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À Manage, Patricia a reçu de mystérieuses graines venues de Chine: les résultats des premières analyses sont connus

Des milliers de personnes en Europe, aux États-Unis et au Canada ont reçu des sachets de graines venant de Chine et d'autres pays asiatiques par voie postale, sans les avoir commandés. Un cas a été signalé en Belgique. Afin d'éviter que des plantes invasives ou des maladies végétales ne s'introduisent dans le pays, l'Agence fédérale de sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) demande aux personnes qui recevraient ces envois de les jeter dans un double emballage et de l'avertir.

Une habitante de Manage (Hainaut) a reçu par voie postale des graines qu'elle n'avait pas commandées. Le paquet ne contenait pas de passeport phytosanitaire ni aucun autre document. L'analyse a montré qu'il s'agit de cyprès d'été, ou "bassia scoparia", a indiqué jeudi Frédéric Debode, directeur de l'unité de génie biologique du Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W). "Certains pays, dont la Suisse ou l'Australie, l'ont classée dans la liste des espèces envahissantes", explique le spécialiste. "Cette plante décorative s'y plait tellement qu'elle crée des massifs qui laissent peu de place aux plantes indigènes."

Pas porteuses de maladies

Une première analyse des graines indique cependant qu'elles ne sont pas porteuses de maladies nécessitant une quarantaine. "Si vous recevez des sachets non sollicités de semences, il vous est demandé de les placer dans un double emballage fermé et de jeter le tout dans votre poubelle d'ordures ménagères afin que les semences soient détruites", conseille l'Afsca. Afin de pouvoir enquêter sur les colis, l'agence demande également d'envoyer des photos des bordereaux d'envoi des emballages et des sachets à l'adresse pointdecontact@afsca.be. En cas de contact avec les semences, l'Afsca recommande de bien se laver les mains et de désinfecter tout objet ayant été en contact avec elles.

À Manage, Patricia a reçu de mystérieuses graines venues de Chine

Vendredi dernier, Patricia, une habitante de Manage, a donc reçu un minuscule colis en provenance de Chine. Le paquet contenait quelques grammes de graines. Mais pas de document ou d'explication à l' intérieur.

"Moi ce que je recherche maintenant c'est l'origine de ces graines", avait expliqué la Wallonne qui n'a rien commandé.

Inquiète, Patricia a contacté les autorités. "Il est hors de question que je jette ce truc à la poubelle sans savoir ce que c'est. S'il n'y a pas de risque tant mieux", avait ajouté la destinataire du colis.

Un phénomène mondial

Même surprise pour des milliers de particuliers à travers le monde. Aux Etats-Unis, ces envois ont été pris très au sérieux. Le ministère de l'Agriculture avait signalé fin juillet que des paquets de graines avaient été envoyés à des Américains et avait recommandé de ne pas les planter, au cas où elles présenteraient un danger pour l'agriculture américaine.

"Traitez-le comme s'il était radioactifs, comme si c'était de la kryptonite. Ne les jetez pas à la poubelle", avait lancé Sid Miller, commissaire à l'agriculture du Texas.

"Ne pas les planter ou les manipuler"

Avec plus de mesures, ces envois inquiètent aussi en Wallonie. "Ce qui importe c'est de ni planter ni manipuler ces graines", a conseillé Frédéric Debode, chef de projets au centre wallon de recherche agronomique, en découvrant le colis de Patricia.

Après une quarantaine, le laboratoire agronomique va analyser ces graines et identifier l'espèce. "Il n' y a en tout cas aucun passeport phytosanitaire qui est associé à cet envoi de graines, ce qui est tout à fait obligatoire pour l'envoi de tels échantillons et donc il faut évaluer le risque", a précisé Frédéric Debode. C'est-à-dire comme des espèces invasives ou des maladies. Jusqu'ici les Etats-Unis ont décelé des graines ordinaires comme de la lavande ou du chou.

"Le Brushing"

Mais qui est derrière ces envois? Une des pistes serait une stratégie commerciale sur Internet. Il s'agit d'une pratique qui consiste à "booster" artificiellement les commentaires et les notes d’un commerce en ligne à l’aide d’achats fictifs.

Cela s'appelle le brushing. Le destinataire devient un faux clients. "Il y a peut-être une fraude économique derrière ces envois Le but est d'inciter les gens à la prudence et de pouvoir alerter les autorités s'ils sont concernés", a détaillé Willy Borsus, ministre wallon de l'agriculture, de la nature.

L'usage des données personnelles de notre témoin pose aussi question. Pour ce qui est de l'analyse des graines, l'ensemble des résultats seront connus dans les prochaines semaines.

Une arnaque?

Aux Etats-Unis, les examens de ces mystérieux colis ont révélé qu'au moins 14 sortes de graines différentes avaient été exportées : menthe, moutarde, romarin, lavande, hibiscus, roses...

"A ce stade nous n'avons pas de preuve indiquant qu'il s'agit d'autre chose que d'une arnaque où les personnes reçoivent des produits sans les avoir commandé de la part d'un vendeur qui ensuite publie des fausses critiques positives pour booster ses ventes", a précisé le ministère de l'Agriculture américain dans un communiqué le 12 août.

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