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Une plainte déposée contre un contrôleur de train ayant parlé en français à Vilvoorde relance le débat sur les lois linguistiques en Belgique. Tandis que Georges Gilkinet appelle à davantage de souplesse, Sammy Mahdi, lui, défend fermement le respect du néerlandais en Flandre.
Ilyass Alba travaille à la SNCB. Ce dernier partage régulièrement son quotidien sur les réseaux sociaux. Récemment, il a fait l'objet... d'une plainte. "Un voyageur a porté plainte et a saisi la Commission concernant les usages des langues car je suis rentré dans un compartiment de voyageurs en disant 'Goeiemorgen-Bonjour' juste avant d'arriver à Vilvorde et que selon lui, je devais simplement dire 'Goiemorgen'", a-t-il indiqué.
En Belgique, la législation du 18 juillet 1966 régit l'emploi des langues en matière administrative. Les annonces dans les trains doivent être faites dans la langue de la région traversée par ces derniers.
Bien que ces mots n’aient pas été prononcés au micro mais simplement dans un wagon, cette action a été perçue comme contraire à la législation linguistique, qui impose donc l’usage exclusif du néerlandais en Flandre.
Cette affaire a ravivé les tensions autour des règles linguistiques dans les chemins de fer. Georges Gilkinet, ministre démissionnaire de la Mobilité (Ecolo), a plaidé pour une approche plus flexible.
"Cela n'a que peu de sens"
Dans une interview accordée à l'Avenir, il a souligné que "sur un territoire aussi exigu que la Belgique, nos trains circulent sur un même trajet d’Anvers à Charleroi ou de Liège à Ostende, en passant par Bruxelles". Avant de poursuivre: "De plus, nous pouvons nous réjouir que de nombreux touristes, notamment des Français et des Néerlandais, utilisent le train pour se rendre à Bruges ou à Dinant. Cela n’a que peu de sens, entre autres d’un point de vue commercial, de ne pas les informer dans la langue qu’ils comprennent. Pourquoi ne pas accueillir en néerlandais, en français mais aussi en anglais les voyageurs qui prennent le train à la station de notre aéroport national… situé en Flandre? Pourquoi ne pas accueillir en néerlandais et en français les voyageurs qui montent dans une gare située en Flandre et qui roulent vers Bruxelles ou la Wallonie? Et vice versa."
Cette position n'est pas partagée de tous. C'est le cas, par exemple,du président du CD&V, Sammy Mahdi. Pour lui, l’assouplissement des lois linguistiques serait une atteinte au respect dû à la langue néerlandaise et pourrait freiner l’apprentissage de cette langue par les nouveaux arrivants en Flandre. "Toute ma sympathie pour cet accompagnateur de train qui avait certainement de bonnes intentions mais, en tant que pouvoir public, on ne peut pas jeter comme ça par-dessus bord notre législation linguistique", a-t-il affirmé.
Cette controverse illustre une fois de plus la complexité du contexte linguistique en Belgique, où le respect des langues officielles se heurte aux réalités pratiques et aux aspirations à une meilleure communication avec les voyageurs.
Que dit la SNCB?
Selon le porte-parole de la SNCB, cette règle linguistique aurait dû s'appliquer dans la situation d'Ilyass Alba, mais la société des chemins de fer belges plaide pour de la souplesse et précise que l'accompagnateur ne sera pas puni.
La SNCB ajoute également que dans le cas d'une annonce qui concerne la sécurité, l'accompagnateur peut la réaliser dans différentes langues pour qu'elle soit comprise par la majorité des passagers. "Dans les régions bilingues, les deux langues doivent être utilisées en commençant par la langue maternelle de l'accompagnateur. Un autre cas de figure: les communes à facilité. Quand le train entre dans une de ces communes, les deux langues doivent être utilisées en commençant par la langue officielle de la région", conclut Vincent Bayer, porte-parole de la SNCB.