Accueil Actu

Unicef Belgique est mal à l'aise: son directeur ad interim écarté

Bien que les faits dont il est accusé "ne soient pas avérés", Unicef Belgique ne pouvait se permettre de garder Bernard Sintobin en poste comme directeur ad interim compte tenu de la nature des accusations le visant, ont estimé lundi le président de l'organisation Eddy Boutmans et son successeur d'ici la fin de ce mois, Roland Steisel. "Pour la sérénité et la réputation d'Unicef, son retrait était nécessaire afin qu'il n'y ait pas d'amalgame."

Une enquête ouverte

Bernard Sintobin a succédé à Olivier Marquet le 7 mai en tant que directeur par intérim d'Unicef Belgique. Vendredi dernier, Eric Goens, un journaliste et réalisateur de reportages télévisés, a établi un lien entre Bernard Sintobin et l'association Hacer Puente, affirmant que l'homme était impliqué - en tant qu'ancien trésorier de l'association - dans un dossier d'adoptions frauduleuses au Guatemala. Le parquet fédéral a ouvert une enquête sur cette affaire, dont les faits remonteraient aux années 80.

"Personne n'était au courant de quoi que ce soit dans l'organisation"

Après avoir pris connaissance des accusations portées, le président d'Unicef a contacté M. Sintobin pour lui demander de se retirer. "Nous ne pouvons pas nous permettre que le directeur - ad interim ou non - soit cité dans de tels faits", a-t-il estimé. Une décision "difficile" pour M. Boutmans, mais nécessaire pour "garantir la sérénité d'Unicef, mais surtout sa réputation". "Nous ne pouvons pas demander au public de respecter la présomption d'innocence." "Personne n'était au courant de quoi que ce soit dans l'organisation", a affirmé devant la presse M. Boutmans. Ni des allégations d'adoptions frauduleuses, ni de l'enquête, "ni du rôle qu'aurait joué M. Sintobin". Sa nomination, dans l'attente de l'aboutissement de la procédure de remplacement d'Olivier Maquet parti pour raisons de santé, était donc à l'époque "tout indiquée", selon Roland Steisel. "Il était membre du comité d'audit depuis 2016" où il faisait "un travail remarquable", de plus, il bénéficie "d'une excellente réputation dans le secteur des ONG". "Dans son curriculum vitae, Hacer Puente apparaissait bien", a reconnu M. Boutmans, "mais elle était mentionnée comme organisation d'aide aux projets de développement sans référence aux faits d'adoption".

Une plainte déposée pour "calomnie et diffamation"

La nuance est importante puisque, selon le président, l'ASBL a cessé ses activités d'adoption dans les années 90 et une seconde association a été créée sous le même nom, mais avec un nouvel objet. "Si les accusation dont fait l'objet l'ASBL sont fondées, cela irait à l'encontre de l'essence même d'Unicef, qui œuvre à la protection de l'enfance", a-t-il encore pointé. Il ne s'agit pas d'une rupture de contrat à proprement parler mais d'une fin de location de services. "On ne peut pas en même temps être en pleine défense de sa personne, de son honneur, de son innocence et être directeur d'une organisation qui a des intérêts humanitaires." Le rythme judiciaire rendra vraisemblablement ce retrait définitif. Il a dans les faits été mis fin à son rôle au sein de l'Unicef, "mais formellement, c'est le conseil d'administration qui doit ratifier la décision, donc la procédure est en cours", a précisé M. Boutmans.

Bernard Sintobin dément toute implication dans des cas d'adoptions frauduleuses. Son avocat a annoncé lundi matin qu'une plainte contre X allait être déposée pour "calomnie et diffamation".

À lire aussi

Sélectionné pour vous

"Je me sens en accord avec mes convictions": comme Stéphane, de nombreux Belges font le choix de se débaptiser après les déclarations du pape

Il y a près de cinq semaines, la Belgique accueillait le pape. Le Souverain Pontife avait suscité la polémique chez nous avec ses propos sur l’avortement et le statut des femmes. Conséquence: aujourd’hui, plusieurs centaines de Belges souhaitent se faire débaptiser. Pourquoi prendre une telle décision ? Que représente la démarche aux yeux de l’Église ?  Société