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Des animaux domestiques et sauvages ont été retrouvés morts à Gouvy, victimes d’un empoisonnement. L’unité anti-braconnage du DNF (Département de la Nature et des Forêts) mène l’enquête et recherche un individu. Les faits "semblent isolés", mais les autorités appellent à la vigilance dans cette zone de la commune. Le Service public de Wallonie (SPW) rappelle les sanctions possibles.
Fin mars, plusieurs cas d’empoisonnements d’animaux ont été signalés près de la station d’épuration à Gouvy. Deux chiens, un chat et d’autres animaux sauvages, notamment des renards et des oiseaux, ont été retrouvés morts. Les propriétaires d’animaux et les habitants de la région se sont montrés particulièrement inquiets.
Le signalement est parti des réseaux sociaux. Un propriétaire y relatait la mort soudaine de son chien après une promenade. "Un monsieur a mis une photo le 23 mars, en écrivant que sa chienne de 11 mois avait été emmenée en urgence chez le vétérinaire après avoir été empoisonnée en allant se promener sur le tour du Jambon à Gouvy", relate Josiane, une habitante de la région. "Cela nous touche, car on a un chien, et ça nous fait peur", confie-t-elle.
J’ai peur qu’on ne sache jamais qui a fait ça
Un mystère a plané autour de la mort de ces animaux avant l'intervention de l’unité anti-braconnage du DNF (Département de la Nature et des Forêts).
"Des personnes se demandaient si ça n’était pas de la mort-aux-rats. Mais le poison qui a été analysé était beaucoup plus puissant. Ils pensent que c’est un acte volontaire de quelqu’un qui a mis ce poison pour les animaux, notamment pour les chiens et les chats. Cela me choque tellement, et ça me va tellement loin", confie Josiane. "Pour nous, c’est quelqu’un d’intentionné, qui sait très bien qu’il s’attaque à des animaux domestiques, car il sait que des gens vont se promener à cet endroit-là. Et comme tout dérange, surtout chez nous, dans les Ardennes... Qu’on puisse laisser nos animaux en liberté, cela dérange... Je trouve ça tellement scandaleux. J’ai peur qu’on ne sache jamais qui a fait ça", conclut-elle.
De leur côté, les autorités communales ont suivi les différentes recommandations du DNF, qui mène l'enquête.
"Actuellement, on est toujours en attente. Le DNF mène l’enquête. On n’a plus eu de déclarations d’animaux morts depuis la semaine passée (la dernière semaine du mois de mars)", indique Véronique Léonard, la bourgmestre de la commune de Gouvy. "Dans mes souvenirs, des faits similaires n’ont pas été observés à cet endroit-là dans le passé. On a analysé la situation, et on a eu des contacts avec le DNF particulièrement, pour savoir comment on allait communiquer."
Ce n’est pas proche d’une zone accessible au public
Véronique Léonard précise ne pas avoir dû interdire l'accès à cette zone aux promeneurs. "L’empoisonnement n’a pas eu lieu sur des bordures de voiries. Un chien s’est notamment aventuré dans des prairies. Le SPW a conseillé ne pas communiquer pour ne pas affoler la population. S’il y avait eu un souci en bordure de voirie ou dans un endroit proche des zones où les gens peuvent se balader, on aurait pris un arrêté interdisant les déplacements à pied, avec ou sans animaux, dans cette zone. Mais on n’a pas pris cette disposition-là. Comme le SPW mène l’enquête, on suit leurs indications. Comme il n’y a plus d’animaux morts depuis quelques jours, on n’a pas été plus loin au niveau des démarches."
Il s’agirait d’un acte isolé
L’affaire est donc entre les mains de l’unité anti-braconnage du DNF, qui a déjà procédé à plusieurs investigations sur le terrain. Des prélèvements ont été réalisés et des analyses sont en cours afin de déterminer la nature exacte du poison utilisé.
