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À Tottenham, au Bayern et avec l'Angleterre, Harry Kane a empilé une tonne de buts sans jamais rien gagner. A l'approche de ses 31 ans, le capitaine peut réparer cette anomalie, dimanche en finale de l'Euro-2024.
Le meilleur buteur anglais de l'histoire, surnommé "Prince Harry" pour le grand public, ou tout simplement "H" par ses proches, fait trembler les filets mais il n'a jamais soulevé le moindre trophée.
Si parler de "malédiction" peut paraître exagéré, il reste que l'attaquant né à Londres a écrit une riche page d'histoire, avec plus de 400 buts inscrits en clubs et en sélection, sans fin heureuse jusqu'ici.
"Je n'ai gagné aucun trophée en équipe, ce n'est pas un secret. Chaque année qui passe, vous êtes plus motivé et plus déterminé à changer cela", a-t-il déclaré samedi en conférence de presse. Dimanche, "j'aurai l'occasion de remporter l'un des plus grands trophées que l'on puisse gagner et d'entrer dans l'histoire de mon pays. Alors oui, sans aucun doute, j'échangerais tout dans ma carrière pour vivre une soirée spéciale et gagner demain soir", a-t-il reconnu.
Avec les "Spurs" de Tottenham, Kane a perdu deux finales de Coupe de la Ligue (2015 et 2021), a terminé deuxième de Premier League en 2017 et s'est incliné en finale de la Ligue des champions, deux ans après.
L'avant-centre a quitté la capitale britannique l'été dernier pour redorer son CV au Bayern Munich, un des clubs les plus titrés du continent, qui a déboursé 100 millions d'euros, plus 10 millions de bonus, pour l'attirer en Allemagne.
Kane a eu beau s'acclimater parfaitement à l'équipe bavaroise, lui offrant un total de 44 buts en 45 apparitions, le "Rekordmeister" a terminé la saison sans trophée, une première depuis 2011-2012... Avec l'Angleterre, le N.9 a frôlé le rêve de toute une nation, en finale de l'Euro contre l'Italie à l'été 2021 à Wembley. En bon capitaine, il a converti le premier des tirs au but anglais, avant de voir ses plus jeunes coéquipiers perdre pied sous la pression.
La nouvelle finale dimanche (21h00) contre l'Espagne à Berlin, dans le pays où il évolue désormais, ressemble à une occasion en or pour repousser ces déceptions répétées.
"Faire son job"
Son équipe est passée près de l'élimination en huitièmes de finale contre la Slovaquie (2-1 ap), en quarts face à la Suisse (1-1, 5-3 tab), puis encore en demie contre les Pays-Bas (2-1), où il a obtenu et transformé le penalty de l'égalisation. Lui-même n'a pas échappé aux critiques, notamment celles des anciens internationaux anglais reconvertis en "pundits", ces commentateurs pas toujours réputés pour leur parole équilibrée.
Contre les Pays-Bas, Gareth Southgate n'a pas hésité à le remplacer à dix minutes de la fin du temps réglementaire, sans que cela apparaisse comme un crime de lèse-majesté. Entre les deux hommes, c'est l'union sacrée.
"J'ai beaucoup de respect pour lui. Je l'adore, c'est l'un des plus grands footballeurs anglais de tous les temps, notre plus grand buteur. Mais il n'y a rien de mal à ce qu'il ne joue pas les 90 minutes", a appuyé Gary Lineker, ex-attaquant vedette de Tottenham et de l'Angleterre, interrogé par le Guardian avant la finale.
Dimanche, Kane voudra chasser le douloureux souvenir de 2021 pour lui, mais pas que. Il sait que tout un pays attend de le voir briller. "Ce serait, évidemment, le sentiment le plus incroyable que l'on puisse ressentir en tant que footballeur professionnel. Et je suis sûr que pour les supporters, vivre ce moment historique et pouvoir le célébrer serait quelque chose de très spécial", a-t-il anticipé samedi.
Avant le coup d'envoi, a-t-il ajouté, "il y aura un peu de nervosité, il y aura de l'excitation, mais en fin de compte, quand vous entrez sur le terrain, il faut juste faire son job et ce qui a été fait tout au long de la saison".