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La France se prépare à voter ce dimanche pour le premier tour des élections législatives anticipées. Parmi les communes qui comptent plus de 10 000 inscrits sur les listes électorales, il y a Bruay-la-Buissière. C'est là que l'on a voté le plus massivement pour le Rassemblement National aux récentes élections européennes.
Bruay-la-Buissière, dans le Pas-de-Calais. Ses terrils, ses petites maisons de mineurs en enfilade, ses corons et ses 22 000 habitants. Là, on a longtemps vécu du travail du charbonnage. Là, on a longtemps voté le Parti Socialiste, jusqu'en 2020 où la ville a viré à l'extrême droite, en élisant Ludovic Pajot, l'un des plus jeunes candidats du parti à l'époque.
Aujourd'hui, dans les quartiers de Bruay, un sentiment de délaissement persite. "Il y a trop, trop de choses qui ne sont pas normales, pas logiques. Il n'y a plus rien qui va, je trouve", témoigne cette habitante. "On est dans le doute, on vit le jour le jour sans savoir ce qui nous attend derrière."
"Nous, à la Cité 30 (cité minière de la ville, ndlr), ils ne font rien du tout", indique une autre Bruaysienne. "Il y a tout un abandon. Il n'y a qu'à la Clarence que c'est plus propre quand même. Mais nous, c'est tout sale, partout."
Lors des élections européennes, à Bruay-la-Buissière, Jordan Bardella, tête de liste RN, a obtenu 63,4% des voix. Le score le plus proche est à 7,7% pour le parti présidentiel.
La disparition des mines, un grand tournant
En plein centre-ville, nous rencontrons Emmanuel. Il tient une friterie et connaît bien son histoire. Un bassin minier, qui a connue des périodes florissants. "À l'époque, oui, ça n'avait rien à voir. C'était une ville très commerçante. On avait le plus grand marché de France", explique Emmanuel. "On avait plein de choses, mais c'était dans les années 70, 80, ça s'est éteint tout doucement avec la disparition des mines..."
Depuis, le chômage et la problématique du pouvoir d'achat se sont installés. En 2020, par exemple, le taux de chômage de 15 – 64 ans était de 23,8% dans la commune. En France, au second trimestre, il était à 9.1%.
Dans un bar, l'équipe de RTL info rencontre Rémy, ouvertement de gauche. "On espère que le parti qu'on supporte fera le meilleur score possible...", confie-t-il. D'autres militants sont présents, ils ont beaucoup de mal à digérer la situation et tentent de comprendre la percée de l'extrême droite. "C'est les partis traditionnels qui ont déçu les gens", estime Bastien Coquery, engagé local. "Et aujourd'hui, ils ne savent plus où se jeter. Et donc, par rejet, ils votent pour le Rassemblement National. Mais je suis quasiment sûr que la plupart de ces gens n'adhèrent pas aux idées xénophobes, racistes que peut avoir le Rassemblement National...."
Désormais largement minoritaire face au RN, la gauche, ici, espère sans certitude, au moins, passer le second tour.