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Signé Giltay: pourquoi le pape a-t-il besoin d'un État, le Vatican?

Le pape François, accueilli hier soir à Melsbroek par le roi et la reine, sera reçu ce matin au château de Laeken. Certains se sont étonnés de la réception très officielle faite au chef de l'Église catholique, en contradiction avec la neutralité de l'État. Mais au-delà de son rôle de chef spirituel, le souverain pontife est également le chef d'État du Vatican. Et il a reçu hier l'accueil de tout chef d'État en visite officielle en Belgique. 

La naissance de l'État du Vatican a été ratifiée par les accords du Latran en juin 1929 entre l'Italie et l'Église catholique. Il mettait fin à ce qu'on a appelé la "question romaine" survenue en 1870 après la prise de Rome et son annexion par la monarchie italienne. C'était le point d'orgue de l'unification italienne. 

Auparavant, le pape était le chef des États pontificaux, un territoire donné au Saint-Siège en l'an 754 par le roi de France Pépin le Bref, qu'il avait conquis sur les Lombards. De 754 à 1870, le pape a donc été le souverain d'un des nombreux États qui se trouvaient dans la péninsule italienne.

A la prise de Rome, le roi d'Italie met fin aux États pontificaux. Mais le pape Pie IX ne l'accepte pas. Il quitte alors son palais du Quirinal, qui est aujourd'hui la résidence du président de la République italienne, pour se réfugier dans la cité du Vatican, qui s'étend autour de la basilique Saint-Pierre, derrière une haute muraille. Pendant 59 ans, le pape s'est considéré prisonnier à l'intérieur de la cité. Il ne la quittait pas, et donc pas question de voyage à l'étranger, en Belgique ou ailleurs. 

Un État pontifical, minuscule, de 44 hectares

En 1929, les accords du Latran signés par Mussolini et le secrétaire d'État du pape ont recréé un État pontifical, minuscule, de 44 hectares, le plus petit du monde, mais doté de toutes les prérogatives d'un pays souverain. Gares, postes, monnaies, radios et mêmes armées, la célèbre Garde suisse. C’est une monarchie absolue. Le pape y exerce les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Mais comme il s'occupe principalement de l'Église, il délègue la gestion quotidienne à un gouverneur. 
 
Les accords du Latran comprenaient trois conventions distinctes. Un traité politique pour régler la question romaine, une convention financière pour dédomager le Saint-Siège de la perte des États pontificaux et un concordat qui définit la position de l'Église en Italie. La question financière était un point crucial qui a pris plusieurs années de négociations.
 
Depuis, le Vatican est un acteur comme les autres dans le concert des nations. Ainsi, par exemple, si l'actuel secrétaire d'État, le premier ministre du pape, n'accompagne pas François en Belgique, c'est parce qu'il est à New York, à l'Assemblée Générale de l'ONU. Le Vatican y dispose d'un siège d'observateur. 
 
Mais pourquoi, me direz-vous, le pape a-t-il besoin d'un État ? Pour garantir son indépendance, il ne dépend d'aucun pays, à commencer par l'Italie, dans laquelle le Vatican est enclavé. Maintenant, quel est son poids politique ? "Le Vatican, combien de divisions ?" disait le maréchal Staline. Eh oui, seulement 44 hectares, mais 1,4 milliard de fidèles.

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