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Va-t-on vivre une semaine décisive en France sur le plan politique? L'élection jeudi du Président ou de la Présidente de l'Assemblée nationale devrait clarifier les choses. Mais rien n'est sûr car la gauche, arrivée en tête lors des élections législatives, est de plus en plus divisée.
Il y a une différence fondamentale dans la manière dont la Belgique et la France constituent leur majorité. En Belgique, on cherche d'abord un accord entre partis, un programme de gouvernement, puis ensuite un chef. La logique voudrait que le formateur devienne Premier ministre, mais ce n'est pas systématique. Je me souviens ainsi d'un gouvernement Martens qui avait été formé par Jean-Luc Dehaene.
Quant à Bart De Wever, il a l'air de se résigner à briguer la fonction si sa mission aboutit, mais ce n'est pas vraiment l'enthousiasme. Il faut dire que pour quelqu'un qui rêve de scinder la Belgique en deux, en devenir le représentant sur le plan national et international, ça va demander une grande souplesse intellectuelle. J'attends avec gourmandise le jour où il devra prendre la parole en français au sommet de la francophonie.
Différent en France
En France, la problématique est différente. C'est sur la personnalité que la coalition arrivée en tête, la gauche, se déchire. En moins de trois jours, deux têtes sont tombées. Huguette Bello, présidente de la région La Réunion, présentée par les communistes et acceptée par les insoumis, mais refusée par le PS.
Et hier, Laurence Tubiana, maîtresse d'œuvre des accords de Paris sur le climat, proposée par les socialistes, mais réfutée par de nombreux insoumis. Elle est accusée d'être Macron compatible ou, pire encore, d'être hollandiste. Une députée insoumise de Paris a même déclaré "le hollandisme, c'est comme les punaises de lit. Tu as tout fait pour t'en débarrasser, puis ça gratte à nouveau et ça sort de partout."
Ce n'est pas très gentil pour l'ancien président, mais ça traduit bien une ambiance.
Du côté de Macron
Du côté d'Emmanuel Macron, on espère de plus en plus que l'alliance de la gauche, le Nouveau Front Populaire va éclater et que le centre pourra récupérer tout ou partie des députés socialistes et notamment les hollandistes, en dépit des punaises.
Avec un appui de la droite modérée, le parti présidentiel se verrait bien de nouveau au centre du centre, comme le pivot de la nouvelle assemblée. L'élection au perchoir jeudi devrait clarifier les choses. Mais comme pour le poste de Premier ministre, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Chaque groupe politique pourrait présenter un candidat. Et ce n'est qu'au troisième tour, quand une majorité relative est suffisante, qu'on pourrait y voir plus clair.
D'ici là, Gabriel Attal, démissionnaire, mais chargé des affaires courantes, reste à Matignon. Et ça pourrait durer encore un bon moment. Le temps que la flamme olympique s'éteigne.