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Actifs russes pour l'Ukraine: Yellen appelle le G7 à être " ambitieux"

Les Etats-Unis ont mis jeudi la pression sur les pays du G7 en les appelant à être plus "ambitieux" dans l'utilisation des avoirs russes gelés pour aider l'Ukraine, alors que Vladimir Poutine a autorisé le jour même la confiscation d'actifs américains.

"Nous soutenons la décision de l'UE d'utiliser les bénéfices exceptionnels générés par ces actifs, mais nous devons aussi poursuivre nos efforts collectifs en faveur d'options plus ambitieuses (...) en agissant ensemble", a lancé la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, au premier jour de leur réunion à Stresa, dans le nord de l'Italie.

Ce sujet épineux devrait dominer les échanges des ministres des Finances et banquiers centraux des sept pays les plus riches du monde, qui se concertent jusqu'à samedi sur les rives du Lac Majeur en vue du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement prévu mi-juin dans les Pouilles (sud).

Depuis Moscou, le président russe a fait entendre sa voix en signant un décret jeudi autorisant la confiscation en Russie d'actifs appartenant aux Etats-Unis ou aux personnes leur étant "associées". Cette mesure est justifiée par les "actions hostiles et contraires au droit international des Etats-Unis, destinées à porter atteinte à la Russie et à la banque centrale russe".

Sur la table des négociations à Stresa figure la proposition des Etats-Unis visant à accorder à l'Ukraine jusqu'à 50 milliards de dollars de prêt garanti par les futurs bénéfices engendrés par les 300 milliards d'euros d'avoirs de la banque centrale de Russie gelés par le G7 et l'Europe.

Les sanctions à l'égard de Moscou et la menace commerciale chinoise figureront aussi en haut de leur agenda dominé par les tensions mondiales.

Mme Yellen a d'ailleurs aussi plaidé devant la presse pour former "un front clair et uni" face aux "surcapacités industrielles" de la Chine qui génèrent des "déséquilibres macroéconomiques" appelant des "réponses" des pays occidentaux inondés de produits subventionnés à bas prix.

Concernant l'Ukraine, les détails du projet de l'administration Biden ne sont pas encore arrêtés, notamment le fait de savoir qui émettra la dette, les Etats-Unis seuls ou les pays du G7.

"Si nous obtenons un large accord, nous passerons les prochaines semaines, jusqu'au sommet des dirigeants [du G7] dans les Pouilles à en discuter les détails", a précisé Mme Yellen.

Face au président russe Vladimir Poutine, "nous devons être déterminés et unis pour lui faire comprendre qu'il ne peut se contenter d'espérer venir à bout de notre coalition", a-t-elle souligné.

Le temps presse, car la lenteur de l'aide européenne et l'arrêt quasi-total pendant des mois de celle des Etats-Unis ont handicapé l'Ukraine au moment même où la Russie reprenait l'initiative sur le terrain.

- "Base juridique solide" -

Si Mme Yellen avait initialement prôné une solution plus radicale - la confiscation des actifs russes mêmes -, elle a dû faire face aux réticences des pays européens qui redoutent de créer un précédent en matière de droit international, entraînant de lourds litiges judiciaires avec Moscou.

L'hôte de la réunion de Stresa, le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti, reconnaît l'ampleur du casse-tête des actifs russes immobilisés: "Je dois être optimiste, ce n'est pas facile, c'est un problème difficile. Nous devons trouver une base juridique solide", a-t-il confié jeudi soir.

Il s'est dit toutefois "certain" de trouver une solution", "peut-être" pour le G7 des chefs d'Etat et de gouvernement en juin.

Son homologue allemand Christian Lindner s'est montré sceptique sur une solution à court terme: "Il y a beaucoup de questions non résolues, beaucoup de questions ouvertes, c'est l'occasion d'en parler maintenant, mais je ne m'attends pas à une décision, le sujet est trop complexe".

Moscou avait envoyé en avril un avertissement à peine voilé à l'Italie en tant que présidente du G7, en prenant le contrôle "temporaire" de la filiale russe du groupe italien Ariston, en guise de riposte à des "actions hostiles" menées par les Etats-Unis et leurs alliés.

Une quelconque sanction du G7 envers la Russie pourrait en effet s'avérer être un boomerang, avec des représailles frappant d'autres sociétés européennes encore présentes sur son territoire.

La Russie avait menacé en mars l'UE de lui intenter des poursuites judiciaires "sur des décennies" en cas d'utilisation des revenus de ses avoirs gelés au profit de l'Ukraine, ce qui s'apparenterait selon Moscou à un "vol".

Enfin, un autre sujet clivant sera au menu de ce G7: des négociations internationales sur une taxation mondiale des plus riches, un projet défendu par le Brésil à l'occasion de sa présidence du G20 et soutenu par la France. Mme Yellen s'est dite jeudi opposée à aborder cette taxation "dans le cadre d'une négociation fiscale internationale".

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