. Des faits qui avaient lieu au domicile du couple Pelicot, à Mazan, commune de 6.000 habitants du Vaucluse où ils avaient déménagé en mars 2013.

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