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Seiko Hashimoto, présidente du comité d'organisation des Jeux olympiques de Tokyo, se félicite d'assister à des JO-2024 débarrassés de la pandémie de Covid avec des sportifs et des spectateurs qui pourront pleinement exprimer "leurs émotions".
Mme Hashimoto est convaincue que les responsables des JO de Paris sont capables d'organiser un événement "parfait", libérés du "stress" du Covid qui avait frappé le Japon lors de l'édition précédente.
"Je pense que le comité d'organisation de Paris a considérablement bénéficié de ce qu'il a vu lors des JO-2020 et de notre expérience inédite d'organisation de cet événement en pleine pandémie. Il en a tiré des leçons", a-t-elle déclaré fin juin dans un entretien à l'AFP.
"Ce seront les premiers Jeux où les gens pourront exprimer pleinement leurs émotions" depuis la pandémie, se réjouit-elle.
"J'espère que chacun (en France) comprendra la valeur et l'importance d'accueillir les Jeux olympiques et paralympiques dans son pays, quelque chose qui peut profiter aux générations futures", ajoute Mme Hashimoto, revenant longuement sur ce rendez-vous japonais marqué par le Covid et les restrictions.
"Les Jeux de Tokyo se sont déroulés dans des conditions très difficiles, où beaucoup de gens avaient une vision négative et se demandaient: +Avons-nous vraiment besoin de cela ?+", raconte-t-elle.
Mais elle n'éprouve aucun regret sur ces JO décalés d'une année et disputés en 2021, affirmant sans hésitation qu'accueillir les Jeux était "la bonne décision".
"À l'inverse, si nous avions cédé à la pression et annulé les Jeux, je pense que les gens auraient dit : +Pourquoi n'avez-vous pas travaillé plus dur et réfléchi à des moyens d'organiser les Jeux olympiques ?+".
- "Un bon exemple" -
Dans la capitale nipponne, les JO se sont déroulés avec des règles sanitaires très strictes, avec l'interdiction des spectateurs dans la plupart des sites et l'annulation des festivités de rue.
Les rares chanceux autorisés à assister aux épreuves n'avaient pas le droit d'applaudir, d'encourager ou de s'embrasser et devaient porter des masques en permanence.
Avec le recul de trois ans, Seiko Hashimoto estime que les Japonais auraient pu permettre des sites remplis avec des jauges de spectateurs allant jusqu'à 50 à 60% de la capacité des enceintes.
"Nous avons répété à maintes reprises que nous pouvions accueillir (des spectateurs) en toute sécurité. Mais personne n'a écouté", regrette-t-elle, pointant le choix du huis clos des dirigeants politiques.
Hashimoto, qui a elle-même participé à sept JO comme sportive, trois d'été, en cyclisme sur piste, et quatre d'hiver comme patineuse de vitesse, se console en trouvant un certain réconfort dans les invitations lancées à des enfants pour assister à certaines épreuves.
"Je crois que les Jeux de Tokyo ont laissé leur marque dans la mesure où nous avons montré que nous pouvions répondre à diverses demandes tout en continuant à faire avancer le projet", explique-t-elle.
"Pour le meilleur ou pour le pire, nous avons accueilli les Jeux de Tokyo. Il y a peut-être eu quelques lacunes, mais je pense que nous avons montré un bon exemple de ce qui peut être fait malgré des conditions très difficiles."
Seiko Hashimoto, alors ministre en charge des Jeux olympiques et paralympiques, avait été propulsée en février 2021 à la tête du comité d'organisation moins de six mois avant le début des Jeux, après l'éviction de l'ancien président Yoshiro Mori pour des propos sexistes.
Dans des circonstances difficiles, elle se félicite d'avoir pu accueillir les Jeux "presque sans infections".
- Des JO de Paris "différents de l'Asie" -
Mais elle regrette les opportunités perdues en raison de la pandémie, qui a privé Tokyo de sa chance de briller pleinement sur la scène mondiale.
"Dès la phase de préparation, Tokyo a été beaucoup critiqué, déclare-t-elle. Il y avait de grands espoirs. Il y avait tellement de choses que nous voulions faire mais que nous ne pouvions pas faire. C'est un regret".
L'ancienne sportive évoque aussi le scandale de corruption qui a éclaté après les JO et qui avait également "détérioré" l'image des Jeux dans l'esprit des Japonais.
Mme Hashimoto, 59 ans, espère maintenant que les Jeux de Paris pourront réconcilier les Japonais avec les JO en offrant une impression positive.
Elle se rendra d'ailleurs à Paris pour assister à l'événement.
"J'attends avec impatience ces Jeux organisés en France, qui a une culture sportive très sophistiquée. Ils seront différents de l'Asie."