Partager:
Alors que Marc Dutroux atteint ses 30 ans d'incarcération, la question de la réinsertion des pédophiles dans la société est plus que jamais d'actualité. Malgré des mesures existantes, plusieurs problèmes dans leur application soulèvent des inquiétudes quant au risque de récidive.
La Belgique fait face à un défi de taille : la réinsertion des délinquants sexuels, notamment ceux condamnés pour pédophilie. Si des dispositifs existent, leur efficacité est limitée par le manque d'obligation de soins et le caractère volontaire des thérapies. "Je ne pense pas que mes clients vont bénéficier d'un traitement effectif s'ils ne sont pas aptes à être suivis ou à être traités, je n'y crois pas", affirme Rik Van Reusel, avocat pénaliste.
Des mesures volontaires
Une fois incarcérée, une personne condamnée pour délit sexuel peut suivre une thérapie, purger sa peine dans une prison spécialisée comme celle de Termonde ou encore recevoir un traitement médicamenteux. Cependant, toutes ces mesures reposent sur le volontariat. Certains détenus (32 %) préfèrent même purger l'intégralité de leur peine pour éviter une éventuelle thérapie imposée en cas de libération conditionnelle.
"Pour moi, la clé principale, c'est d'une part la reconnaissance et le désir honnête, authentique de l'individu de pouvoir trouver une place dans la société en pouvant juguler et en pouvant mettre un frein pour ne plus jamais passer à l'acte", explique Emmanuel de Becker, psychiatre aux cliniques universitaires Saint-Luc. Face au risque de récidive, il est urgent de renforcer l'encadrement des délinquants sexuels et de mettre en place des mesures plus contraignantes pour garantir la sécurité de tous.
Des mécanismes de soutien à la réinsertion
Malgré ces difficultés, plusieurs mécanismes ont été mis en place pour favoriser la réinsertion des pédophiles:
- Une ligne d'écoute: Le Service d'Ecoute et d'Orientation Spécialisé, mis en place par l'unité de psychopathologie légale (UPPL), offre un soutien aux personnes ayant peur de (re)passer à l'acte.
- Les bracelets électroniques: Équipés d'un système GPS, ils permettent de surveiller les déplacements des individus et de prévenir les récidives.
- La castration chimique: Ce processus médicamenteux vise à réduire la libido. Remboursé par la sécurité sociale depuis 2009, il n'est efficace que si le traitement est suivi de manière continue. Son efficacité est toutefois remise en question pour les femmes pédophiles, le produit utilisé étant à base de progestérone, une hormone féminine, inefficace pour les femmes.
La pédophilie, définie comme l'attirance sexuelle pour les enfants, est reconnue comme une maladie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Malgré plusieurs propositions de loi visant à rendre les soins obligatoires pour les détenus, aucune obligation n'est actuellement en vigueur en Belgique. Cette situation entraîne un risque important de récidive.
"Marc Dutroux, un homme libre?", un documentaire-fiction diffusé ce mardi 8 octobre à 20h25 sur RTL tvi et en replay sur RTL play.