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Le Vlaams Belang va faire son entrée dans deux nouvelles majorités en Flandre: à Brecht et à Iseghem. Ce sont les troisièmes et quatrièmes communes où le parti d'extrême droite participera au pouvoir.
Brecht
A Brecht, en province d'Anvers, le Vlaams Belang sera au pouvoir, contre toute attente. "nu2960", le mouvement lancé localement par le CD&V, l'Open Vld et Vooruit, avec des indépendants, a en effet conclu un accord avec la liste Vlaams Belang, arrivée troisième aux élections d'octobre.
Après Ninove, où l'extrême-droite dirigera seule, et Ranst, où elle est entrée en coalition avec des listes locales, il y a désormais Brecht. La commune anversoise compte plus de 30.000 habitants, et ne fait pas beaucoup parler d'elle si ce n'est pour son village de Sint-Job-in-'t-Goor, quasi quotidiennement mentionné dans les infos routières des heures de pointe.
La liste "nu2960" y est sortie gagnante des élections d'octobre, avec 15 sièges sur 31. Cette nouvelle liste associant des chrétiens-démocrates, des socialistes et des libéraux s'était rapidement tournée vers la deuxième force locale, la N-VA (10 sièges), pour tenter de former une coalition. Celle-ci aurait partiellement prolongé l'actuelle alliance entre la N-VA du bourgmestre sortant Sven Deckers et le CD&V.
Quelques semaines plus tard, c'est cependant l'échec: ni les deux semaines de droit d'initiative du gagnant, ni celles de la locale N-VA n'ont permis aux deux parties de trouver un terrain d'entente. La faute de la N-VA, qui avançait des exigences démesurées, selon "nu2960". C'est le Vlaams Belang, arrivé troisième (et dernière liste à avoir obtenu un siège) avec six sièges, qui a donc hérité du droit d'initiative et a finalement débloqué la situation avec un accord avec "nu2960". Les deux parties l'annoncent mardi, présentant d'emblée également leur nouvelle équipe pour diriger la commune, avec le CD&V Frans Van Looveren en tant que bourgmestre.
Ce dernier est actuellement échevin. Il devrait rapidement perdre son étiquette "CD&V", puisque le parti a annoncé dès mardi exclure ses élus locaux impliqués dans l'accord avec l'extrême-droite. Ce sera donc normalement aussi le cas de Daan De Veuster, tête de liste "nu2960" et appelé à rempiler en tant que premier échevin, ainsi que de Roeland Ruelens, Miranda Crynen et Luc Aerts (ex-bourgmestre), tous CD&V et tous annoncés mardi comme membres de la nouvelle équipe dirigeante. Cette dernière comprend aussi une échevine Open Vld, Ilse Van Den Heuvel, et un échevin Vlaams Belang, Laurent Cooreman, tandis que le président du conseil communal sera également un VB, Patrick Van Assche.
Il ne restait qu'à trancher un poste d'échevin. Visiblement ils trouvent cela plus important que de devoir travailler avec un parti d'extrême-droite
Dans le communiqué commun transmis mardi, "nu2960" ne fait pas mystère de sa préférence initiale pour la N-VA. Mais il s'agissait d'éviter d'aboutir à une commune ingouvernable, à quelques heures de l'expiration du dernier droit d'initiative, se justifie Frans Van Looveren. "On a tout fait, ces six dernières semaines, pour parvenir au meilleur accord possible pour le citoyen. (...) Nous avons toujours cru, au départ des négociations, qu'il fallait pouvoir arriver à un accord avec la N-VA. Mais cela s'est rapidement révélé une voie très compliquée: exiger plutôt que négocier et rechercher des solutions, refuser la discussion, ... ", accuse-t-il.
L'invitation à discuter de la part du Vlaams Belang, ces deux dernières semaines, a quant à elle mené à "des échanges très constructifs", tandis qu'une "ultime réunion" avec la N-VA n'a pas permis de relancer cette piste, affirme le futur bourgmestre. Finalement, "nu2960" a remarqué "beaucoup de zones de convergence" entre son programme et celui du VB. Eviter l'ingouvernabilité était aussi "l'absolue priorité de Vlaams Belang Brecht", ajoute-t-il.
Les deux listes insistent sur leur vision et ambitions locales, "détachées des dogmes nationaux et des idées rouillées". Ce qui a aussi poussé le Vlaams Belang à prendre une nouvelle appellation, "Ons Brecht" ("notre Brecht"), pour regrouper ses élus au conseil communal. La N-VA du bourgmestre sortant Sven Deckers a réagi avec consternation à l'annonce de l'accord. Le maïeur actuel a affirmé qu'un accord entre sa liste et "nu2960" était "en réalité tout proche". Si la N-VA a elle aussi répondu à l'invitation du Vlaams Belang, c'était "purement par politesse", ajoute-t-il. "Sur le contenu, on était d'accord, il ne restait qu'à trancher un poste d'échevin. Visiblement ils trouvent cela plus important que de devoir travailler avec un parti d'extrême-droite. C'est surprenant".
Iseghem
Et le cordon sanitaire est également rompu à Iseghem où le Vlaams Belang s'associe à STIP+. Les deux partis l'ont confirmé mardi. Un accord entre les deux listes avait été conclu dans un premier temps, mais STIP+ avait renoncé à la suite de menaces diverses proférées envers ses membres. Le Vlaams Belang avait le droit d'initiative jusqu'à ce mardi et a finalement réussi à former une coalition. Avec STIP+, la majorité détient 15 sièges sur 29.