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Les bourgmestres wallons sont désormais en place. Une question, combien gagnent-ils ? Cela dépend de la taille de leur commune. Les barèmes prévus vont en net de 1 984 euros à 7 000 euros. Mais ils sont nombreux à conserver une autre activité.
Claude Legrand est le nouveau bourgmestre de Trois-Ponts, une toute petite commune de 2 550 habitants. Le code de la démocratie locale prévoit pour le bourgmestre une rémunération mensuelle de 2 150 euros nets. Un peu court à ses yeux pour faire face aux besoins de sa famille. "Avec deux enfants, c'est vrai que 2 100 euros, il nous faut deux voitures ici à la campagne. Pour combler ça, il faut un salaire correct pour y arriver."
Des horaires adaptés
Ces six dernières années, il était échevin. Il gagnait 40 % de moins et complétait son revenu avec son travail de gestionnaire du matériel électrique dans le dépôt de l'intercommunale Ores à Eupen. "Je vais devoir aménager mon temps de travail. Actuellement, je travaille ici chez Ores à 4/5 temps. Et je vais voir avec ma direction pour passer à 3/5e temps, pour avoir plus de temps pour le travail que j'aurai à réaliser à la commune."
En tant qu'indépendant, si j'arrête, je n'ai plus ma clientèle
À Awan, sur les hauteurs de Liège, il y a 9 200 habitants. Thibault Smolders est à la fois l'ancien et le nouveau bourgmestre. Il touche 3 230 euros nets. Vu qu'il est socialiste, il verse l'équivalent de 10 % de son salaire brut au parti. Il lui reste en poche 2 800 euros nets par mois. Son premier métier, avec le statut d'indépendant, c'est avocat.
Et il continue à l'exercer. "On remarque quand même qu'il y a beaucoup de fonctionnaires qui sont bourgmestres, échevins, etc. Là, on a une sécurité parce que si on est fonctionnaire, on peut retrouver son travail dès demain. On arrête, on recommence son même travail. Moi, évidemment, ici, c'est différent en tant qu'indépendant. Si demain, j'arrête d'être avocat pendant six ans, je n'ai plus ma clientèle."
De l'insécurité
Un bourgmestre n'est jamais sûr d'être réélu. Il peut même être éjecté via une motion de défiance votée au conseil communal. Cette insécurité d'emploi, c'est ce qui a poussé Valérie Maas à conserver, elle aussi, son travail de secrétaire à mi-temps. Pourtant, à Saint-Nicolas, avec 24 500 habitants, elle touche 4 500 euros nets, dont 1 000 euros repartent au PS. Pour une mère célibataire avec deux enfants, ça aurait pu suffire. "Si demain, la démocratie décide que je n'ai plus ma place ici à Saint-Nicolas comme mandataire et comme bourgmestre, en l'occurrence, je me retrouve en stage d'attente, donc au CBS ou au chômage en allocation."
Contrairement aux députés, les bourgmestres ne touchent aucune indemnité de sortie lorsque leur mandat s'arrête. Tout en haut de la grille des salaires, les bourgmestres des communes de plus de 150 000 habitants, c'est le cas par exemple de Thomas Dermine à Charleroi, touchent 7 000 euros nets par mois, 5 605 en poche s'ils sont socialistes.
C'est beaucoup de travail et d'investissement
Ces différents salaires, sont-ils perçus par les principaux intéressés comme corrects ? Ça dépend bien sûr de la taille de la commune. "Ils pourraient être un peu plus élevés, c'est vrai qu'on l'accepterait, mais on le sait en démarrant.", estime Claude Legrand. "Il y a des bourgmestres qui gagnent deux à trois fois plus que certains autres bourgmestres, et je n'ai pas l'impression que la charge de travail est deux à trois fois plus importantes.", ajoute Thibault Smolders. "C'est beaucoup d'investissement, c'est beaucoup de travail, que vous dire, c'est se découpler, c'est un coup d'auspice en tout temps, surtout qu'être bourgmestre, c'est du 24 h sur 24, 7 jours sur 7.", conclut Valérie Maas.
Les bourgmestres que nous avons rencontrés sont unanimes sur une chose, face au nombre d'heures prestées, le salaire n'est pas bien gras. Ils déclarent tous ne pas avoir choisi cette voie pour l'argent.