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"Possibilité de faire un article sur ces classes qui ferment encore pour deux cas positifs ? Pourquoi les usines ne ferment pas dans un cas similaire ?" nous a écrit, via le bouton orange Alertez-nous, un parent qui souhaite rappeler à quel point ces fermetures de classe mettent les parents "dans un embarras terrible", ceux-ci devant s'arranger pour rester à la maison avec leur enfant en quarantaine. Ce parent ne comprend pas que les mesures dans les écoles soient toujours aussi sévères alors que la population belge est désormais vaccinée à 85% (il s'agit d'une moyenne, ce taux varie assez fortement d'un endroit à l'autre) et que, par contre, les mesures sanitaires ont été fortement relâchées dans la société en général : "Les vieux peuvent aller au resto avec leur CST mais les enfants sont privés d’écoles ?" Bref, "il y en a plus que marre là", conclut ce parent visiblement à bout.
Plus de 300 classes fermées chaque semaine depuis mi-septembre
Le dernier rapport de l'ONE sur le Covid dans les écoles de la fédération Wallonie-Bruxelles montre qu'environ 350 classes ont été fermées entre le 10 et le 17 octobre (il faut une semaine pour compiler toutes les données, ce qui explique qu'on n'ait pas encore les chiffres de la semaine du 18/10). Comme on peut le constater sur le graphique ci-dessous, ce nombre est relativement stable par rapport aux périodes précédentes. Cette même semaine du 10 octobre, 1953 infections ont été signalées dans les écoles, dont 1674 parmi les élèves. Cela représente 0,22% des 903.806 élèves de l'enseignement fondamental et secondaire. Ces chiffres sont en forte hausse dans le primaire et en légère baisse dans le secondaire.
Dans quelles circonstances ferme-t-on une classe ?
En Wallonie et à Bruxelles, lorsqu'il y a deux cas positifs dans une classe, on dit alors qu'il y a un "cluster" et cela peut entraîner la fermeture, mais pas de façon systématique.
Il y a deux types de fermeture: l'"administrative" et la "sanitaire".
La fermeture administrative est décidée par le Pouvoir Organisateur de l'école lui-même, sans qu'elle soit demandée par les autorités sanitaires. La direction peut estimer que la bonne organisation de la vie à l'école n'est plus possible, par exemple parce qu'il y a trop d'enseignants absents. Elle peut aussi décider de ne vouloir prendre aucun risque de contaminations supplémentaires et opter pour la mesure radicale de la fermeture d'une classe voire de toute l'école.
La fermeture sanitaire, elle, est imposée par les autorités sanitaires (l'Aviq en Wallonie et la Cocom à Bruxelles). Elle ne survient que sous des conditions bien précises, qu'on peut lire dans la page Questions/Réponses Covid de l'ONE et que nous vous rapportons ici. On voit que dans les deux premières situations, l'Aviq ou la Cocom peut opter pour la fermeture mais pas obligatoirement. Dans le troisième cas, ce sera obligatoire.
1. Si le 2ème cas fait partie des contacts étroits du 1er cas : un nouveau suivi des contacts est initié (on cherche les contacts étroits du 2ème cas). L’ensemble de la classe ne doit pas être mis en quarantaine.
2. Si le 2ème cas n’est pas un contact à haut risque du 1er cas, il faut rechercher une autre source possible de transmission pour les 2 cas positifs, en dehors de la classe. Si une source possible de transmission en dehors de la classe est identifiée pour les 2 cas (p.ex. l’un a été infecté à son club sportif, et l’autre par un cousin), on ne considère pas qu’il y ait un cluster dans la classe. L’ensemble de la classe ne doit pas être mis en quarantaine.
3. Si le 2ème cas positif n’est pas un contact à haut risque du 1er cas positif, et si on n’identifie pas d’autres sources possibles de transmission en dehors de la classe, une transmission au sein de la classe est alors suspectée, et l’ensemble des élèves de cette classe sera placé en quarantaine.
La ministre de l'Enfance, Bénédicte Linard partisane de mesures moins strictes
Nous avons soumis à la ministre les arguments du parent et lui avons demandé une réaction. Sensible aux discours des pédiatres (voir paragraphe suivant), la ministre a remis le dossier d'un éventuel assouplissement des mesures sur la table et il a été discuté une première fois le 20 octobre dernier par la CIM (Conférence Interministérielle) Santé Publique qui regroupe tous les ministres de la Santé de notre pays (niveaux fédéral et régional). "Les réflexions se poursuivent", nous dit-on. Mais vu la situation épidémiologique actuelle avec une nette recrudescence du nombre de nouveaux cas et de nouvelles hospitalisations (principalement de personnes non vaccinées), on doute qu'une personne comme le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, tenant d'une ligne dure, soit favorable à des mesures moins contraignantes.
Les pédiatres demandaient en septembre la fin des mesures corona pour les -12 ans
En septembre dernier, l'Académie des pédiatres demandait entre autres d'abolir les prescriptions de quarantaine dans les écoles ainsi que le port du masque obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans. Elle soulignait que les enfants infectés par le Covid-19 sont peu voire pas malades et que les mesures "draconiennes" sont à court et à long terme "plus délétères que la maladie même". "En contractant le virus, les enfants développent une meilleure immunité que s'ils étaient soumis à la vaccination qui n'est pas encore à l'ordre du jour pour eux", ajoutait l'organisation qui plaidait plutôt pour une généralisation du pass sanitaire pour les adultes.
Le parent qui reste avec son enfant en quarantaine reçoit un chômage temporaire pour force majeure
Rappelons que durant le printemps 2020, au pic de l'épidémie, un parent pouvait bénéficier d'un congé parental corona lorsque son enfant devait rester à la maison, ce n'est plus le cas depuis la rentrée scolaire 2020-2021 où il doit faire appel au chômage temporaire pour force majeure (70% de son salaire moyen, avec un plafond de 2.754,76€).