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Israël lance "actuellement" des opérations terrestres "limitées, localisées et ciblées" visant le Hezbollah dans le sud du Liban, près de la frontière, a indiqué lundi le département d'Etat.
L'armée israélienne a annoncé avoir traversé la frontière libanaise avec des troupes au sol afin de combattre le Hezbollah dans plusieurs villages du sud du Liban.
Ces opérations, qualifiées de "limitées, localisées et ciblées", visent des "cibles et infrastructures terroristes", d'après un communiqué de l'armée. Le nombre de soldats impliqués dans cette offensive n'a pas été précisé.
Inquiétudes américaines et internationales
"Ils nous ont informés du fait qu'ils mènent actuellement ce qu'ils disent être des opérations limitées ciblant des infrastructures du Hezbollah près de la frontière", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, faisant part de conversations entre Israël et les Etats-Unis à ce sujet.
D'autres médias américains tels que le Washington Post et CNN, s'appuyant sur des sources anonymes, ont également rapporté qu'Israël avait informé les États-Unis d'une opération terrestre prévue au Liban. Le raid viserait à détruire les infrastructures du Hezbollah dans la région frontalière.
Les États-Unis craignent qu'une opération terrestre limitée ne se transforme en une incursion beaucoup plus importante, selon CNN. Ces préoccupations font l'objet de discussions avec Israël, rapporte la chaîne d'information. Lundi, le président Joe Biden avait laissé entendre qu'il était opposé à des opérations terrestres israéliennes, appelant à un cessez-le-feu.
Le patron de l'ONU Antonio Guterres avait ainsi dit son opposition à toute "invasion terrestre" israélienne du Liban, tandis que le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, en déplacement à Beyrouth, avait appelé Israël à "s'abstenir de toute incursion terrestre" ainsi qu'à un cessez-le-feu.
Plusieurs pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé avoir affrété des vols pour évacuer leurs ressortissants du Liban. La France a déployé un navire militaire par "précaution", en cas de besoin d'évacuation de ses ressortissants.
Peur et exode au Liban
"Beaucoup craignaient cette attaque terrrestre depuis plusieurs jours avec les nombreuses annonces de l'armée israélienne, du gouvernement de l'État hébreu", indique Amélie David, correspondante sur place. "Beaucoup s'y préparent ici, beaucoup le craignent, beaucoup ont peur."
De nombreux habitants du Liban essayent actuellement de partir du Liban, en passant par l'aéroport,les voies terrestres ou encore par la mer. "Les gens ont peur et se demandent de quoi sera fait demain", souligne Amélie David. "Et cela surtout depuis les attaques massives d'Israël de ces dernières semaines."
Lundi soir, l'armée israélienne a instauré une "zone militaire fermée" autour de trois localités frontalières avec le Liban, renforçant les spéculations sur une possible offensive de plus grande envergure contre le Hezbollah.
Les autorités israéliennes n'ont pas confirmé officiellement l'imminence de cette opération, mais le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a laissé entendre qu'une nouvelle phase dans la lutte contre le Hezbollah était sur le point de commencer.
Intensification des frappes
Israël a récemment mené d'importantes frappes aériennes contre le Hezbollah et opère déjà avec des troupes au sol dans la bande de Gaza, où il veut éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas. Le bilan des frappes israéliennes de lundi au Liban est de 95 morts, selon le ministère de la Santé.
Des bombardements israéliens sur des habitations ont tué 12 personnes dans le camp de réfugiés de Nousseirat, au centre du territoire. Sept autres personnes ont péri lors de frappes sur une école abritant des personnes déplacées à l'est de la ville de Gaza.