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Le président Volodymyr Zelensky s'est dit convaincu que le nouveau gouvernement français qui sera issu des législatives maintiendrait son soutien à l'Ukraine face à la Russie, jeudi dans un commentaire exclusif auprès de l'AFP.
Ces propos interviennent alors que les élections prévues pour les 30 juin et 7 juillet en France pourraient conduire au pouvoir le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), régulièrement épinglé pour sa proximité avec le régime de Vladimir Poutine.
"Nous croyons que les Français continueront à soutenir l'Ukraine quelle que soit la situation politique", a déclaré M. Zelensky dans un commentaire écrit adressé à l'AFP.
"De même, par la volonté du peuple français, le prochain gouvernement continuera à soutenir pleinement l'Ukraine à la fois sur le champ de bataille" et dans son adhésion à l'UE, a-t-il poursuivi.
Saluant la France pour sa "solidarité inébranlable" depuis le début de l'invasion russe en février 2022, M. Zelensky s'est dit confiant que le nouveau gouvernement français conserverait son indépendance à l'égard de la Russie et demeurerait fidèle aux valeurs européennes.
"Nous sommes convaincus que le prochain gouvernement sera indépendant de l'agresseur russe et restera attaché aux valeurs européennes et à une Europe forte et unie, l'Europe même que l'Ukraine défend contre la tyrannie russe", a-t-il ajouté.
A l'issue des législatives, le président français Emmanuel Macron, un soutien de Volodymyr Zelensky, risque de se retrouver en cohabitation avec un Premier ministre d'extrême droite qui pourrait revoir l'ampleur de l'aide militaire fournie à Kiev.
Après s'être posé en médiateur entre Kiev et Moscou au début de la guerre et notamment avoir appelé à ne pas "humilier" la Russie, le président Macron s'est métamorphosé en fervent partisan de l'Ukraine face à la menace russe en Europe, poussant d'autres Etats, en particulier l'Allemagne, à muscler leur appui.
- Troupes et missiles -
Emmanuel Macron a ainsi ouvert en février le débat sur l'envoi en Ukraine de soldats occidentaux, en refusant d'exclure cette option. Cette idée a été fraîchement accueillie au sein des puissances européennes mais certains alliés - République Tchèque, Pologne, Etats baltes en particulier - l'ont approuvée.
Le président du RN Jordan Bardella, qui pourrait devenir le prochain chef du gouvernement français, est opposé à l'envoi de troupes française en Ukraine de même qu'à la livraison de "missiles de longue portée" permettant à l'armée ukrainienne de frapper le territoire russe.
"Cela créerait les conditions d'une cobelligérance de la France et les conditions d'une escalade" face à la Russie, "une puissance nucléaire", a estimé M. Bardella lundi à Paris.
Moscou, dont les troupes ont envahi l'Ukraine en février 2022, joue sur ces craintes pour tenter de diviser le camp occidental soutenant et armant Kiev.
La position du RN est en contradiction avec celle du président Macron, qui est d'accord pour que l'Ukraine puisse utiliser des armes occidentales afin de "neutraliser" les sites militaires servant à l'attaquer et aujourd'hui largement à l'abri car se trouvant sur le sol russe.
Jordan Bardella a en revanche affirmé lundi qu'il serait "extrêmement vigilant" face aux "tentatives d'ingérence de la Russie".
"Je considère la Russie comme une menace multidimensionnelle à la fois pour la France et pour l'Europe", a-t-il assuré.
La France n'est pas le seul allié de Kiev dont le soutien pourrait être remis en question ces prochains mois, une situation dangereuse pour l'Ukraine, extrêmement dépendante de l'aide occidentale et épuisée par deux ans de guerre avec son puissant voisin.
Une éventuelle victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis fait craindre une réduction, voire une interruption, de la cruciale aide militaire américaine à l'Ukraine.
Face à ce risque, l'Otan a décidé à la mi-juin de prendre la main sur la coordination et la fourniture de l'assistance militaire occidentale aux Ukrainiens, une tâche jusqu'à présent assurée par Washington, pour l'ancrer dans la durée.
Il s'agit bien de mettre en place un système "à l'épreuve de Trump", a ainsi affirmé un diplomate de l'Alliance atlantique.