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En France, une journée heureuse s'annonce pour le Premier ministre Michel Barnier. Alors que les menaces de censure s'amoncèlent, il pourrait aujourd'hui réunir une majorité écrasante à l'Assemblée nationale. Les députés français vont devoir voter pour ou contre le Mercosur, cet accord avec l'Amérique du Sud que rejettent les agriculteurs. Or, en France, le Mercosur fait l'unanimité contre lui. Le problème, c'est que ce n'est pas le cas ailleurs en Europe.
Il y a des jours comme ça dans la vie où il ne faut pas bouder son plaisir. Certes, Michel Barnier reçoit en ce moment tous les présidents des groupes parlementaires qui ont chacun des critiques sur son projet de budget. Ce lundi, la première à passer, Marine Le Pen, a laissé entendre qu'en dépit de la courtoisie de l'accueil, elle n'était pas satisfaite et qu'elle était toujours prête à renverser le gouvernement en votant avec la gauche.
Bluff ou pas? On verra. Ça devrait se jouer à la mi-décembre. Mais aujourd'hui, personne ne va censurer le gouvernement car en France, l'opinion publique est largement hostile au Mercosur. Et comme on dit, vox populi, vox Dei. Pourtant, ce qu'on surnomme l'accord viande contre voiture n'est pas forcément défavorable à tous les secteurs de l'économie française, à commencer par l'agriculture. C'est surtout la viande bovine et les volailles qui en pâtiraient. Mais les vins et spiritueux, ainsi que les produits laitiers, auraient tout à gagner à voir leurs droits de douane diminuer considérablement dans ce marché de près de 300 millions d'habitants
Quant aux voitures, on répète à qui mieux mieux que ça profiterait principalement aux Allemands, Mercedes, BMW et surtout Volkswagen. Mais les constructeurs français Renault et Stellantis, la maison mère de Peugeot et Citroën, lorgnent avec envie sur l'immense Brésil. Au pays de Lula, les ventes d'automobiles ont progressé de plus de 11% l'an dernier, alors qu'elles stagnent ou baissent en Europe. Mais voilà, quand les tracteurs arrivent en ville, les députés changent de trottoir. Bref, ce sera un non au Mercosur, du moins dans l'Hexagone Ce qui ne veut pas dire que l'Europe ne signera pas le traité.
Depuis 1999, c'est la Commission qui négocie au nom de tous les Européens. Et sa cheffe, Ursula von der Leyen, répète que c'est la dernière ligne droite et que le Mercosur sera bientôt ratifié. En effet, sur son aspect commercial, l'unanimité n'est pas de mise. Pour qu'il soit bloqué lors du vote final en Commission, il faudrait que la France rassemble autour d'elle au moins 35% des citoyens européens.
L'Italie serait dans son camp, la Pologne peut-être aussi. En face, il y a l'Allemagne, mais également le Portugal et l'Espagne, qui, pour des raisons culturelles et linguistiques, commercent depuis toujours avec l'Amérique du Sud. Dans cette histoire, rien n'est simple. Et comme disait Blaise Pascal, vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.