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Faute de financements, des cours se donnent dans des yourtes dans une école de Brugelette: "C'est interpellant"

Situation surprenante dans une école de Brugelette : faute de places dans les bâtiments de l’établissement, des dizaines d’élèves ont désormais classe dans de grandes yourtes. Si l’étrangeté des lieux pour donner cours peut faire sourire, le directeur de l’école, lui, n’en est pas ravi. Explications. 

En appuyant sur le bouton orange Alertez-nous, une maman d’élève a voulu dénoncer une situation particulière qui se déroule actuellement dans une école, à Brugelette. "Est-il normal qu’une école se retrouve dans l’obligation de faire une cagnotte pour pouvoir ouvrir des classes ? Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus d’aides, de soutiens ?", questionne-t-elle.

Cette école, c’est celle des Phénix. Dans l'enceinte, un détail saute immédiatement aux yeux : d’énormes yourtes sont installées dehors et à l'intérieur, des élèves suivent des cours. Comment en est-on arrivé à devoir installer ces gigantesques tentes au sein même d’une école ? Le directeur nous donne les explications.

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Manque de subventions dans le réseau libre

"Nous avons ouvert cette école il y a 4 ans, de nouveaux élèves nous rejoignent chaque année et les bâtiments devenaient trop étroits pour accueillir tout le monde", explique-t-il. "Nous avons donc dû construire dix yourtes pour un total de 350.000 euros. On peut mettre une classe d’une vingtaine d’élèves dans chacun des yourtes".

Derrière ce constat, le directeur dénonce un manque de financements pour son école du réseau libre. "Le manque de soutien au niveau des infrastructures de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles est interpellant. Nous recevons des subventions qui ne sont plus en phase avec le coût de la vie. Et pourquoi ? Car nous sommes dans le réseau libre, qui reçoit moins de subventions que les réseaux de la FWB", explique-t-il.

En effet, lors de la création de l'école des Phénix, une inégalité subsistait entre les subventions données par élève de chaque école en Belgique. Celles octroyées au réseau libre restaient inférieures à celles octroyées aux autres. "Approximativement 250 euros par élève", précise le directeur. "On nous dit qu’on va vers une égalité totale pour 2038… C’est un peu tardif. Ma crainte, c’est que vu le manque de subventions, on doive bientôt refuser des élèves. Et qui dit moins d’élèves, dit encore moins de subventions". Le serpent qui se mord la queue, en quelque sorte.

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"De ce fait, nous avons dû en arriver à débuter une campagne de dons pour qu’on puisse avoir des bâtiments à notre disposition", conclut le directeur, amer.

Il va y avoir du changement

Afin de mieux comprendre comment se passe ce système de subvention entre écoles et les inégalités qui en découlent, nous sommes allés à la rencontre de Michel Bettens, secrétaire générale de la FELSI, la Fédération des établissements libres subventionnés indépendants.

Pour lui, le problème de l’école des Phénix est un problème de timing. En effet, du changement a eu lieu tout récemment en ce qui concerne les subventions octroyées. "Pendant longtemps, les réseaux libres n’étaient pas subventionnés en capital pour les bâtiments, ce qui veut dire que les pouvoirs organisateurs devaient financer eux-mêmes la construction de leurs bâtiments", explique-t-il. 

L’école des Phénix n’a donc pas eu de "chance" car dès 2025, cela changera. "Le gouvernement a essayé de répondre aux besoins des écoles en création, et les Phénix ont essuyé les plâtres, car il y a 4 ans, il n’y avait que très peu d’aides. Pour les dernières écoles qui vont ouvrir, l’aide est considérable. L’école des phénix était simplement là un peu trop tôt", détaille-t-il.

Malgré son statut, le secrétaire général de la FELSI admet qu’il est "normal" que la SEGEC (Secrétariat général de l’Enseignement catholique) reçoive plus d’aides car tout simplement il y a plus d’écoles qui y sont affiliées. "Nous sommes plus petits, donc les moyens sont plus petits", conclut-il.

Une "concurrence" entre les réseaux

L’avis du directeur de l’école des Phénix n’est pas isolé. Du côté de la SETCa, le syndicat des employés, des techniciens et des cadres, on dénonce une "concurrence" entre les réseaux qui entraînent ces situations difficiles.

"Il s’agit d’un marché, car pour pouvoir organiser une école, il faut attirer un maximum de population scolaire et du moment qu’il n’y aura pas une enveloppe suffisante pour tout le monde, on sera dans un système ou les écoles se concurrenceront pour avoir de nouveaux élèves pour faire fonctionner leurs cadres", explique Adrien Rosman, coordinateur communautaire au SETCa. "Nous demandons simplement l’arrêt de ce système afin que les subsides soient correctement alloués pour que chaque élève puisse bénéficier du meilleur cadre pour l’apprentissage".

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Pour la SETCa, la solution pour mettre fin à ces différences résiderait dans la création d’un réseau unique et pluraliste. "Cela permettrait à chaque élève de bénéficier de moyens suffisants".

Selon lui, la présence de ces yourtes dans une école apparaît comme étant un symbole de l’état dans lequel se trouve l’enseignement. "Quand on met des élèves dans des yourtes, ce sont les conditions de travail qui en pâtissent. Notre enseignement est l’un des mieux financés, mais l’utilisation des moyens n’est pas optimale. Il faut les utiliser aux bénéfices des élèves".
 

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