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Sous un soleil radieux, le Vieux-Port est en effervescence: il faut que Marseille soit prête, à quelques heures à peine de l'arrivée de la flamme olympique, mercredi, quand la ville sera "le centre du monde".
Depuis plusieurs jours déjà, des dizaines d'ouvriers s'activent pour installer les différentes structures qui accueilleront la fête: scène, éclairages, sonorisation, mais aussi le ponton en forme de piste d'athlétisme auquel s'amarrera le trois-mâts Belem mercredi peu avant 20h00, avec à son bord Florent Manaudou, champion olympique de natation 2012, premier porteur de la torche olympique sur le sol français.
De leur côté, une vingtaine d'agents d'entretien briquent les 36.000 m2 de surface autour du Vieux-Port, à l'aide d'hydro-décapeuses. Tout doit briller.
Mais, à quelques rues de là, une centaine de tonnes de détritus s'accumulent, conséquence de la grève d'une cinquantaine d'éboueurs, sur les 2.000 que compte la métropole Aix-Marseille.
Si ces artères n'accueilleront pas les festivités de l'arrivée de la flamme mercredi, certaines d'entre elles verront passer la torche olympique, pour le début du relais jeudi matin depuis Notre Dame de la Garde.
Sur l'eau, le bateau de nettoyage tourne inlassablement: dans les ports de la ville, "on repêche environ une tonne de déchets par jour", décompte le chef de l'unité de nettoyage des ports de Marseille, Thierry Sandretti.
Sur les quais du Vieux Port, les unités de déminage et leurs 80 chiens finissent, elles, de s'activer: elles n'ont plus que quelques heures pour finir d'inspecter les 3.400 bateaux amarrés.
Mais aucune difficulté à signaler jusqu'ici: "Les plaisanciers nous ont facilité la tâche en nous ouvrant leurs bateaux et en nous réservant un excellent accueil", reconnaît le commandant Michel-Ange Domingo, chef du centre de déminage de Marseille.
"J'ai ouvert la cabine et les coffres, le chien a fait le tour en cinq minutes, ça s'est parfaitement passé", confirme Franck Contadini, propriétaire du Mogador, un petit bateau de plaisance.
S'il n'a pas pu s'inscrire pour la parade en mer avec le Belem --qui nécessitera d'ailleurs une ré-inspection du millier de bateaux qui sortiront des ports pour accompagner le voilier--, il sera à bord pour assister à la fête.
- "Dévoiement de l'idéal olympique" -
Les hôtels se préparent aussi à accueillir un public important: "Tous les établissements affichent complet sur le Vieux-Port", indique le vice-président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) des Bouches-du-Rhône, Nicolas Guyot: "En plus des touristes, nous allons recevoir des journalistes du monde entier (NDLR: plus de 1.400 accrédités), mais aussi tous les partenaires commerciaux des Jeux olympiques: le soir du 8 mai, Marseille sera le centre du monde".
Une publicité dont bénéficieront aussi les bars et les restaurants du Vieux-Port, comme La Caravelle: son patron, Anthony, s'attend à un "boom économique pour la ville" grâce au passage de la flamme et des jeux.
"Marseille, centre du monde": ces mêmes mots, prononcés par le maire divers-gauche de la ville, Benoît Payan, s'étalaient à la Une du quotidien La Provence mardi matin.
Mais l'unanimité n'est pas totale face à ces Jeux et l'arrivée de la flamme: cinq élus écologistes, pourtant membres de la nouvelle majorité municipale de gauche depuis 2020, dénoncent ainsi sur le site de Libération "le dévoiement de l'idéal olympique", avec notamment "l'opération de greenwashing" menée par Coca-Cola, partenaire des JO de Paris 2024, "parangon planétaire des ravages de la malbouffe".
"Lorsque c'est Coca-Cola qui paie, ça veut dire que ce ne sont pas les Marseillais qui le font. Quand je peux prendre de l'argent à une multinationale, je le prends !", leur répond M. Payan dans l'entretien accordé au quotidien régional.
Côté sécurité, le dispositif destiné à rendre "étanche" le Vieux-Port pour les cérémonies d'arrivée de la flamme, comme l'avait annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est imposant: des dizaines de cars de CRS et de policiers encerclent déjà le site.
Au total, plus de 6.000 membres des forces de l'ordre, dont des policiers des unités d'élite du Raid, des démineurs, des membres des brigades nautiques, des avions Rafale et un dispositif antidrones, seront mobilisés mercredi, pour encadrer les 150.000 personnes attendues pour l'arrivée de la flamme et le grand concert qui suivra.
En comptant les agents dépendant de la mairie (marins-pompiers, personnels de sécurité, policiers municipaux...), les effectifs atteindront 8.500 personnes et dépasseront ceux déployés en septembre 2023 pour la visite du pape François.