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Joe Biden a passé la main à Kamala Harris, et en quelques jours, l'espoir a changé de camp. La candidate démocrate monte dans les sondages et Donald Trump n'est plus assuré de retourner à la Maison Blanche. La chronique de Christophe Giltay.
En renonçant à se présenter, Joe Biden a rendu service à son pays et à son parti. Les démocrates croient à nouveau que la victoire est possible à l'élection présidentielle mais aussi au Congrès. Pour autant, ce serait une erreur de croire que l'on va revivre la campagne de Barack Obama en 2008. Tout d'abord parce qu'Obama avait plus de temps devant lui, que son programme était plus structuré et qu'il est un orateur exceptionnel, on le verra d'ailleurs, à Chicago où il prendra la parole pour soutenir Kamala Harris.
Par ailleurs, il disposait d'une situation internationale plus favorable, alors que la candidate d'aujourd'hui se retrouve face à deux conflits majeurs, en Ukraine et au Proche-Orient. Pour l'Ukraine, il n'y a pas d'ambiguïté. En cas de victoire démocrate, les États-Unis continueront à soutenir Kiev, alors que Trump promet d'obtenir la paix en 24 heures, c'est-à-dire en forçant les Ukrainiens à céder à Poutine.
Non, le gros problème pour la démocrate, c'est la guerre entre Israël et le Hamas. La gauche de son parti dénonce cette guerre menée par Netanyahou. Et à Chicago, plusieurs manifestations pro-palestiniennes sont prévues, des manifestations d'étudiants qui pourraient déstabiliser le camp démocrate. D'ailleurs, récemment, lors d'un de ses discours chahuté par des pro-palestiniens, Kamala Harris leur a lancé "Vous allez faire gagner Donald Trump !". Un succès de la mission actuelle du secrétaire d'État Antony Blinken et l'instauration d'un cessez-le-feu seraient un atout majeur dans le jeu démocrate.
Pour autant, les élections aux États-Unis ne se jouent pas sur les questions internationales. Trump enfonce le clou ailleurs, sur le pouvoir d'achat, les impôts et l'immigration, accusant son adversaire de vouloir ouvrir massivement les frontières. C'est bien entendu faux, et la politique de Biden n'a pas été particulièrement laxiste sur le sujet. Mais Trump peut asséner les plus grosses énormités, ses partisans sont prêts à tout croire et tout entendre.
La campagne sera courte d'ici le 5 novembre. Certes, des premiers sondages annoncent la victoire de Kamala Harris, mais aux États-Unis, les sondages nationaux n'ont pas de sens. En 2016, Hillary Clinton a rassemblé 2 millions de voix de plus que Trump, et pourtant, elle a perdu. Ça va se jouer à quelques milliers de suffrages, dans 5 ou 6 États-clés. Dans l'Amérique profonde, bien loin de New York, de San Francisco, et de l'ambiance chaleureuse qu'on vivra cette semaine à Chicago.