"C’était visiblement un poison assez puissant, car le petit chien n’a même pas eu le temps de retourner à sa voiture qu’il était déjà mort. Et le chien moyen n’a pas eu le temps d’arriver chez le vétérinaire", confirme Nicolas Yernaux, le porte-parole du Service public de Wallonie.
Différentes hypothèses ont été émises par les enquêteurs: "Des castors ont-ils été visés, car il y a un barrage à proximité?Au vu des animaux retrouvés morts, il est clair que ce sont des attaques carnées qui ont été utilisées. Or, à moins de tomber sur quelqu’un qui ne connaît pas le régime des castors, pour les empoisonner, ce ne sont pas des attaques carnées (avec de la viande empoisonnée) qu’on aurait utilisées. On continue à enquêter. On a ratissé l’endroit à plusieurs reprises depuis la découverte des cadavres. A priori, il n’y a plus de trace de poison sur le site. Il s’agirait d’un acte isolé, car on n’a pas découvert d’autres sites, avec d’autres animaux morts", précise Nicolas Yernaux.
On espère bien mettre la main sur la personne qui a fait ça
L'individu qui aurait déposé de la viande empoisonnée est recherché par l’unité anti-braconnage du DNF.
"On continue l’enquête, et on espère bien tomber sur la personne qui a fait ça. On rappelle qu’il est évidemment interdit d’utiliser des poisons, quels que soient les animaux visés. C’est extrêmement dommageable pour les propriétaires des chiens, qu’on a pu auditionner, et qui, on le comprend bien, étaient traumatisés par ce qu’ils venaient de vivre. Utiliser du poison comme ça est totalement interdit. C’est extrêmement dangereux. À priori, les enfants ne mangeront pas les morceaux de viande, mais il n’est pas rare que des enfants aillent jouer dans cette prairie. C’est complètement irresponsable de jouer comme ça avec du poison. On espère bien mettre la main sur la personne qui a fait ça pour la punir à la mesure de ce qu’elle a fait."
Jusqu’à 1 million d’euros d’amende
Les sanctions potentielles sont conséquentes, car en cas de poursuites pénales, l’auteur des faits risque jusqu’à un million d’euros d’amende. En sanction administrative, l’amende peut atteindre 200.000 euros.
"Ici, c’est une infraction de 2e catégorie. Jusqu’à 1 million d’euros d’amende, si cela va au pénal, c’est la fourchette haute. Cela dépend de la nature de l’empoisonnement, du nombre d’animaux qui auraient été empoisonnés, du mobile, la personne est-elle récidiviste ? A-t-elle cherché à effacer des preuves ? Il y a une série de critères objectifs qui viennent pondérer. Les montants ont récemment été augmentés."
Des enquêtes auxquelles on est confrontés chaque année
L’unité antibraconnage du DNF est par ailleurs confrontée plusieurs fois par an à ce type d’enquête à la suite d’empoisonnements. "Ce n’est pas rare. Ce ne sont pas des centaines de cas par an, mais ce sont des enquêtes auxquelles on est confrontés chaque année. C’est une unité spéciale du DNF qui intervient à chaque fois, et qui instruit ce type de dossier", ajoute Nicolas Yernaux. "Dans cette unité, ce sont des agents de police judiciaire. Ils peuvent dresser des procès-verbaux comme n’importe quel agent de police. Quand un PV est dressé, il est adressé au parquet, qui a ensuite 60 jours pour se saisir ou non du dossier. S’il ne se saisit pas du dossier, il est automatiquement adressé aux fonctionnaires sanctionnateurs. On entre dans une sanction, non plus pénale, mais une sanction administrative."
En attendant les conclusions de l’enquête à Gouvy, les autorités rappellent l’obligation de tenir les chiens en laisse en zone forestière. "Même si l’endroit est relativement clôturé, un chien n’a pas de mal à se faufiler, et à se diriger vers ce site", conclut le porte-parole du SPW.