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L'histoire est au cœur de l'actualité: Gisèle Pélicot a été droguée par son mari et violée par des dizaines d'inconnus alors qu'elle était inconsciente. Quel plaisir en ont tiré ses agresseurs? Le fantasme de la femme inanimée ou de la femme morte existe-t-il vraiment? Nous avons posé la question à un sexologue.
La soumission chimique est actuellement mise en lumière en France avec le procès des viols de Mazan. C'est l'acte d'administrer, à des fins criminelles, un produit psychoactif à une personne tierce par la ruse, la force ou la contrainte. Dans le cas précis, la finalité est le viol.
Selon les chiffres de la police fédérale, en 2023, il y a eu 141 cas de soumissions chimiques avérées en Belgique. Des chiffres qui sont sans doute à revoir à la hausse selon Louise Moraldy de l'ASBL Modus Vivendi: "Cela ne représente que les cas qui sont passés par la justice. On sait qu'il y a des victimes qui ne déclarent pas les faits."
Les agressions sexuelles ou viols sur des personnes droguées à leur insu fait remonter à la surface le fantasme de la femme inanimée appelé aussi fantasme de la femme morte. Certains hommes sont-ils attirés sexuellement par des femmes inertes? Les catégories porno du type "femme endormie" laissent penser que oui. Pourtant, il faut relativiser selon Pascal De Sutter, sexologue.
"Ça existe, comme la multitude de fantasme qui existent sur la planète. Mais selon mon expérience, ce n'est pas habituel, pas banal", explique-t-il.
Un comportement dysfonctionnel
Le spécialiste évoque un comportement dysfonctionnel qui touche majoritairement les hommes: "Il existe une série d'hommes qui ne sont pas capables de séduire une femme, qui n'ont pas les codes ou pas l'envie, par fainéantise. Ces hommes ne se donnent pas les moyens d'avoir une femme consentante. Certains se tournent alors vers des prostituées, les autres…"
Notre interlocuteur précise qu'il ne s'agit pas d'un comportement normal: "Qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, dès qu'il n'y a pas d'échange, de consentement, de partage, ce n'est pas une relation sexuelle saine. Il s'agit d'un comportement dysfonctionnel, problématique."
Précisons d'ailleurs que le viol avec circonstance aggravante de soumission chimique est passible de 15 à 20 ans de réclusion.
De l'espoir pour les victimes
Ce type de viol entraîne des traumatismes plus ou moins importants chez la victime, affirme Pascal De Sutter. "Dans le cas des viols de Mazan, il y a en plus abus de confiance parce qu'il s'agissait de son mari et c'est d'autant plus traumatisant", ajoute-t-il.
Toutefois, le spécialiste se veut rassurant: "On entend souvent que ces personnes ne pourront jamais se reconstruire. Mais on peut traiter les syndromes post-traumatiques avec des techniques comme l'hypnose ou l'EMDR (une psychothérapie par mouvements oculaires qui cible les mémoires traumatiques des individus). Les victimes peuvent retrouver une vie sexuelle et amoureuse tout-à-fait normale. Ce n'est pas facile, mais c'est possible!"