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"Tueurs à gage", "Il en avait dans le pantalon"...: comment expliquer que le pape tienne des propos aussi radicaux?

Le pape François a une fois de plus surpris par des déclarations tranchées lors de son retour de Belgique. Qualifiant les médecins pratiquant l'avortement de "tueurs à gage", il a également réaffirmé ses positions sur les abus sexuels et la place des femmes dans la société, suscitant tour à tour applaudissements et polémiques.

À bord de l'avion qui le ramenait à Rome, le pape François est revenu sur les moments marquants de sa visite en Belgique, notamment sur la possible béatification du roi Baudouin.

S'exprimant sur des sujets sensibles, le pontife n'a pas hésité à employer des termes forts, qualifiant de "tueurs à gage" les médecins pratiquant l'avortement. "On tue une vie humaine", a-t-il ajouté.

Cette sortie brutale n'est pas un fait isolé. Le pape François, connu pour son franc-parler, ne s'embarrasse pas de formulations diplomatiques lorsqu'il improvise souvent dans un Italien populaire, transmis par sa grand-mère.

La lutte contre les abus sexuels: une prise de position sans équivoque

Lors de son passage au stade Roi Baudouin, le pape a également abordé la question des abus sexuels au sein de l'Église. Fidèle à lui-même, il a pris ses distances avec son discours officiel pour s'adresser directement aux évêques : "Je demande aux évêques de ne pas couvrir les abus, de ne pas les dissimuler. Il faut condamner les auteurs d’abus et les aider à guérir de cette maladie.

La veille, à l'Université catholique de Louvain (UCLouvain), le pape avait déjà suscité la polémique en affirmant que "les femmes ne doivent pas se masculiniser", malgré leur égalité avec les hommes.

Ce type de déclaration, réitéré dans l'avion, a choqué certaines féministes, alors que le débat sur la place des femmes dans l'Église et la société reste un sujet sensible.

Un geste pour apaiser les conservateurs ?

Pourquoi le pape prend-il de tels risques avec des propos si radicaux ? Certains estiment qu'il s'agit d'une manière de rassurer les conservateurs de la curie romaine, qui s'opposent à plusieurs de ses réformes, notamment sur la possibilité d'ordonner des hommes mariés ou l'accueil des divorcés dans la communauté catholique.

En leur offrant des positions fortes sur des sujets comme l'avortement, François espère probablement obtenir plus de liberté pour avancer sur d'autres fronts.

Les propos du pape sur l'avortement pourraient avoir des répercussions importantes en Italie, où la question reste très sensible. Bien que l'avortement soit légal depuis 1978, de nombreux médecins refusent de le pratiquer pour des raisons de conscience religieuse.

En Sicile, par exemple, 80 % des praticiens sont objecteurs de conscience, rendant l'accès à l'IVG particulièrement difficile pour les femmes. Les déclarations du pape risquent d'accentuer ces tensions, au grand dam des militantes féministes italiennes.

Avec ses 87 ans et son style décomplexé, le pape François continue de surprendre par son franc-parler et ses références culturelles. Mais derrière cette bonhomie se cache une stratégie bien réfléchie pour naviguer dans les eaux parfois tumultueuses de la politique ecclésiastique.

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