Accueil Actu Décryptage RTL info

Une "alternative à Macron" et une "opposition au RN": qu'est-ce que le Nouveau Front populaire en France?

Les principaux partis de gauche français ont annoncé avoir formé une alliance nommée Nouveau Front populaire, suite à la victoire du Rassemblement national aux élections européennes le 9 juin dernier et à la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron. Cette coalition de gauche se présente comme une alternative à la politique actuelle française et se dit en opposition avec le RN. Que représente ce Nouveau Front populaire et que veut-il vraiment? Décryptage.

Au lendemain des élections européennes qui ont donné le Rassemblement national de Jordan Bardella vainqueur en France et la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, les principaux partis de gauche ont annoncé la formation d'une coalition politique nommée le "Nouveau Front populaire" (NFP) pour les prochaines élections législatives.

Cette alliance regroupe notamment le Parti socialiste (PS), la France Insoumise (LFI), Europe Écologie-Les Verts (EELV), le Parti communiste français (PCF) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et se présente comme une alternative à la politique de l'actuel président et en opposition avec le Rassemblement national.

Le Nouveau Front populaire vise à proposer "un programme politique de rupture" qui répond "aux urgences sociales, écologiques, démocratiques et pour la paix", comme on peut le lire dans son programme de 24 pages. Cette coalition dit aussi vouloir combattre "le projet raciste et de casse sociale de l’extrême droite" et ainsi l'empêcher d'accéder au pouvoir.

Qui est le visage emblématique du NFP?

À l'initiative de cette nouvelle coalition, on retrouve François Ruffin qui a lancé l'idée d'unir les forces de la gauche après la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin dernier. Il s'agit d'un ancien député français de 48 ans, candidat sortant aux précédentes élections membre du groupe politique La France Insoumise. Mais suite à des tensions avec le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin a pris ses distances avec le parti, alors qu'il est candidat aux élections législatives dans la première circonscription de la Somme.

Parmi les autres visages emblématiques de l'alliance de gauche, il y a aussi Manuel Bompard (LFI), Olivier Faure (PS), Marine Tondelier (EELV), Fabien Roussel (PCF) et Philippe Pouton (NPA). Mais le Nouveau Front populaire bénéficie également du soutien de personnalités comme François Hollande et Raphaël Glucksmann, député européen et nouveau visage populaire de la gauche en France.

Les circonscriptions réparties

Les principaux partis de gauche qui composent le NFP sont parvenus à "un accord de principe" sur la répartition des circonscriptions de sorte qu'ils peuvent ensemble former une majorité à l'Assemblée nationale. Ainsi, la France Insoumise aura 229 candidatures, le Parti socialiste 175, Europe Ecologie-Les Verts 92 et le Parti communiste français 50. 

Comme c'était déjà le cas en 2022, au moment de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), les Insoumis présentent le plus de candidats, mais le nombre de circonscriptions réservées aux socialistes augmente fortement par rapport à ce que l'accord électoral de la Nupes avait prévu pour eux lors des dernières élections législatives. Notons cependant que cet accord-ci ne comprend pas les Outre-mer et la Corse.

Un programme en 3 temps

Le Nouveau Front populaire parle d'un "contrat de législature", qui prévoit notamment 150 milliards d'euros de dépenses nouvelles et où de nombreuses mesures y sont évoquées. Dans son programme de 24 pages, le NFP détaille thème par thème ses ambitions et ses priorités. Les mesures y sont en effet échelonnées dans le temps, en 3 temps.

1. 15 premiers jours - La rupture

Si l'alliance de gauche remporte les élections législatives, elle envisage d'adopter "immédiatement 20 actes de rupture pour répondre à l’urgence sociale, au défi climatique, à la réparation des services publics, à un chemin d’apaisement en France et dans le monde."

2. 100 premiers jours - L'été des bifurcations

Ensuite, le Nouveau Front populaire se laisse "100 jours" pour "amorcer les grandes bifurcations dont le pays a besoin." Cela passe par 5 lois principales: la situation sociale des Français, la santé, l’éducation, l’énergie et le climat, et enfin le budget avec "un projet de loi de finances rectificatives pour abolir les privilèges des milliardaires."

3. Les mois suivants -  Les transformations

Le troisième et dernier volet du programme politique du NFP se consacre "aux transformations" dans les mois qui suivent. Des mesures liées au service public, au droit au logement, à la retraite, à la sûreté, la sécurité et la justice, à l'écologie et l'agriculture y sont notamment évoquées. Le NFP plaide aussi en faveur d'une 6e République, pour "abolir la monarchie présidentielle."

Les membres de la coalition de gauche sont aussi parvenus à se mettre d'accord sur des questions qui étaient source de fracture précédemment, telles que la guerre en Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas et l'Europe.

Le NFP, l'ancien Nupes?

Lors des précédentes élections législatives en 2022, il existait déjà une alliance de gauche appelée Nupes, pour Nouvelle Union populaire écologique et sociale. On y retrouvait les mêmes partis de gauche: La France Insoumise (LFI), le Parti Socialiste (PS), Europe Écologie Les Verts (EELV) et le Parti Communiste Français (PCF). Mais les anticapitalistes (NPA) n'en faisaient pas partie. 

Pour le philosophe français Raphaël Enthoven, le Nouveau Front populaire ne représente pas l'ancienne Nupes. Ces deux coalitions des gauches ne sont pas comparables. Il serait d'ailleurs plus judicieux de dire "front populiste" pour qualifier "cette fusion aberrante des antisémites de LFI, des rêveurs écologistes et des carpettes socialistes", a-t-il déclaré dans une interview au magazine l'Express de cette semaine. 

Pour lui, "la Nupes bis n'est pas une libre association d'individus courageux qui mettent leurs différences en sourdine pour construire un programme de gouvernement. C'est le regroupement de gens qui se détestent, mais qui sont soudés par la peur de perdre leur siège et qui se cherchent le plus petit dénominateur commun pour sauver les meubles et éviter le chômage", a-t-il encore dit dans l'Express.

Reste à voir comment des partis aux idéologies divergentes parviendront à gouverner ensemble dans une prochaine législature s'ils arrivent à convaincre les électeurs aux urnes. 

À lire aussi

Sélectionné pour vous