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L'incroyable histoire de Michel de Robert, survivre sept ans dans la nature avec son frère: "On passe de la liberté à la prison"

Plongez dans le récit captivant de Michel de Robert qui a survécu sept ans dans la nature avec son frère après un événement tragique en 1949. Découvrez comment le réalisateur Olivier Casas a transformé cette incroyable histoire en un film poignant, "Frères".

RTL info : Michel de Robert, c'est vous qui avez inspiré cette histoire vraie. Pour remettre le contexte, nous sommes en 1949, vous êtes en colonie de vacances avec votre frère et votre maman ne vient jamais vous chercher. Et puis, il se produit un événement particulier qui vous pousse à vous enfuir dans la nature. Quel est cet événement ?

Michel de Robert : Cet événement, c'est lorsque l'homme qui dirigeait le foyer d'enfants avec sa femme s'est suicidé en se pendant, et mon frère est entré dans la pièce. Voyant cela, son premier réflexe a été de prendre une table pour tenter de couper la corde, ce qui a entraîné la chute de l'homme. Pris de peur, il a pensé avoir commis quelque chose de terrible, bien qu'il ne comprenait pas encore ce que signifiait tuer. Il m'a dit : "Viens, on s'enfuit", et nous avons fui, nous cachant pendant des années par peur et panique.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour vous adapter à la forêt et en faire votre lieu de vie ?

Michel de Robert : Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'adaptation s'est faite très rapidement. Environ quelques mois ont suffi pour maîtriser notre environnement et trouver des solutions pour survivre, que ce soit face au froid ou pour trouver de la nourriture.

Olivier Casas, vous connaissez Michel depuis longtemps. Comment s'est passée votre rencontre et comment est née l'idée de ce film ?

Olivier Casas : Cela fait vingt ans que je connais Michel, et il y a neuf ans, lors d'un week-end chez un ami commun en juillet 2015, j'ai découvert un côté de lui que je ne connaissais pas. Michel, que je connaissais comme un architecte parisien post-guerre dans le 17ᵉ arrondissement, taillait du bois comme un indien Cherokee. C'était tellement surprenant que je lui ai demandé s'il y avait une histoire derrière cela. Il m'a alors révélé son enfance particulière, gardée secrète pendant cinquante ans.

Est-ce que le personnage de votre frère Patrice dans le film dit vrai en disant : "On a commencé par la fin, on a commencé par le meilleur" ?

Michel de Robert : Oui, c'est exactement ce que nous avons vécu. Malgré les difficultés, nous avons expérimenté une liberté extraordinaire que peu de gens vivront, dépourvue de toute contrainte.

La nature est omniprésente dans le film, presque comme un troisième personnage.

Olivier Casas : Absolument, comme l'a dit Michel. Ce qui m'a frappé, c'est le bonheur immense qu'ils ont ressenti malgré les défis de la survie. Il m'a témoigné un bonheur incommensurable et j'ai compris qu'ils étaient heureux comme personne. La nature était leur mère nourricière, leur alliée dans cette lutte quotidienne.

Après sept ans de vie dans la forêt, votre retour à la société a dû être difficile. Comment cela s'est-il passé ?

Michel de Robert : Le retour a été très difficile, parce qu'on passe de la liberté à la prison. Réintégrer la société dans ces conditions n'était pas facile. Quand notre mère nous récupère, elle nous amène dans une famille à Paris et cette famille a pour charge de nous éduquer et nous permettre de réintégrer l'école un an après. Imaginez une année pour rattraper dix ans de vie sauvage, c'était comme une prison. On ne peut pas nous emmener promener ensemble parce qu'ils ont peur qu'on s'enfuit donc ils nous tiennent avec un lien et on est enfermé à double tour dans la chambre.

Vous avez réussi à vous réadapter, devenant architecte pour vous-même et médecin pour votre frère. Comment avez-vous surmonté ces défis ?

Michel de Robert : On s'en remet, parce qu'on n'a pas d'autre choix. La vie nous réserve parfois de bonnes surprises, j'ai eu la chance de rencontrer quelqu'un quand j'avais 20 ans et c'est grâce à lui que j'ai pu intégrer l'école d'architecture.

Le casting du film comprend des acteurs expérimentés comme Yvan Attal et Mathieu Kassovitz. Pourquoi eux et comment ont-ils réagi à cette histoire ?

Je voulais des acteurs avec une profondeur et beaucoup de puissance, et j'ai été chanceux qu'Yvan et Mathieu acceptent immédiatement. La rencontre avec Michel a été déterminante pour eux, comme pour toute l'équipe. Tout le monde s'est senti investi d'une mission parce que quand on porte une histoire comme celle-là.

Votre frère Patrice, qui fait partie intégrante de l'histoire, a mis fin à ses jours à 49 ans. Comment aurait-il réagi à ce film ?

Michel de Robert : Patrice aurait été d'accord pour raconter cette histoire avec moi, car tous mes souvenirs lui étaient liés jusqu'à sa mort. C'était notre histoire, notre secret. J'ai fait ce film principalement pour lui rendre hommage. Olivier a réalisé un film qui va au-delà de l'histoire. Ce film éveille les consciences et suscite une réflexion chez chacun, c'est pourquoi il est si important.

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