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Les arrêts maladie de longue durée en hausse: comment peut-on l'expliquer ?

Les arrêts-maladies de moyenne et de longue durée ont augmenté cette année par rapport à 2023, indique Securex, avec 2,5 % des travailleurs absents entre un mois et un an et plus de 3 % en arrêt depuis plus d'un an. Les femmes sont plus souvent en incapacité de travail longue durée que les hommes. De plus, l'absentéisme au travail touche particulièrement les jeunes employés et les ouvriers. 

Depuis deux ans et demi, Nadine est en incapacité de travail. Pendant 23 ans, elle a manipulé des sacs de 25 kilos. "J'ai des problèmes de dos, je ne peux plus porter, je ne peux quasiment plus marcher non plus", raconte-t-elle.

Elles sont plus de 250 000 à être dans cette situation, contre 200 000 hommes en Belgique. Cet écart s'explique par plusieurs facteurs. Les secteurs où le risque d'invalidité de longue durée est élevé comptent plus de femmes. À cela s'ajoutent les responsabilités familiales et certaines pathologies purement féminines.

"On sait notamment qu'elles sont plus sensibles, notamment de l'anxiété ou ce genre de pathologie-là. Et on sait que les arrêts de travail, selon les chiffres de l’Inami, les deux causes principales, c'est les facteurs psychosociaux et les troubles musculosquelettiques", explique Elisabeth Pète, médecin du travail.

Lever les tabous sur les affections féminines au travail

Pour réduire le nombre d'incapacités de travail, les mutualités libres recommandent d'agir sur deux leviers, la prévention et la sensibilisation.

"Lever les tabous sur les affections typiquement féminines serait vraiment intéressant sur le lieu de travail, estime Marianne Hiernaux, communication manager des mutualités libres (Partenamut). Parce qu'il faut pouvoir oser parler de douleurs menstruelles au travail, oser parler de troubles polykystiques ou de périménopause au travail".

Nadine, elle, espère reprendre le travail. Au-delà de l'aspect financier, c'est un réel manque. "J'espère toujours que mon médecin ou que la mutuelle me dise 'oui tu peux reprendre' mais pour le moment chaque fois, c'est négatif, donc c'est très dur pour moi".

La conciliation entre vie professionnelle et familiale reste un défi majeur. Mais avec un meilleur équilibre, entre les femmes et les hommes, d'ici 2050, plus de 10 millions d'emplois pourraient être créés dans l'Union européenne.

Absentéisme au travail : un nouveau record chez les jeunes travailleurs

Une analyse récente des données salariales de 164.000 travailleurs en Belgique révèle que l'absentéisme au travail atteint un nouveau record, touchant particulièrement les jeunes employés âgés de 25 à 34 ans.

Les absences de moyenne durée, c'est-à-dire comprises entre un mois et un an, ont bondi de 26 % par rapport à 2022 pour cette tranche d'âge. Les absences de longue durée connaissent une hausse encore plus marquée, avec une augmentation de 42 % pour le premier semestre par rapport à 2022.

Cette augmentation s'explique en partie par l'évolution des méthodes de travail, de plus en plus digitales et sédentaires. L'usage intensif des smartphones et le temps prolongé passé devant les écrans contribuent à cette tendance, affectant la santé physique et mentale des jeunes travailleurs.

À l'inverse, l'absentéisme diminue chez les employés plus âgés. Pour les 55-59 ans, les absences de moyenne durée ont baissé de 11 % au début de 2024 par rapport à 2022

Les ouvriers en première ligne

Les ouvriers ne sont pas en reste et sont également fortement impactés. Les absences de moyenne durée ont augmenté de 11 %, et les maladies de longue durée de 9 %. Ces métiers, souvent plus éprouvants physiquement, voient les problèmes de santé survenir plus tôt.

La moindre sécurité de l'emploi dans ce secteur accentue le risque de burn-out, avec un ouvrier sur trois se trouvant dans la zone de risque.
 

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