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Ce mercredi, l'Assemblée nationale a entamé des débats décisifs sur deux motions de censure qui pourraient renverser le gouvernement de Michel Barnier, une première depuis 1962. Si elles sont adoptées, le pays s'engagera dans une période d'incertitude politique et budgétaire majeure.
Dans un hémicycle bondé et électrique, les députés examinent deux motions de censure, l'une déposée par la gauche, et l'autre par le Rassemblement national (RN).
Ces initiatives font suite à l’utilisation par le gouvernement de l’article 49.3 pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale.
L’adoption de la motion portée par la gauche, soutenue par le RN, est attendue dans la soirée. Après avoir soutenu la formation du gouvernement Barnier en septembre, le RN a justifié ce revirement par l’insuffisance de la prise en compte de ses demandes dans le projet budgétaire.
Le gouvernement sous le feu des critiques
Les débats ont été marqués par des discours incisifs.
Aujourd'hui, nous votons la censure de votre gouvernement
Depuis la tribune, Eric Coquerel (LFI) a ciblé directement l’exécutif : "Aujourd'hui, nous votons la censure de votre gouvernement, mais, plus que tout, nous sonnons le glas d'un mandat : celui du président".
Marine Le Pen, cheffe des députés RN, a fustigé un budget jugé insuffisant face à la "défiance populaire" : "C'est à Emmanuel Macron de conclure s'il est en mesure de rester ou pas."
Thomas Ménagé, député RN, a qualifié cette journée d’"historique" et déclaré : "On sait que ce moment sera dans les livres d’histoire".
Un exécutif en alerte
Depuis Ryad, Emmanuel Macron a dénoncé "un cynisme insoutenable" de la part du RN, et regretté une "perte de repères complète" au sein du PS.
Michel Barnier a, de son côté, exhorté les députés à privilégier "l’intérêt supérieur du pays". Sur les chaînes de télévision, il a mis en garde contre une censure qui, selon lui, aggraverait une situation déjà difficile sur les plans budgétaire, financier, et social.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR) a critiqué "une mélenchonisation" du RN, tandis que Marine Le Pen a justifié son choix en précisant : "Les institutions nous contraignent à mêler nos voix à celles de l'extrême gauche, ce n'est pas de gaité de cœur."
Les scénarios pour l’après-Barnier
La chute du gouvernement poserait la question de la succession de Michel Barnier. Emmanuel Macron, attendu à Paris dans la soirée, aurait déjà commencé à explorer différentes options.
Le vice-président du MoDem, Marc Fesneau, a suggéré François Bayrou comme successeur, saluant "son profil pertinent". D’autres noms circulent, comme le ministre des Armées Sébastien Lecornu ou l’élu LR Xavier Bertrand.
Au sein des Républicains, Laurent Wauquiez a prévenu que son parti reprendrait sa liberté, affirmant que l’engagement initial avec Michel Barnier ne concernait que ce dernier.
Une urgence budgétaire
La chute du gouvernement compliquerait considérablement l’adoption des textes budgétaires avant la date limite du 31 décembre. En cas de blocage prolongé, une "loi spéciale" pourrait être nécessaire pour garantir le fonctionnement de l’État.
Pour l’opposition, les avis divergent. Tandis que le PS plaide pour un "gouvernement de gauche ouvert au compromis", LFI continue de réclamer la démission d’Emmanuel Macron.
Un moment clé pour la Ve République
Cette séance pourrait marquer un tournant politique majeur pour la France.
En cas de censure, la formation d’un nouveau gouvernement et la gestion de la transition budgétaire s’annoncent comme de véritables défis pour l’exécutif.