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La proposition de LFI de supprimer le délit d’apologie du terrorisme suscite une vive polémique. Critiquée par la droite, les macronistes et le PS, elle ravive les tensions autour de la lutte antiterroriste, la liberté d’expression et les divisions politiques à gauche.
En proposant de supprimer le délit d'apologie du terrorisme, La France insoumise (LFI) s'est attirée de nombreuses condamnations sur l'échiquier politique, à droite et chez les macronistes, mais aussi une vive réplique du Parti socialiste (PS), sur fond de débats concernant l'antisémitisme et le conflit au Proche-Orient.
Les députés LFI ont déposé une proposition de loi visant à abroger ce délit inscrit dans le code pénal depuis 2014. Selon eux, cette mesure aurait accentué "l'instrumentalisation de la lutte antiterroriste" au détriment de "la liberté d'expression". Ils estiment que la loi de 1881, qui encadre déjà les délits d'apologie de crimes, suffirait.
Déposé par le député du Nord Ugo Bernalicis, le texte suscite un tollé. Le ministre (LR) de l'Intérieur Bruno Retailleau a qualifié la proposition de "difficile de faire plus ignoble", tandis que des critiques ont également fusé chez les macronistes et à gauche.
Réactions politiques et critiques internes
Face aux critiques, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une "nouvelle agression contre LFI venue de l'extrême droite et servilement reprise par l'officialité médiaticopolitique", en appelant à lire le texte pour éviter des "films".
De son côté, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a répliqué avec virulence, critiquant la proposition de LFI et accusant Mélenchon de diviser la gauche. "Il est impératif de protéger les libertés publiques mais aussi de protéger les Français du fanatisme et des appels à la violence et la haine", a-t-il affirmé sur X (anciennement Twitter).
Olivier Faure a également reproché à LFI d'ignorer les risques d'antisémitisme et de "diviser le camp de la paix", tout en cherchant à "instrumentaliser électoralement la tragédie". Les socialistes insistent sur la nécessité de ne pas marginaliser la défense des Palestiniens tout en refusant les provocations.
Polémiques et contexte judiciaire
Dans leur texte, LFI critique l'usage du délit d'apologie du terrorisme pour réprimer, selon eux, des "militants politiques, militants associatifs, journalistes ou encore syndicalistes". Ils citent le cas de Jean-Paul Delescaut, responsable CGT du Nord, condamné pour des propos tenus dans un tract de soutien aux Palestiniens. Le député Ugo Bernalicis évoque aussi des enquêtes visant des membres de LFI, comme Mathilde Panot, pour des déclarations jugées ambiguës sur le conflit israélo-palestinien.
Dans un courrier adressé aux dirigeants socialiste, écologiste et communiste, Gabriel Attal, président du groupe macroniste EPR à l’Assemblée, a appelé la gauche à se "désolidariser clairement" de LFI. Il a rappelé que la loi de 2014 avait été portée par la gauche républicaine et visait à protéger la sécurité des Français. "En plein procès de l’assassinat de Samuel Paty, cette proposition de loi est une insulte et une tache indélébile sur ceux qui la portent", a-t-il écrit.
Indignation du Crif et autres réactions
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a vivement réagi, qualifiant la proposition d’"insulte à la mémoire des victimes de tous les attentats qui ont ensanglanté la France". À la veille de sa convention annuelle, le Crif a rappelé que "face au terrorisme, la République doit rester ferme et unie".
Alors que la polémique enfle, la proposition de loi de LFI met en lumière des fractures au sein de la gauche et suscite des débats sur l’équilibre entre libertés publiques et sécurité dans un contexte politique et social déjà très tendu.