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Depuis sa création en 1994, l'émission "Place Royale" a plongé le public au cœur de la vie des familles royales avec passion et authenticité. Conçue par Anne Quevrin puis présentée par Thomas de Bergeyck et Alix Battard, l'émission célèbre aujourd'hui ses 30 ans. Retour sur les moments marquants de cette aventure télévisuelle avec celles et ceux qui ont contribué à son succès.
Pour célébrer les 30 ans de "Place Royale", nous avons rencontré ceux qui ont créé l’émission : Anne Quevrin, Thomas de Bergeyck et Alix Battard. Ils nous ont partagé leurs souvenirs, leurs anecdotes et leurs réflexions sur l’évolution de cette émission emblématique.
RTL info : Que représente "Place Royale" pour vous ?
Thomas de Bergeyck : Ce sont 13 belles années de ma vie, évidemment. Près de 400 émissions et beaucoup de rencontres. Parce que forcément, ce sont des voyages au bout du monde. Trois fois le tour du monde environ, en tout cas en ce qui me concerne. Donc oui, une très belle aventure, mais qui continue heureusement à l'antenne.
Anne Quevrin : Pour moi, c'est une grande partie de ma carrière puisque ça a duré plus de 17 ans. C'est aussi mon bébé puisque je l'ai imaginé, produit, présenté pendant cette période. Et ce n'était pas gagné immédiatement, car personne n'y croyait vraiment.
Alix Battard : Cette émission est un peu une 'Madeleine de Proust' pour beaucoup de personnes. Et puis c'est une émission que vous ne verrez pas ailleurs. C'est un peu une histoire de famille qu'on suit. Je crois qu'on aime tous les histoires de famille et en fait, suivre "Place Royale", c'est suivre à travers les années tout ce qui rythme la vie d'une famille : mariages et naissances, divorces, décès, funérailles, histoires d'enfants rebelles...
Comment est née l'idée de l'émission ?
Anne Quevrin : Au tout début, j'étais journaliste politique et je suivais l'actualité royale, notamment le roi Baudouin puis le roi Albert. À la mort du roi Baudouin, j'ai été frappée par l'émotion immense des Belges. J'ai vu la foule autour du palais royal, et cela m'a profondément marqué. En tant que journaliste, j’avais envie d'expliquer comment fonctionnait cette institution qu'est la monarchie et qui était indispensable en Belgique. C'est un an après la mort du roi Baudouin qu’est née l'émission "Place Royal".
Thomas de Bergeyck : Avant l'émission, il y avait un vrai mystère autour des têtes couronnées. On ne les connaissait pas bien en Belgique, le roi Baudouin et la reine Fabiola étaient très secrets. L'accès de la presse à leur vie était extrêmement limité. C'est après le décès du roi Baudouin que tout a changé, révélant à quel point ce couple était apprécié. Cela a été un déclic pour créer l'émission. Par la suite, "Place Royale" a inspiré d'autres pays comme les Pays-Bas et l'Espagne. Stéphane Bern, après avoir vu l'émission, a repris l'idée en France et est devenu expert des monarchies.
Comment l'émission a-t-elle évolué ?
Alix Battard : Au début, "Place Royale" était la seule émission à s'intéresser à la royauté. Aujourd'hui, c'est un sujet omniprésent dans les magazines et sur les réseaux sociaux. Avant, si on voulait une image, il fallait absolument suivre les royautés sur le terrain, ce qui a donné lieu à des voyages incroyables partout dans le monde. Maintenant, c'est différent. Les réseaux sociaux nous abreuvent en images. Donc il faut trouver une autre manière de raconter ce qui a déjà été vu dans l'actualité.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Thomas de Bergeyck : Le mariage au Luxembourg en octobre 2012, c'est un petit pays, mais avec une aura assez importante. Et dans place Royale on parlait beaucoup d'eux parce que d'abord RTL au départ c'est luxembourgeois et puis aussi parce que ce sont des personnalités assez attachantes. J'étais avec Patrick Weber et Stéphane Bern pour commenter l'événement en direct sur un podium qui se trouvait au bord du cortège. Nous avons même prolongé l'antenne, décalant le journal du 13h, tant l'événement était magique.
Alix Battard : Le tout premier grand événement que j'ai couvert, c'était le mariage de Kate et William. Et je n'oublierai jamais. Après, j'ai fait les funérailles de la reine, le couronnement du roi et tout. C'était incroyable d'y être, mais le premier reste spécial.
Anne Quevrin : La première émission depuis le Palais royal de Bruxelles reste gravée dans ma mémoire. Cela montrait que la famille royale nous faisait confiance, et c'était une belle reconnaissance de notre travail. Pour cette première émission, nous avions l'exclusivité avec la princesse Astrid et le prince Lorenz entourant leurs enfants pour la rentrée scolaire de septembre. C'était le tout premier reportage exclusif que nous avons eu, et cela a donné le ton pour les moments historiques à venir, comme le mariage tant attendu du prince Philippe ou la naissance de la princesse Elisabeth, la future première reine des Belges. Ces moments familiaux et historiques ont marqué l'émission, et ont profondément marqué l'histoire de la Belgique.
