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Laurence et Maxime nous ont contactés via le bouton orange Alertez-nous. Le couple a vécu une expérience traumatisante. Un grand arbre s'est effondré à quelques mètres de la maman et de sa fille, alors que ces dernières rentraient de la crèche. Comment est-ce possible? À quel moment décide-t-on d'abattre un arbre qui pourrait être dangereux pour la population?
"Je n'ai pas réalisé tout de suite, mais quand j'ai vu l'arbre et entendu le bruit qui était impressionnant, j'ai eu peur", raconte Laurence. Cette Bruxelloise est allée chercher sa fille à la crèche, et en rentrant, un arbre "est tombé d'un coup" devant elles.
Par chance, il n'y a pas eu de blessé, mais la maman garde un souvenir traumatisant de cette journée: "J'ai réalisé quand je suis rentrée à la maison, j'ai commencé à pleurer (…) Le lendemain, je n'ai pas osé m'approcher."
Maxime, son compagnon, est en colère: "Je ne comprends pas comment un arbre peut tomber comme ça, sans vent, sans rien. Il suffisait qu'elle marche un peu plus vite et elle était sous l'arbre, la petite aussi."
"Un accident imprévisible"
Pour mieux comprendre comment cela a pu se produire, nous avons rencontré Christophe Laurent, responsable du service espaces vert de la commune d'Ixelles où tout cela s'est déroulé. C'est un "accident imprévisible" et exceptionnel, explique ce dernier.
"À la vue, cet arbre était sain. La couronne bien dense, pas de bois mort, pas de champignon,… Et donc, à mon avis, il a subi toutes les intempéries de ces derniers mois et s'est brisé à une hauteur de 7-8 mètres. C'était invisible à l'œil nu. On pense qu'il y a eu un écoulement d'eau à l'intérieur du bois de cœur", analyse l'expert.
Il précise qu'il y a des contrôles "tout le temps" et qu'en fonction de certains signes, ils lancent des études plus approfondies sur certains arbres. À en croire notre interlocuteur, en d'autres temps, ce système fonctionne. Laurence aurait donc simplement joué de malchance.
Audrey Lhoest, l'échevine en charge de ces questions à la commune d'Ixelles, confirme : "Le risque zéro n'existe pas, mais c'est extrêmement rare (ce type d'accident)." Toutefois, pour prendre encore moins de risque, l'administration a décidé de dresser un inventaire des arbres d'Ixelles. Le but : "Les répertorier, puis analyser leur état de santé pour pouvoir intervenir en cas de besoin dans les meilleurs délais pour assurer la sécurité maximale", explique l'échevine.
Concrètement, ces "cartes d'identité" des arbres ixellois vont faciliter les entretiens et la gestion sur le long terme. À titre indicatif, il y a près de 6.000 arbres en voirie sur toute la commune d'Ixelles, donc sans compter les espaces verts et les zones boisées.
Abattre un arbre, qui prend la décision et pourquoi?
Dans le cas qui nous intéressait plus haut, les signes de danger étaient invisibles. Heureusement, ce n'est pas toujours le cas. Afin d'y voir plus clair, nous nous sommes adressés à Séverin Pierret, garde forestier du Département Nature et Forêts (DNF) à Bouillon.
Il explique d'abord qu'un arbre peut faire face à plusieurs difficultés : sans surprise, "le climat, les vents violents". Ensuite, il peut y avoir "des problèmes sanitaires, des problèmes de stabilisation, des problèmes de dépérissement de l'arbre qui ne se voient pas forcément à l'œil nu."
Dès lors, à quel moment faut-il décider d'abattre ou non un arbre ? "Il faut savoir qu'il y a des arbres qui sont protégés par le développement du territoire, donc on ne peut pas abattre comme on veut. Au DNF, on est sollicité pour des avis. À ce moment-là, on fait un diagnostic visuel de l'arbre en question et si on constate qu'il présente effectivement des problèmes, on remet un avis pour autoriser l'abattage", développe notre interlocuteur.
Il précise aussi que "le bourgmestre a pleine compétence et peut aussi désigner des arbres à abattre pour des raisons de sécurité".
Séverin Pierret énumère les critères qui influencent l'avis sur un arbre :
- Le système racinaire doit être propre, sans impact.
- Le houppier (partie supérieure) doit avoir un bon feuillage, pas de champignon apparent.
- Le tronc doit être intact. S'il y a des blessures, mais qu'elles n'entrent pas dans le cœur de l'arbre, il est considéré sans danger pour la voirie.