Partager:
L'Ukraine obtient des "résultats tangibles" face à l'offensive russe dans la région de Kharkiv (nord-est) a assuré mardi soir son président Volodymyr Zelensky, peu après que son chef de la diplomatie a demandé que ses alliés abattent à partir de leurs territoires les missiles russes la visant.
Confrontée depuis le 10 mai à une offensive russe de grande ampleur sur ce front, "nos forces détruisent l'occupant, les résultats sont tangibles", a affirmé le chef d'Etat ukrainien dans son discours du soir.
Depuis le début de leur offensive, les forces russes se sont emparé de plusieurs localités dans cette région frontalière de la Russie et forcé Kiev à y dépêcher des renforts, alors l'armée ukrainienne manque déjà de ressources.
Précédemment, M. Zelensky a affirmé qu'il pourrait s'agir de la "première vague" d'une offensive plus large, notamment pour s'emparer de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine.
Dans l'après-midi, au cours d'une conférence de presse à Kiev avec son homologue allemande Annalena Baerbock, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a par ailleurs proposé que les alliés de Kiev abattent à partir de leurs territoires les missiles russes la visant.
"Il n'y a aucun argument légal, sécuritaire ou moral qui empêcherait nos partenaires d'abattre les missiles russes au-dessus du territoire de l'Ukraine à partir de leur territoire", a dit M. Kouleba.
L'Ukraine avait déjà appelé au début de l'invasion les Occidentaux à l'aider à détruire les missiles russes au-dessus de son territoire mais ses alliés avaient alors estimé que le risque d'escalade du conflit était trop grand.
M. Kouleba a balayé l'argument, estimant qu'abattre des missiles ne met pas en danger la Russie ou les soldats russes. Ce sont "des morceaux de métal qui transportent la mort de la Russie vers l'Ukraine", a-t-il martelé.
"Si vous ne voulez pas le faire, fournissez-nous tous les moyens nécessaires. Nous les déploierons sur le territoire de l'Ukraine et nous intercepterons ces missiles nous-mêmes", a-t-il conclu.
En visite surprise à Kiev, Mme Baerbock a quant à elle insisté sur la nécessité de livrer plus de moyens antiaériens à ce pays et cela au plus vite.
"Chaque hésitation et chaque retard dans le soutien à l'Ukraine coûtent la vie d'innocents. Et chaque hésitation à soutenir l'Ukraine met également en péril notre propre sécurité", a jugé la ministre allemande.
- "Priorité absolue" -
"La meilleure protection contre la terreur des missiles russes est de renforcer les défenses antiaériennes de l'Ukraine", a encore dit Mme Baerbock.
Son déplacement intervient au moment où d'intenses combats se déroulent dans la région frontalière de Kharkiv (nord-est), où les troupes de Moscou sont à l'offensive, et après une nouvelle attaque nocturne russe de drones sur Kharkiv et d'autres régions ukrainiennes.
La ministre allemande, dont c'est la huitième visite en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022, s'était inquiétée à son arrivée d'une situation qui s'est "dramatiquement aggravée" pour l'armée ukrainienne.
Le chef de l'administration d'occupation dans la région ukrainienne de Kharkiv a affirmé mardi que l'armée russe contrôlait désormais "environ 40%" de la localité de Vovtchansk, l'une des deux zones frontalières du nord-est où elle est passée à l'attaque.
Les soldats russes "continuent d'avancer vers la Vovtcha, la rivière qui divise la ville en deux parties (...). La partie nord de la ville a déjà été complètement libérée", a déclaré Vitali Gantchev à la chaîne de télévision russe Pervy Kanal.
- Exercices impliquant des armes nucléaires -
En réponse à Mme Baerbock, le Kremlin a dit qu'une augmentation des livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine ne modifierait pas l'avantage dont dispose actuellement la Russie sur le front.
"Cela ne permettra pas aux forces armées ukrainiennes de modifier d'une manière ou d'une autre la dynamique sur les fronts", a affirmé son porte-parole Dmitri Peskov.
Par ailleurs, la Russie a annoncé mardi le début, près du territoire ukrainien, d'exercices impliquant des armes nucléaires, affirmant qu'il s'agissait d'une réponse aux "menaces" occidentales.
L'armée de l'air ukrainienne a pour sa part annoncé mardi avoir abattu 28 des 29 drones explosifs Shahed envoyés dans la nuit par la Russie, notamment sur la ville de Kharkiv, la deuxième d'Ukraine, et des régions du sud et du centre.
A Kharkiv, une trentaine de camions, de bus et de voitures ont été endommagés et deux maisons, un garage et un minibus incendiés par la chute de débris de drones, a précisé le gouverneur régional, Oleg Synegoubov.