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C'est une maman en détresse qui nous contacte via le bouton orange Alertez-nous. Depuis deux ans, son fils, qui présente un lourd handicap, n'est plus scolarisé. Selon elle, aucune solution n'existe pour le jeune garçon. Qu'en est-il réellement ?
"Mon enfant lourdement handicapé a été mis dehors d'un enseignement spécialisé depuis deux ans", écrit Mélissa, une habitante de Flémalle, via le bouton orange Alertez-nous. Son fils, Noah, souffre d'un handicap mental et physique sévère. Jusqu'en 2021, il était scolarisé dans une école spécialisée. Mais après des faits de violence, la direction prend la décision de le renvoyer.
Depuis, sa maman se démène pour lui trouver une place dans un nouvel établissement. En vain. "Il n'y a aucune solution. Ils disent que Noah est un cas très lourd. Ils ne trouvent pas de solution pour le remettre à l'école", explique-t-elle. Pour cette maman, la scolarisation de Noah est pourtant essentielle. "C'est très important. Il a besoin de retrouver une école ou un centre de jour et être avec d'autres enfants pour sa sociabilité", souffle-t-elle.
Je ferais tout ce qu'il faut pour le faire scolariser.
Plusieurs solutions existent pour les enfants qui souffrent d'un handicap comme Noah. Des services résidentiels pour jeunes appelés Centres d'Hébergement pour Enfants peuvent être une solution afin de leur permettre de suivre une scolarité tout en garantissant un cadre de vie familiale. Mais pour Mélissa, inconcevable de placer son fils dans un service résidentiel. Quant aux centres de jour, elle estime qu'ils sont parfois trop éloignés pour leur famille non motorisée.
Mélissa s'occupe donc de son fils au quotidien. "Je suis très fatiguée et vraiment très triste de cette situation-là. Malheureusement, il n'y a pas que Noah dans ce cas. C'est vraiment un combat de tous les jours. Je ferais tout ce qu'il faut pour le faire scolariser", confie cette maman.
Il faut que le parent soit prêt.
Noah est suivi par une équipe du réseau Enfants Adolescents Liège Santé mentale. Des médecins, psychologues, éducateurs, assistants sociaux, infirmiers ou encore pédopsychiatres forment cette équipe. Damien Lerminiaux, pédopsychiatre, suit Noah deux fois par mois environ. La situation des enfants comme Noah est particulièrement complexe. Le garçon souffre d'un polyhandicap (mental et physique). Le nombre de centres permettant sa prise en charge est tout d'abord limité. Pour Noah par exemple, gravir les escaliers seul n'est pas possible. Or, certains centres en sont équipés.
"De plus, si je suis un parent qui a un enfant handicapé, je suis proche de lui et je n'ai pas envie que d'autres s'en occupent parce que je crains que ce ne soit pas aussi bien que moi. Et donc je demande de l'aide quand je suis vraiment dépassé. Et à un certain moment, ça se passe mieux et j'ai envie de le reprendre. Du coup, quand je fais une demande de liste d'attente, je suis rejeté à la fin de la liste", éclaire le spécialiste. Selon Damien Lerminiaux, le nombre de places est limité, mais des possibilités existent malgré tout. "Il faut que le parent soit prêt et c'est ça la partie délicate. C'est un travail de plus longue haleine", assure-t-il.
Ce n'est pas évident d’obtenir une place.
Des places limitées, c'est bel et bien le constat que fait Rebecca Laloum, directrice de Solidaritas-C.R.E.B. "On accueille des enfants qui ne sont pas ou plus scolarisables. Ils présentent une déficience mentale sévère et profonde avec des handicaps associés de type physique et sensoriel. On parle notamment de polyhandicaps. Pour la plupart, ces enfants sont 100 % dépendants de l’adulte, dans tous les aspects du quotidien : alimentaire, soins, activités. Certains enfants peuvent présenter des spectres autistiques. Les familles, les structures qui les accompagnent et les hôpitaux nous sollicitent. Une fois que l’on a la certitude qu’ils rentrent bien dans les profils des enfants que l’on accueille, ils intègrent une liste d’attente", décrit la directrice.
Les enfants y restent souvent de longues années. Résultat : peu de places se libèrent. "Ce n'est pas évident d’obtenir une place. Les listes d’attente sont importantes. Aujourd’hui, on a une quinzaine d’enfants sur liste d’attente. Généralement, les enfants qui rentrent chez nous sont là pour de nombreuses années. Cela veut dire que les places qui se libèrent soit parce qu’un enfant arrive à la majorité ou à 21 ans, soit un déménagement, un changement de situation familiale ou malheureusement, dans certains cas, un décès", éclaire Rebecca Laloum.
On ne va laisser personne au bord du chemin.
En Wallonie, l'AVIQ (l'agence pour une vie wallonne de qualité) tente de trouver des services d'accueil adaptés pour chaque famille. Pour sa porte-parole, il existe des "cas complexes" mais dont une solution peut être trouvée. "Il faut trouver la bonne solution, mais malheureusement, il n'y a pas toujours une solution à 5 minutes de la maison. Il faut parfois aller plus loin", argumente Lara Kotlar. Avant d'ajouter : "La personne demandeuse doit être au cœur du dispositif et on doit tout faire pour trouver une solution qui lui convienne. On ne va laisser personne au bord du chemin".