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Donald Trump est devenu le nouveau président des États-Unis ce mercredi 6 novembre 2024. Cette victoire soulève de nombreuses interrogations. Pour y voir plus clair, plusieurs experts étaient sur notre plateau pour analyser ce nouveau mandat qui s’annonce.
En écoutant le premier discours de Donald Trump après sa victoire à l'élection présidentielle, une évidence semble se dégager : il compte tout mettre en œuvre pour faire bouger les choses et redorer l'image de l'Amérique, qui, selon lui, s'est dégradée ces dernières années.
Parmi ses nombreux thèmes abordés lors de sa campagne, Donald Trump s'est montré particulièrement ferme sur le sujet du droit à l'avortement. Du coup, une question se pose : les femmes américaines doivent-elles craindre ce nouveau mandat sous Trump ?
Selon Amine Ait Chalaal, professeur de relations internationales à l'UCL, le pays pourrait effectivement régresser en la matière sous Donald Trump. "Il ne faut pas le souhaiter, mais on ne peut pas l'exclure. La Cour suprême des États-Unis de 2022, très idéologisée, notamment du fait des nominations de M. Trump, est ce qui a cassé une coutume. (...) Elle a invalidé un arrêt de 1973 qui autorisait le droit à l'avortement. Et de ce fait, (...) un certain nombre d'États fédérés ont pris des mesures punitives et répressives, particulièrement vivaces contre le droit à l'avortement et contre la liberté pour les femmes de disposer de ce droit. Il y a là aussi un problème en termes de démocratie et en termes de défense des acquis démocratiques".
Pour notre experte Chantal Monet, ce qui l'interroge notamment, c'est le nombre de femmes qui ont voté pour Donald Trump, malgré ses propos vulgaires et sa politique souvent très agressive.
"Ce que je trouve intéressant, alors je ne sais pas si on peut vraiment l'expliquer, mais c'est que Donald Trump a encore augmenté son potentiel de votes chez les femmes. Il a eu une campagne où il était extrêmement sexiste, on n'imaginerait jamais qu'un homme politique tienne ces propos chez nous. On avait dit qu'il risquait de faire fuir les femmes, et finalement, il a encore obtenu plus de votes féminins. D'après un sondage d'ABC, parmi les femmes pro-avortement, près de la moitié, 47 %, ont quand même voté pour lui".
Pour l'économiste Bruno Colmant, ce phénomène n'est finalement pas si étonnant. En cause : l'influence des églises évangéliques, notamment.
"Quiconque a vécu aux États-Unis connaît l'influence des églises évangéliques, surtout du Sud. Et en fait, Trump réincarne la posture de l'homme viril, protecteur. C'est un peu la "petite maison dans la prairie" avec une femme qui est en dépendance de son homme, qui est armé. Et finalement, les femmes sont les meilleures alliées dans la lutte contre l'avortement de Trump, parce qu'elles sont plus vocales que les autres. Il y a une sorte de courant démocrate, mais qui est finalement assez esquivé, sous-jacent, et qui n'est pas très exprimé dans les médias publics. Mais donc finalement, ça ramène toujours à cette même idée : c'est que Trump représente aujourd'hui ce que les Américains espéraient être, mais ne sont plus maintenant. Donc c'est le deus ex machina, qui va sublimer tous les problèmes. D'ailleurs, il a dit aux femmes qu'il allait les protéger, que ces femmes pouvaient lui faire confiance. Donc cela voulait dire : 'vous n'allez pas avorter, mais nous allons prendre soin de vous'. (...) Et je crois que ce n'est que le début, parce qu'un jour, dans certains États comme l'Arizona, on verra que la pilule du lendemain sera interdite, voire peut-être une mesure encore plus radicale".