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Pour mieux comprendre les dessous du conflit au Proche-Orient, Michel Liégeois, professeur en relations internationales à l'UCLouvain, était invité sur le plateau du RTL info 13H. Il a notamment expliqué pourquoi Israël attaque maintenant le Hezbollah et pourquoi avec une telle intensité.
L'armée israélienne a bombardé le sud du pays depuis hier, faisant plus de 550 morts et 1.800 blessés en quelques heures. Ce mardi matin encore, des dizaines de cibles du Hezbollah ont été détruite par Israël. Pour tenter de comprendre ce conflit et surtout, de comprendre pourquoi Israël décide d'attaquer maintenant le Hezbollaz et avec une telle intensité, Michel Liégeois était l'invité du RTL info 13H.
Les frappes du Hezbollah contre Israël n'ont jamais cessé, assure le professeur en relations internationales à l'UCLouvain. "Elles ont varié en intensité, selon les moments. Les réponses israéliennes ont été relativement mesurées jusqu'ici, puisque l'essentiel de l'effort militaire était conduit à Gaza. Aujourd'hui, les opérations militaires à Gaza touchent à leur fin. On sait que beaucoup d'otages ont été exécutés ou ont été retrouvés morts", explique-t-il.
Cela signifie que maintenant, on passe "dans une autre phase". C'est une phase de très haute intensité contre les installations militaires et contre les leaders du Hezbollah, qui, "dans l'esprit du gouvernement Netanyahou, représente une autre menace existentielle pour Israël." Exactement de la même manière que le Hamas représente pour lui une menace existentielle depuis le 7 octobre 2023.
Le Hezbollah, pour l'instant, a-t-il les moyens de riposter ? "Le Hezbollah a déjà été fortement affaibli par la fameuse affaire des bippers piégés, qui a quand même atteint un grand nombre de responsables du Hezbollah. Ici, les frappes ciblent évidemment des centres de communication, des centres de commandement, des stocks d'armes du Hezbollah. Le Hezbollah a des ressources très importantes, donc ces frappes vont contribuer à l'affaiblir. La crainte, évidemment, c'est que ces frappes précèdent une intervention au sol. On passerait alors dans un scénario de guerre totale contre le Hezbollah au Liban", répond le professeur.
Beaucoup de pays condamnent les agissements d'Israël et en appellent au calme. Mais pour l'instant, y a-t-il quelque chose qui peut empêcher Israël d'agir? "Non, on voit que des efforts diplomatiques considérables ont été conduits par toutes les puissances, en particulier par les États-Unis, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour essayer de faciliter un cessez-le-feu à Gaza. Plusieurs plans ont été sur le point d'éventuellement conduire à un accord, sans succès, et donc il faut se rendre malheureusement à l'évidence, pour l'instant, il n'y a pas de volonté de la part des principaux acteurs, le Hamas, le gouvernement israélien, et aujourd'hui le Hezbollah, d'aller dans le sens d'une solution négociée, en tout le moins d'un cessez-le-feu", développe Michel Liégeois.
Doit-on craindre que la région ne s'embrase complètement ? Quels sont les différents cas de figure les plus probables ? "Au stade où nous en sommes, c'est extrêmement difficile de prévoir quoi que ce soit", dit-il. Mais ce qui est certain, poursuit notre invité, c'est que la région tout entière est "une poudrière, puisqu'on connaît la situation à Gaza".
Aujourd'hui, le conflit s'étend même au Liban. "On sait que des opérations israéliennes importantes ont déjà eu lieu en Cisjordanie, certaines milices irakiennes ont annoncé leur entrée dans le combat, on connaît l'implication des Houthis et les perturbations que cela produit sur la navigation en mer Rouge, il y a une concentration d'armées de toutes nationalités, de toutes régions dans la région, l'Iran est lui-même évidemment sur le point de s'engager davantage dans le conflit.
Le paradoxe, ajoute-t-il, c'est que si on prend chaque acteur indépendamment, aucun n'a intérêt à un embrasement généralisé, et certainement pas les grandes puissances. "Ceci dit, la situation peut échapper et on n'est pas loin du moment où la situation échapperait complètement à tout contrôle, et on aboutirait à un embrasement généralisé de la région", conclut Michel Liégeois.