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Pollution aux PFAS: plus de 28% de la population testée à Chièvres présente un taux supérieur au seuil de risque

Plus d'un quart (28,8%) de la population testée dans la zone de Chièvres sur la présence de 19 PFAS dans le sang affichent des résultats au-delà du seuil de santé déterminé par le Conseil scientifique indépendant (CSI), selon les résultats présentés mardi en conférence de presse.

Entre janvier et mars, la population de la zone de Chièvres (qui comprend partiellement les communes d'Ath, Belœil, Chièvres, Jurbise et Leuze-en-Hainaut) et de Ronquières (qui inclut des parties de Braine-le-Comte, Ittre et Seneffe) a été invitée à tester la présence de PFAS dans son sang. Ces habitants avaient été exposés à une eau de distribution qui dépassait la future norme européenne de 100 nanogrammes/litre entre octobre 2021 et mars 2023.  

Dans la zone de Chièvres, 1.836 échantillons ont été prélevés (soit 15% de la population concernée) et à Ronquières, 152 (10%).  

Il en ressort que, globalement, les participants affichent des niveaux d'exposition plus élevés que dans le reste de la population wallonne. À Chièvres, 28,8% des personnes testées dépassaient le seuil de santé de 20 microgrammes/litre, à partir duquel le CSI estime que des risques accrus d'effets indésirables peuvent survenir. Sur la zone de Ronquières, 3,9% des individus dépassaient ce seuil.

Engagés, MR et PTB attendent des explications de la ministre Tellier

La ministre démissionnaire de l'Environnement, Céline Tellier, doit s'expliquer devant le parlement sur les résultats des analyses menées dans les régions de Chièvres et de Ronquières à la suite de la pollution aux PFAS de l'eau de distribution, ont plaidé, mardi matin, Les Engagés, le MR et le PTB.

Du côté des Engagés, François Desquesnes, leur chef de groupe au parlement wallon, profitera ainsi de l'installation du nouveau parlement régional, ce mardi après-midi, pour demander une convocation de la ministre Tellier en commission de l'Environnement, dès que celle-ci sera constituée.  

Les résultats des tests ont été communiqués hier/lundi aux 1.836 personnes qui y ont participé entre janvier et mars 2024.

Ils ont également fait l'objet d'une conférence de presse ce mardi matin. "Des citoyens nous ont déjà fait part de leurs résultats et ils sont alarmants. Certains sont au double des 20 microgrammes/litre, soit le seuil le plus élevé fixé par le conseil scientifique indépendant", explique François Desquesnes.  

"Nous voulons une explication globale de la part de la ministre Tellier qui doit venir présenter ces chiffres au parlement", ajoute-t-il en s'étonnant par ailleurs de la lenteur du processus. Cette critique n'est pas neuve: fin mai, une commission de l'Environnement spéciale avait été convoquée, à la demande des centristes appuyés par le MR et le PTB, afin d'obtenir les résultats le plus rapidement possible.  

A l'époque, Céline Tellier avait confirmé le calendrier initial, prévoyant une communication durant la seconde quinzaine de juin. Selon la ministre, les résultats des prises de sang devaient en effet être mis en corrélation avec les résultats d'une enquête organisée auprès des citoyens sur leurs habitudes au quotidien. Les valeurs seuils liées aux PFAS devaient aussi être fournies aux citoyens et une communication devait être organisée pour qu'ils puissent entreprendre des démarches si cela s'avérait nécessaire. En outre, les médecins devaient être (in)formés pour répondre au mieux aux citoyens quand ils auraient leurs résultats, rappellent Les Engagés.  

"Or, les résultats communiqués aux citoyens sont finalement les données brutes de leur prise de sang connues depuis le 18 avril sans aucune corrélation avec le questionnaire qu'ils ont rempli. Les valeurs-seuils de 2µg et de 20µg de PFAS par litre de sang, elles, sont bien mentionnées dans le courrier de 11 pages reçu par les personnes concernées. Cependant, ces seuils sont exactement ceux qui avaient déjà été avancés dès mi-avril par les experts du conseil scientifique mais aussi lors d'une réunion entre cabinets ministériels", regrettent-ils.  

Quant aux recommandations, "elles ne sont que générales. Ceux qui ont des résultats élevés se voient simplement conseiller de prendre rendez-vous avec leur médecin", dont la formation s'est limitée à un courriel (avec un lien vers un webinaire) que certains n'ont même pas reçu et qu'ils jugent totalement insuffisant pour répondre aux inquiétudes des citoyens et les accompagner dans leur suivi médical, poursuit François Desquesnes. "La rétention, pendant deux mois, des informations liées aux résultats des analyses de sang est incompréhensible puisqu'aucun traitement supplémentaire n'a été effectué. Il faut que la ministre Tellier s'explique devant les parlementaires", conclut le chef de groupe des centristes.  
 

 

 

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