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Commençons par les chiffres du pire scénario. Récemment, les chiffres du docteur Devos, président de l'Absym (Association Belge des Syndicats Médicaux) ont fait le tour des réseaux sociaux et de certains médias: 850.000 contaminations et 33.000 en Belgique. D'après les autorités, c'est faux. Mais lorsque nous avons interrogé Maggie De Block, présente ce mardi en commission, la réponse n'est pas très claire. La ministre de la Santé balaie les chiffres du docteur Devos et affirme que c'est une question de méthode de calcul.
Chacun a donc son scénario catastrophe. Reste à les comparer:
- Le nombre de contaminations: 850.000 selon le docteur Devos, 13.000 selon les autorités.
- Le nombre de patients hospitalisés: 117.000 selon le docteur Devos, 3.000 selon les autorités
- Le nombre de malades en soins intensifs: 52.000 selon le docteur Devos, 500 à 700 selon les autorités.
Les autorités belges font une extrapolation à partir de la situation à Hubei, en Chine, berceau de l’épidémie. Alors que le docteur Devos part du principe que le coronavirus est 1, 7 fois plus contagieux que la grippe saisonnière. Selon Steven Van Gucht, virologue et directeur du comité scientifique coronavirus, ce calcul est erroné. "Nos chiffres sont comparables avec ce que nous avons déjà connu par le passé lors d’une saison très sévère de grippe. Cela signifierait une charge lourde pour les hôpitaux, mais en principe, nous pouvons faire face", explique-t-il.
La capacité disponible devra alors être intégralement utilisée. La situation aurait pu poser un problème si le virus s'était propagé en même temps que la grippe saisonnière mais, heureusement, le pic de la grippe de cette année est passé et la maladie n'a pas été sévère comme elle a déjà pu l'être au cours des années précédentes.
Les personnes âgées: le groupe le plus à risque
Selon une étude chinoise réalisée sur les premiers cas de coronavirus, dans les groupes à risque, l'attention doit surtout se porter sur les personnes âgées, où le taux de décès à l'hôpital est de 15%, soit un taux comparable à celui de la grippe.
Les enfants, autre catégorie à risque, semblent beaucoup mieux résister à la maladie.
Nous sommes bien préparés
L'expert ne s'attend toutefois pas à de telles extrémités. La province chinoise de Hubei où ont été détectés les premiers cas n'était pas préparée à y faire face et les autorités locales ont mis du temps à réagir, a-t-il rappelé. "Nous sommes bien préparés", a-t-il assuré.
La ministre de la Santé, Maggie De Block, se refuse à parler de "calamité" comme le fait la N-VA, un mot qui, à ses yeux, ne couvre pas la réalité belge de 13 cas de contamination jusqu'à présent. "Il n'y a pas encore de panique dans la population mais, si à entendre certains d'entre vous, je pense qu'ils risquent de paniquer. Il est utile que quelqu'un garde son sang-froid", a-t-elle dit aux députés.
Ne pas vendre les masques à la Chine
Bon nombre de questions ont porté sur le problème des masques anti-virus. La Belgique s'est inscrite dans le cadre d'un achat européen. Vendredi, lors d'une réunion des ministres européens de la Santé, la ministre demandera s'il y a moyen d'accélérer le processus qui s'étale en principe sur 40 jours. Elle n'a pas précisé le nombre de masques commandés, par respect pour les règles européennes.
Le marché connaît actuellement une situation de disruption: le producteur chinois a arrêté la production et la Chine essaie de racheter des masques... en Europe. Mme De Block s'est d'ailleurs opposée à ce que la Belgique réachemine ces objets vers la Chine.
C'est un gaspillage. Ils devraient être réservés aux praticiens qui en ont vraiment besoin
Du côté du comité scientifique, un appel a été lancé pour un usage rationnel de ces masques. L'utilisation par des particuliers n'a guère d'intérêt, a laissé entendre M. Van Gucht. "C'est un gaspillage. Ils devraient être réservés aux praticiens qui en ont vraiment besoin", a-t-il ajouté.
Quant aux vaccins, ils font l'objet d'un effort mondial, notamment dans un laboratoire de Louvain, mais il est très peu probable qu'ils soient prêts à temps, estime M. Van Gucht.
Un remède?
Des questions ont aussi été posées sur l'usage de la chloroquine pour soigner les patients. Il s'agit d'un médicament utilisé dans le traitement d'un cas rare de lupus. Son utilité pour le coronavirus est loin d'être suffisamment démontrée, a averti Mme De Block.
Nous devons prouver que l'éparpillement des compétences ne donne pas lieu à une situation où les citoyens seront moins bien traités
Les réformes de l'Etat ont réparti la compétence des soins de santé entre le pouvoir fédéral et les Régions et Communautés. Un comité de concertation s'est réuni lundi matin pour accorder les violons entre les entités. "Je déplore un manque de hiérarchie. Dans ce genre de politique, on a besoin d'une gestion centralisée, basée sur des avis scientifiques", a lancé Sofie Merckx (PTB), également médecin généraliste. Le regret était le même au cdH. "On a besoin d'une pilotage unique pour renforcer la cohérence. J'appelle les différents gouvernement de ce pays à valider un pilotage unique fédéral", a dit Catherine Fonck.
La ministre fédérale ne s'est pas avancée dans cette voie. Elle n'a pas la capacité de passer outre les lois spéciales de réformes institutionnelles. "Nous devons coopérer, c'est un point d'honneur. Les citoyens n'en peuvent rien. C'est la raison pour laquelle nous avons toutes ces réunions avec les entités fédérées. Nous devons prouver que l'éparpillement des compétences ne donne pas lieu à une situation où les citoyens seront moins bien traités", a-t-elle expliqué.
Quelles sont les consignes à suivre si on présente des symptômes et qu'on revient d'une région avec des cas déjà recensés ?
Les consignes sont les mêmes pour tout le monde. Une personne qui présente de symptômes grippaux en général : apparition brutale de température (à partir de 38 ), signes respiratoires, dyspnée (difficulté respiratoire) etc. qui revient d’une région à risque (nord de l’Italie, pays asiatiques, le département de l’Oise en France…) dans laquelle elle a séjourné dans les 14 jours. Dans ce cas-là, il faut prendre des précautions particulières: il faut téléphoner au médecin généraliste, surtout ne pas se rendre aux urgences parce que là on va entrer en contact avec un tas d’autres personnes, si jamais on est porteur du virus on va le diffuser. Donc téléphoner au médecin, lui expliquer la situation et le médecin soit ira à domicile, soit fera venir le patient à un moment où il n’y a personne dans sa salle d’attente.
Quels sont les groupes à risque ?
Les groupes à risque sont les personnes âgées et les personnes fragilisées (maladies chroniques).
Où trouver des explications sur le coronavirus ?
Il y a deux sites internet:
www.sciensano.be
www.info-coronavirus.be
Un numéro vert est également activé: 0800 14 689