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Rassemblement du RN à Paris: Marine Le Pen dénonce une "chasse aux sorcières" qui "bafoue l'état de démocratie"

Un rassemblement en soutien à Marine Le Pen, condamnée pour détournement de fonds publics, a lieu à Paris. Une contre-manifestation de la gauche est prévue.

 

Deux ans avant la présidentielle en France, l'extrême droite organise à Paris un rassemblement de soutien à sa cheffe de file, Marine Le Pen, condamnée à une peine d'inéligibilité, dans un climat de tensions avec des contre-manifestations attendues dans la capitale.

Marine Le Pen prend la parole

Jordan Bardella s'est exprimé en premier. Il a pointé "une provocation" et a affirmé vouloir "avancer sans relâche jusqu'à la victoire". "Marine Le Pen est une femme d'État", a-t-il ajouté.  

Marine Le Pen a ensuite pris la parole devant la foule rassemblée en son soutien. Elle a dénoncé une "décision politique" et une "chasse aux sorcières". "Ce n'est pas une décision de justice, c'est une décision politique" qui a "non seulement bafoué l'État de droit, mais aussi l'État de démocratie", a-t-elle affirmé devant ses partisans réunis à Paris, leur promettant de ne "rien lâcher". "Nous ne demandons pas d'être au-dessus des lois, mais pas au-dessous des lois", a-t-elle encore dit, réfutant tout "esprit de sédition".

Affaire des assistants parlementaires 

La condamnation en première instance du premier parti de France, le Rassemblement national (RN), dans l'affaire des assistants parlementaires européens pour détournement de fonds publics, et l'hypothèse sérieuse de l'inéligibilité de Marine Le Pen, l'une des favorites de la prochaine présidentielle de 2027, ont mis la classe politique en tension.

Un parti extrémiste, qui ne veut pas respecter les institutions

D'ici l'été 2026, la cour d'appel de Paris doit se prononcer sur le sort de la triple candidate à l'élection présidentielle, condamnée en première instance à quatre ans de prison dont deux ferme, ainsi qu'à une peine d'inéligibilité immédiate de cinq ans. La patronne du groupe RN à l'Assemblée nationale se montre combative et n'entend pas d'ores et déjà passer le flambeau au président de son parti, Jordan Bardella.

"Que les choses soient très claires: nous ne laisserons pas les Français se faire voler l'élection présidentielle", a lancé Mme Le Pen mardi devant ses députés.

"Il n'est ni sain ni souhaitable" d'organiser un rassemblement pour protester contre une décision de justice, estime François Bayrou dans une interview au Parisien.

"Chassez le naturel, il revient au galop", raille pour sa part le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, relevant sur Radio J que "quand il a de vraies difficultés, on voit à nouveau que le vernis du RN craque, on voit à nouveau le vrai visage" de ce "parti extrémiste, qui ne veut pas respecter les institutions".


"On a encore le droit, en République, de faire un rassemblement de soutien", a rétorqué le député RN Thomas Ménagé sur franceinfo, assurant que les partisans de Mme Le Pen "ont envie de se réunir dans une ambiance démocratique, pacifique".


Les autorités restent toutefois sur leurs gardes: de source policière, 8.000 personnes sont attendues au meeting du RN, avec la présence possible en marge de ce rassemblement de militants d'ultragauche, mais aussi d'ultradroite.

"Mauvais remake du Capitole"


Vu de gauche, ce meeting est plutôt un "grand rassemblement de victimisation" du RN, afin de "taper sur les juges (et) sur l'Etat de droit", a estimé sur RMC Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, qui appelle à une autre manifestation, au même moment, Place de la République à Paris. Une initiative censée selon elle mettre "d'autres images en face" de celles de "Marine Le Pen en mode jérémiades", avec l'appui de La France insoumise et de Générations, mais pas du PS ni du PCF.
 

Même son de cloche à droite: Xavier Bertrand, le président de droite de la région des Hauts-de-France, terre d'élection de Mme Le Pen, redoute la perspective d'un "mauvais remake du Capitole", en référence à l'envahissement du Congrès de Washington par les partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021.

"Ce n'est pas une manifestation contre des juges" mais "pour la démocratie, pour Marine Le Pen, pour la souveraineté populaire", a rétorqué le vice-président du RN, Sébastien Chenu. Ce dernier a toutefois de nouveau critiqué une décision de justice "inique" et une "exécution provisoire qui en fait est l'exécution politique de la principale leader politique française".

Mme Le Pen a aussi été soutenue par des dirigeants étrangers illibéraux et proches de l'extrême droite. Le président américain Donald Trump et son vice-président JD Vance ont dénoncé une prétendue "chasse aux sorcières" menée par des dirigeants européens "gauchistes". M. Bayrou a fustigé une "ingérence" étrangère.

"Un parti dangereux pour la démocratie"

Le parti de la gauche radicale La France Insoumise (LFI) ainsi que les écologistes organiseront au même moment un contre-rassemblement face au RN, place de la République à Paris, à quelque 5 kilomètres de distance des Invalides.

Le RN montre son "vrai visage", celui d'un parti "dangereux pour la démocratie", a estimé dimanche le coordinateur de LFI, Manuel Bompard. Un autre meeting, qui était lui prévu depuis des mois, s'est ouvert en début d'après-midi à Saint-Denis, au nord de Paris, à l'appel de Renaissance, le parti centriste proche du camp présidentiel.

L'ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui dirige cette formation, a battu le rappel après l'annonce du rassemblement du RN, pour défendre "l’État de droit". À l'ouverture de son meeting, M. Attal a accusé l'extrême droite "d'attaquer nos juges" et "nos institutions".

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