Quels défis avez-vous rencontrés lors de vos tournages ?
Anne Quevrin : Il y a eu des moments amusants pendant les tournages, comme lorsque je me retrouvais dans des châteaux dépouillés de leurs meubles, ou dans des salles si froides que la buée sortait de ma bouche que ça devenait impossible de faire mes plateaux. Parfois, toute la famille des châtelains assistait au tournage, me regardant comme au théâtre, ce qui mettait une certaine pression. Malgré tout, ils avaient un accueil d'une gentillesse exceptionnelle, et même s'ils m'invitaient souvent à déjeuner, je n'avais jamais le temps d'y aller.
Alix Battard : Récemment, nous avons accompagné la reine Mathilde en Côte d'Ivoire, et c'était le premier gros voyage que nous refaisions depuis la reprise de "Place Royale". L'émission était placée sous beaucoup de stress. Les conseillers de la reine nous ont mis pas mal de pression depuis le début du voyage, et il y avait beaucoup d'attentes autour de l'interview. Toute l'émission dépendait de cette entrevue, mais en rentrant en Belgique, nous nous sommes rendu compte que nous n'avions pas les images à cause d'un bug de caméra. Finalement, grâce à des logiciels de décryptage, nous avons réussi à récupérer une partie des interviews. Cela a été un énorme stress !
Thomas de Bergeyck : Le défi en Thaïlande était lié à la météo. Il faisait 45° à Bangkok, et je devais faire des plateaux dans les rues en costume avec une chemise d'hiver rose. C'était très difficile à cause de la chaleur, et ma chemise se trempait de sueur et devenait très foncé. Avec mon caméraman, nous prenions des taxis avec l'air conditionné pour sécher rapidement avant de retourner filmer. C'était complètement débile.
Quelle a été votre rencontre la plus marquante avec un membre de la famille royale ?
Alix Battard : J'ai le souvenir d'avoir été au Danemark, au domicile du prince et de la princesse. J'avais le sentiment d'aller loin, dans un endroit où je n'aurais jamais été si je ne travaillais pas pour "Place Royale". C'était leur domicile privé, perdu à la campagne, au milieu du Danemark. C'était vraiment chouette de pouvoir voir cet aspect intime et quotidien de leur vie.
Anne Quevrin : Les voyages avec le futur roi Philippe sont certainement ceux qui m'ont le plus marquée. Grâce à lui, j'ai eu la chance de découvrir des endroits que je n'aurais jamais vus autrement. Par exemple, après des missions économiques, nous faisions des visites privées. J'ai été au Népal et au Bangladesh avec lui, parfois dans des conditions très difficiles, comme l'absence d'électricité dans des villages reculés. Ces moments m'ont permis de mieux percevoir le futur souverain.
Thomas de Bergeyck : J'ai un souvenir particulier avec le roi Albert. Lors d'une visite à RTL, je lui ai dit "enchanté", ce qui est une erreur de protocole lorsqu'on s'adresse à un roi. J'étais jeune et je ne savais pas. Et depuis ce jour-là, je ne l'ai plus jamais fait.
Avez-vous une famille royale préferée ?
Alix Battard: Moi, j'adore les Hollandais. Je les trouve super décontractés et joyeux. Je trouve qu'une famille royale, même si on aime bien la royauté, on aime bien un peu le faste. Tout ce que les Anglais ont : les carrosses, les diadèmes, les parades militaires incroyables... On peut trouver ça désuet, mais moi, je trouve que c'est ça qui participe au rêve. Et les Hollandais ont ça. Ils ont vraiment un décorum et un faste très fort, mais dans une monarchie qui est ultra décontractée. Je trouve que c'est le parfait match d'une monarchie moderne et en même temps qui perpétue une histoire.
Quels souvenirs gardez-vous de votre collaboration avec Anne Quevrin ?
Thomas de Bergeyck : Anne m'a permis de commencer toute cette aventure. Elle m'avait repéré alors que je faisais des sujets depuis à peine trois mois au journal télé, et il lui fallait un journaliste pour compléter son équipe. Très vite, elle m'a confié des voyages, comme en Turquie, où j'ai dû la remplacer sur une mission. Elle m'a fait confiance très tôt, et je lui dois beaucoup pour cela.
Alix Battard : Elle était exigeante, mais elle avait un côté maternel avec moi. Elle a beaucoup contribué à ma carrière en me donnant ma chance quand j'étais jeune journaliste. Elle avait une grande capacité à transmettre sa passion et son expérience, et je me souviendrai toujours de son rire communicatif.
Quelle est votre plus grande fierté ?
Anne Quevrin : Ma plus grande fierté est la succession. Ce sont ceux qui continuent de voir la réussite de ceux qui ont travaillé avec moi. Je suis fière d'avoir ouvert la monarchie à la population belge.
Ne manquez pas la rétrospective des 30 ans de Place Royale avec le retour exceptionnel d'Anne Quevrin, ce samedi 2 novembre à 19h50 sur RTL tvi et en streaming sur RTL play.