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Le vent électoral serait-il en train de tourner en France, à quelques jours du second tour des législatives? Dans les sondages, le Rassemblement National s'éloigne de la majorité absolue, mais aucune coalition alternative ne semble vraiment se dessiner pour gouverner la France après le 7 juillet.
En quelques heures, la donne a changé. Depuis le début de la campagne, toutes les projections en sièges donnaient une majorité relative, élevée, au Rassemblement National. Certaines lui accordaient même la majorité absolue de 289 sièges. Marine Le Pen avait déclaré il y a 48 heures encore qu'avec 270 sièges, son parti accepterait de gouverner et trouverait une vingtaine d'alliés, notamment chez les élus non-inscrits, pour soutenir ses projets.
Mais hier soir, lors de la grande émission où étaient représentés les trois principaux partis, BFMTV a publié la première projection tenant compte des désistements. Le RN serait toujours en tête, avec une fourchette de 190 à 220 sièges, soit loin de la majorité absolue. Le NFP aurait de 159 à 183 sièges et le parti présidentiel de 110 à 135. Les Républicains sauveraient les meubles en recueillant de 30 à 50 élus.
Vous me direz, c'est simple, si on additionne le total de tous les partis de l'arc républicain, il y a une majorité et le RN reste dans l'opposition. Sauf qu'hier, Emmanuel Macron a déclaré qu'il était hors de question pour lui de gouverner avec les Insoumis, un membre du Front populaire, le parti de Jean-Luc Mélenchon, qui pour bien des Français est un repoussoir équivalent à Marine Le Pen.
Le RN s'est saisi tout de suite de cette contradiction et a modifié sa stratégie sur le terrain, en dénonçant des magouilles, des petits arrangements entre amis, des combinaisons pour conserver des voitures à cocarde. Dans bien des pays européens, ça ne surprendrait pas plus que ça de voir la droite, le centre et la gauche s'allier au pouvoir. Mais en France, les électeurs sont habitués à des majorités claires, soit blanc, soit noir.
Même ces deux dernières années où la majorité présidentielle n'était pas absolue, elle a pu gouverner et aucune motion de censure ne l'a renversée. Qu'en serait-il d'un échafaudage fait de briques et de brocs et dont le seul objectif était de barrer la route au RN?
Hier, en déplacement dans l'Oise, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué un Parlement pluriel, mais a-t-il ajouté "je n'ai jamais parlé de coalition". Ah bon ? Et alors ? On fait comment ? On s'acheminerait vers un scénario où le gouvernement sortant assurerait les affaires courantes le temps que le président consulte et que ça se décante. Et en Belgique, on sait que ça peut prendre un certain temps.