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En Inde, l'opposant Rahul Gandhi renaît de ses cendres

Un temps qualifié de "costume vide", Rahul Gandhi a été nommé mardi chef de l'opposition parlementaire après avoir défié les attentes aux dernières législatives indiennes. Il aura la lourde tâche de relever un parti convalescent après une décennie d'échecs électoraux.

Issu d'une dynastie qui a dominé la politique indienne pendant près de sept décennies, Rahul Gandhi a déjoué les pronostics en permettant à son parti, le Congrès, de presque doubler le nombre de ses représentants au Parlement, son meilleur résultat depuis dix ans.

Principal rival du Premier ministre indien Narendra Modi, il a été désigné mardi pour diriger à 54 ans l'opposition au Parlement, un poste stratégique resté vacant depuis une décennie.

Mais sa capacité à endosser ce nouveau costume divise les analystes.

"Il a réalisé un exploit lors de cette élection. Il a réussi à faire en sorte que les masses le prennent au sérieux", souligne Sugata Srinivasaraju, auteur d'un livre sur M. Gandhi.

"Mais cela suffit-il à être un bon dirigeant de l'opposition au sein du Parlement? C'est une grande question", s'interroge l'expert.

Pour le secrétaire général du parti du Congrès, K. C. Venugopal, M. Gandhi sera "une voix audacieuse pour le peuple indien" et veillera à ce que le gouvernement "soit tenu fermement responsable à tout moment", a-t-il expliqué dans un communiqué transmis à la presse mardi.

- Politique de coalition -

Au cours de la dernière décennie, Narendra Modi a gouverné sans partage, bénéficiant d'une majorité solide au Parlement pour faire adopter ses réformes sans difficulté.

Des dizaines de textes, dont les plus controversés, ont ainsi été adoptés sans être débattus, quelques heures après leur arrivée à la chambre basse.

Minoritaires, les députés du Congrès ont été contraints lors des deux premiers mandats de Modi de manifester devant le Parlement pour exprimer leur opposition, faute de pouvoir le faire dans l'hémicycle.

Désormais, le Premier ministre indien et son parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (BJP) vont dépendre d'une alliance hétéroclite avec des petits partis pour gouverner et faire face à une opposition ragaillardie.

En outre, le nouveau poste de Rahul Gandhi va lui permettre de peser sur la composition des commissions parlementaires et de siéger dans les comités de sélection pour la nomination des plus puissants fonctionnaires du pays.

Mais le fils, petit-fils et arrière-petit-fils d'anciens Premiers ministres, à commencer par le leader de l'indépendance Jawaharlal Nehru, saura-t-il endosser ce nouveau costume au sein de l'hémicycle?

"Il n'a pas été un grand orateur au sein du Parlement. Il n'a pas été capable d'influencer les foules", estime M. Srinivasaraju.

"De ce point de vue, nous ne savons pas si Rahul est vraiment prêt", poursuit l'écrivain.

- Alternative à Modi ? -

Depuis son entrée en politique en 2004, il a eu du mal à se détacher de l'image de descendant d'une dynastie privilégiée.

Après une série d'impairs en public, ses détracteurs l'ont surnommé "pappu" (benêt). Le député éduqué à Cambridge, a même été qualifié de "costume vide" dans une dépêche diplomatique américaine qui a fuité.

Son parti, le Congrès, autrefois une puissante force politique grâce à son rôle dans la fin de la domination coloniale britannique il y a 75 ans, a été miné par des luttes intestines et des défections.

Il a lui-même manqué "plusieurs occasions de devenir un parlementaire et un homme politique efficace", souligne l'auteur et analyste Rasheed Kidwai.

Les graines de sa récente percée électorale ont été semées en 2022, lorsque Rahul Gandhi a entamé une longue marche à pied pour renouer un lien avec les Indiens à travers le pays et reconstruire sa crédibilité.

Sa campagne a rappelé le célèbre périple effectué en 1930 par Mahatma Gandhi, homonyme sans lien de parenté avec Rahul Gandhi, dont la marche pour protester contre une taxe sur le sel imposée par les autorités britanniques a constitué un moment décisif de la lutte pour l'indépendance.

Il est ainsi parvenu à donner tort aux sondages qui annonçaient une victoire écrasante du BJP, et ce malgré les poursuites pénales pesant contre lui qui, selon l'opposition, sont politiquement motivées par le gouvernement de Modi.

Pour M. Kidwai, ses nouvelles fonctions vont lui permettre de se poser en alternative au Premier ministre.

"Ceux qui ne le prenaient pas au sérieux vont maintenant commencer à le juger avec intérêt", conclut l'analyste.

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