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Pollution aux PFAS: comment les éliminer de l'organisme et protéger les fœtus ainsi que les nourrissons?

Quels sont les risques d'une contamination aux PFAS? Alfred Bernard, toxicologue, professeur émérite à l'UC Louvain se veut rassurant notamment sur la probabilité de développer un cancer. Un bémol toutefois concernant les populations vulnérables. Il donne aussi des conseils pour éliminer les PFAS de l'organisme.
 

Alfred Bernard, le professeur émérite de toxicologie à l'UC Louvain, se veut tout d'abord rassurant concernant le danger des PFAS. Il a répondu au micro de Frédéric Delfosse dans le bel RTL soir. 

Que faut-il craindre? Qu'est-ce que je dois penser ? Que dois-je faire, si parmi les habitants, je vois que sur la prise de sang qu'on a effectuée il y a plusieurs mois, le taux de PFAS est important?

Il ne faut pas trop s'inquiéter parce que ce qui est anxiogène, c'est de parler de cancer. Notamment de cancer des testicules, du rein et du sein. J'ai fait une évaluation quantitative des risques de cancer dans cette population. Si vous prenez une personne qui a 30 nanogrammes par mL, donc 30 microgrammes par litre, le risque de cancer du testicule est moins d'un cas pour 2000 personnes. Si vous prenez le risque de cancer du rein, ça augmente de 11 cas pour 1000 hommes et de 7 cas pour 1000 femmes. Et quant au cancer du sein, on n'a pas de preuves à ce stade que les PFAS entraînent un risque accru. Tout ce qui ressort dans la littérature actuellement c'est qu'il pourrait y avoir un risque pour les personnes qui sont prédisposées à avoir un cancer du sein pour des raisons génétiques notamment.

Il faut donc rester vigilant, mais sans s'inquiéter outre mesure?

Pas outre mesure pour le cancer. Tout simplement, l'adulte n'est pas le groupe le plus à risque dans cette population. Ce sont essentiellement les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les fœtus et les nourrissons qui sont à risque à ce niveau d'exposition. C'est important de bien réaliser qu'il y a un groupe qui est plus à risque que l'autre.

Quelles solutions pour éliminer les PFAS de l'organisme?

Justement, ceux qui ont des enfants en bas âge, est-ce qu'il faut changer ces habitudes aujourd'hui? On leur demande de ne plus consommer l'eau du robinet?

Non, mais ça, il n'y en a plus dans l'eau du robinet. Ce qu'il faut faire si on a une charge corporelle trop élevée, il faut protéger le fœtus, protéger les nourrissons. Protéger le fœtus, ça peut se faire facilement. On aurait dû faire ça avant, malheureusement c'est un peu tard, en donnant de l'acide folique, avoir une alimentation riche en acide folique, notamment au niveau des légumes et des fruits. Si vous protégez le nourrisson lors de l'allaitement, si vous avez une charge corporelle trop élevée, par exemple au-delà de 20 ou 30 nanogrammes par mL, vous devez éviter d'allaiter au sein trop longtemps. Et pas plus que six mois, tel que recommandé par l'OMS. Ça c'est très important parce que le pic d'exposition dans la vie survient après l'allaitement, pendant une période d'un an, si la maman est surexposée.

On proposait aussi de faire attention à consommer les œufs, les légumes du jardin, les produits du sol. Là aussi, il faut faire attention?

Oui, il faut faire attention à tous les aliments qui sont riches en PFAS. Je pense notamment aux abats. Je pense également aux fruits de mer, aux crustacés et aux mollusques. Et vous avez également les œufs et la viande, il ne faut pas en consommer de trop. Mais ce qu'il faut surtout faire si vous consommez cela, c'est avoir une alimentation riche en folate. Et pour ça il faut consommer des légumes verts, des fruits rouges et des légumineuses, tout ça vous apporte du folate. Et on sait actuellement que le folate bloque la réabsorption intestinale et rénale de PFAS, donc favorise son élimination. Et en plus le folate aura un effet protecteur vis-à-vis des effets qu'on a décrits pendant la grossesse.

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