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C'est la saison des Marathons ! Hier, à Paris, on dénombrait 56.000 participants pour l'événement de la capitale française. À Bruxelles, également, les coureurs étaient à l'honneur, dont le départ fut donné par le roi Philippe en personne. Dans certains milieux, c'est très chic de s'engager dans ce genre de course. Le top étant le marathon de New York. Mais il existe désormais des coureurs qui se proposent de disputer l'épreuve à votre place, moyennant finance. Ainsi, les clients peuvent impressionner leur entourage et améliorer leur image sur Strava, le réseau social des sportifs.
Je vous avoue que je ne m’imaginais pas que, dans notre société où la performance est magnifiée dans tous les domaines, on en était au point de payer des coureurs fantômes. J’ai découvert ce phénomène ce week-end dans un article du Figaro consacré au marathon de Paris.
Au début, je pensais que c’était un gag digne d’un film des Charlots, du genre, je me cache derrière un arbre et je reprends la course dans le dernier tour, mais pas du tout c’est très sérieux. On les appelle les "Strava Jockey", et ils recrutent leurs clients sur les réseaux sociaux. Notamment sur Instagram avec des messages limpides : "Tu veux booster tes statistiques sur Strava et impressionner tes amis sans bouger de chez toi ? Engage-moi pour courir à ta place, à la vitesse et sur la distance que tu veux".
L’un d'eux, qui se confie au Figaro, affirme qu’il demande 30 euros pour 10 kilomètres. Strava fonctionne avec un système de récompenses basé sur les performances. Par exemple, si l’on a battu son précédent record sur X kilomètres dans un marathon ou un simple cross. L’idée est de s’améliorer, mais aussi et surtout de se comparer aux autres. Les "Strava jockey" sont souvent d’authentiques sportifs, issus de milieux modestes, membres de clubs d’athlétisme où l’on se refile le filon au vestiaire. L’idée est de gagner de l’argent facilement en pratiquant sa passion.
L’activité serait en plein boom, certains jockeys disputent jusqu’à trois courses par jour, d’autres ont quasiment de petites entreprises, informelles, avec trois ou quatre coureurs associés, à qui ils sous-traitent leurs contrats. Le client donne au jockey un accès à son compte Strava afin qu’il puisse enregistrer son activité. Les motivations sont diverses : ainsi, un jockey a été embauché par un dirigeant du CAC 40, qui devait, sous l’injonction de son médecin, se mettre à courir régulièrement. Comme il n’avait pas envie, il a préféré payer quelqu'un pour courir à sa place. Un autre profitait de ses courses bidons pour aller voir, pendant la durée d’un marathon, une petite camarade à l’insu de son épouse.
Mais, en général, comme sur tous les réseaux sociaux, l’idée est de valoriser sa petite personne. Et comme le sport est aujourd’hui une valeur positive synonyme de vie saine et équilibrée, c’est un moyen comme un autre de se faire bien voir par ses collègues, ses amis ou son patron. On est bien loin de l’effort solitaire et modeste, bénéfique pour la santé. Il existe même un slogan "Si ce n'est pas sur Strava ça n’existe pas". Conclusion : l’important n’est pas de participer, mais de dire qu’on l’a fait.